Les Democratic Socialists of America (DSA), le plus grand groupe des États-Unis à se réclamer du socialisme, tiendront leur congrès national biennal au cours de la première semaine d’août, mais en raison de la pandémie de Covid-19, le congrès sera un événement Zoom virtuel (1)L’auteur remercie Andrew Sernatinger pour avoir partagé son point de vue avec lui..
Au centre du congrès se trouveront des débats sur la politique électorale et les questions internationales, et alors que la majorité des membres semblent largement unis sur le premier point, ils sont divisés sur le second.
DSA en perte de vitesse ?
Y participeront 1 300 déléguéEs représentant quelque 91 000 membres dans 240 sections. Le groupe de jeunes distinct mais affilié à DSA, les Young Democratic Socialists of America, qui compte quelque 130 sections, tiendra un congrès distinct. Sans la crainte de Donald Trump et sans les espoirs en Bernie Sanders, DSA semble avoir perdu un peu de son énergie. Il y a eu moins de participation des membres dans la préparation de ce congrès. Dans ma branche du centre de Brooklyn, seulement 15 % des membres ont voté pour des déléguéEs, ce qui reflète fidèlement le faible pourcentage de membres actifs.
Il y a quelques années, les « caucus » (regroupements) jouaient peu de rôle dans DSA, mais aujourd’hui une dizaine de « caucus » nationaux sont des forces réelles et joueront un rôle décisif. La plupart d’entre eux conviennent déjà que DSA devrait poursuivre son implication dans la politique électorale en présentant des candidats aux primaires du Parti démocrate, mais certains ne veulent soutenir que des membres de DSA et d’autres uniquement des candidatEs qui s’affirment ouvertement socialistes. Une infime minorité de la gauche soutient que DSA devrait construire un parti socialiste indépendant. Bien qu’il y ait un débat sur la manière exacte de procéder, on peut s’attendre à ce que les déléguéEs poursuivent cette stratégie de soutien et de travail pour des candidatEs investis par le Parti démocrate.
Questions en débat
Lors des congrès précédents, DSA avait débattu de la stratégie parmi les travailleurEs mais cela n’est pas à l’ordre du jour de ce congrès. Cette discussion tournait autour de l’opportunité d’adopter ou non une orientation tournée vers la base, c’est-à-dire de se concentrer sur l’organisation des travailleurEs de base pour combattre à la fois les bureaucrates syndicaux et les patrons. Cette question est devenue plus floue, car le travail avec les travailleurEs de base, selon certains, pourrait être accompagné d’un travail avec des syndicats de gauche, ou simplement d’un soutien aux syndicats en général (sans s’encombrer d’une analyse de la bureaucratie ouvrière et de son rôle conservateur). Tout le monde s’accorde à dire que DSA devrait devenir une organisation plus ouvrière, avec plus de membres noirEs et plus de Latinos, et plusieurs résolutions proposent des moyens d’y parvenir.
La plupart des membres de DSA montrent peu d’intérêt pour les questions internationales, mais ces dernières sont susceptibles d’être particulièrement controversées lors de la prochaine convention. Le Comité international de DSA a eu tendance à adopter ce qu’on a appelé le « campisme », c’est-à-dire l’idée que le monde est divisé en camps géopolitiques : dans l’un, les États-Unis et leurs alliés, dans l’autre, les « puissances anti-impérialistes » comme la Russie, la Chine, l’Iran et le Venezuela, que l’on ne devrait pas critiquer. D’autres militantEs, comme moi, mettent l’accent sur l’internationalisme d’en bas, la solidarité avec les combats pour la justice, la démocratie et le socialisme, partout, y compris en Iran, en Chine ou au Venezuela.
Enjeux démocratiques
La direction internationale campiste de DSA cherche des alliances avec les partis de masse de gauche d’autres pays : le Parti des travailleurs du Brésil, le Mouvement pour le socialisme de Bolivie ou le Parti socialiste unifié du Venezuela, par exemple. À la veille du congrès, une délégation officielle de DSA s’est rendue au Venezuela où elle a rencontré le président Nicolás Maduro, mais la délégation n’a pas rencontré l’opposition socialiste au gouvernement. Le soutien aux gouvernements autoritaires ne donne pas une bonne image de l’engagement de DSA en faveur du socialisme démocratique.
De nombreux membres estiment que le Comité politique national (la direction de DSA) n’a pas été très efficace au cours des quatre dernières années, mais il n’est pas évident que les « caucus » luttant pour le pouvoir lors du congrès puissent fournir une orientation claire pour avancer. Malheureusement, les récents congrès de DSA n’ont pas très bien réussi à rendre possible un débat démocratique sur les différentes questions. On s’attend à ce que ce soit encore plus difficile lors de ce congrès qui se tiendra virtuellement sur Zoom.
Traduit par Henri Wilno.
Notes