Deux mois et demi de grève ! Avec cette mobilisation historique, les Delhaizienᐧne·s redonnent force et dignité à touᐧte·s les travailleurᐧeuses de ce pays. Le patronat l’a compris : pour eux, l’enjeu n’est plus seulement d’agrandir leur montagne de fric mais bien de briser cette combativité exemplaire. Cette lutte dépasse largement Delhaize : elle nous concerne touᐧte·s et nécessite une réaction à la hauteur.
Violence patronale, police complice, justice de classe
Dans ce bras de fer, les patrons vandales ont des serviteurs zélés, en uniforme et en robe de magistrat. Tout l’arsenal de la justice de classe est déployé et durci pour étouffer le droit de grève : interdiction des piquets, requêtes unilatérales et astreintes, huissiers envoyés au domicile des travailleur.se.s, ordonnances préventives, policiers casqués et autopompes, arrestations de manifestantᐧeᐧs et même de déléguéᐧeᐧs syndicauxᐧales… Si on laisse faire, tous les patrons se sentiront pousser des ailes !
Battons-nous pour la garantie absolue du droit à l’action collective et du droit de grève, y compris le blocage des lieux de travail. Ni policiers, ni huissiers : si la direction veut parler aux travailleurᐧeuses, qu’elle vienne en personne !
Nos droits démocratiques sont menacés, les « progressistes » de la Vivaldi ont piscine
Alors que l’État prête main forte aux grands capitalistes, les « progressistes » du gouvernement fédéral sont aux abonnés absents. Après les applaudissements et belles paroles de 2020, après avoir bloqué les salaires, Dermagne (PS) a sorti l’écran de fumée d’une « conciliation ». Vooruit veut punir les travailleur.se.s sans emploi et les Verts regardent ailleurs. Leurs amis libéraux, eux, dictent la marche : le ministre de la « Justice » Van Quickenborne (OpenVLD) prévoit de créer une peine d’interdiction de manifester pour une période de 3 ans (6 ans en cas de récidive !). La Vivaldi n’en est pas à son coup d’essai : la ministre de l’Intérieur Verlinden a déjà rendu possible depuis l’été dernier l’interdiction préventive de manifester par simple voie administrative, sur décision de la police et du bourgmestre. En juin ce sont des activistes de Greenpeace qui sont menacés de peines de prison pour avoir dénoncé les énergies fossiles. Fin du monde et fin du mois : gouvernement a choisi son camp. Exigeons le retrait des mesures et projets liberticides de la Vivaldi !
Contre le dumping : harmoniser par le haut
Delhaize n’est pas satisfait de sa commission paritaire ? Il franchise. Les travailleurᐧeuses font grève ? On embauche des étudiantᐧe·s. La concurrence se fait rude ? Lidl envisage carrément de passer au travail à la tâche. Pour ne pas perdre cette course à la destruction sociale, la direction de Colruyt propose une harmonisation des commissions paritaires… Chiche, mais alors par le haut ! Il est aussi indispensable d’augmenter les cotisations sociales pour le travail étudiant et d’interdire l’embauche d’étudiant.e.s ou CDD pour remplacer des travailleur.se.s en grève.
Face à l’absurdité capitaliste : le planification écologique et sociale
La grande distribution est un secteur essentiel, d’autant plus avec les crises écologiques et sociales qui s’enchaînent. Il doit être radicalement transformé pour permettre à touᐧteᐧs l’accès à des produits de qualité, créés, transportés et vendus dans de bonnes conditions de travail, et respectueux de l’environnement. Pour planifier cette transformation en évitant la gabegie capitaliste, on ne peut pas compter sur des actionnaires en quête de profit : c’est aux travailleurᐧeuses et à la collectivité de décider !
La Gauche anticapitaliste défend l’interdiction de tout changement structurel, fermeture ou licenciement sans l’autorisation des représentant.e.s des travailleurᐧeuses, l’ouverture de tous les livres de comptes et de tous les contrats commerciaux et documents d’intérêt collectif. Enfin, la perspective doit être la socialisation et gestion directe des magasins, dépôts et de l’ensemble du groupe par les travailleurᐧeuses et leurs organisations.
Élargir la lutte et s’organiser pour gagner
Face à l’ampleur de la lutte, les directions des autres chaînes donnent des gages à leurs salariéᐧeᐧs. Élargissons la brèche : dans chaque entreprise, parlons ensemble des enjeux de cette bataille pour nos conditions de travail à tou.te.s… et de ce qu’on peut faire pour riposter. Le patronat de Delhaize et derrière lui l’ensemble de la classe capitaliste ont déclaré la guerre au monde du travail. On l’a vu, l’appareil d’État capitaliste, sa police et sa justice jouent contre nous. Ce n’est que sur le terrain, dans la rue et dans les entreprises, par nos luttes déterminées et par notre unité que nous pourrons infliger une défaite au patronat.
Cela commence par des assemblées générales des travailleur.se.s dans toutes les entreprises où c’est possible, privées et publiques, pour débattre de la situation chez Delhaize et organiser un grand mouvement en défense de nos droits démocratiques et sociaux.
Le boycott général de la chaîne Delhaize et de tous ses franchisés, l’unité des travailleur.se.s et des client.e.s sont également nécessaires : multiplions les comités locaux et actions de soutien aux travailleur.se.s en lutte ! Défendons la création d’une caisse de grève de solidarité, alimentée par toutes les personnes en soutien et gérée par les travailleur.se.s pour tenir sur la durée.
La manifestation du 22 mai est très importante et nous devons déjà préparer la suite : la grève interprofessionnelle en front commun à brève échéance, en défense des droits sociaux et démocratiques aujourd’hui menacés !
La Gauche anticapitaliste appelle l’ensemble des organisations du monde du travail – syndicales, sociales, associatives et politiques – à faire bloc dans l’action, en totale indépendance des gouvernements, face aux menaces de plus en plus graves et précises contre les droits fondamentaux de la classe travailleuse.
Crédit Photo : Gauche anticapitaliste, CC BY-NC-SA 4.0.