Le livre d’Hubert Krivine “l’IA peut-elle penser ? Miracle ou mirage de l’Intelligence Artificielle” est édité aux éditions Deboecksupérieur.  Dans toutes les bonnes librairies, 15,90 euros.

À l’heure, où les débats sur les sciences, la connaissance se résument à des polémiques entre les scientistes et les complotistes, voilà un livre qui met les pendules à l’heure.

Hubert Krivine est physicien, mais dans son ouvrage il étudie ce que les Big Data apportent, mais aussi  n’apportent pas dans de nombreux domaines, biologie, médecine, économie, … La lecture de ce livre est  assez facile car il n’est pas besoin de posséder un niveau scientifique élevé pour appréhender les problématiques soulevées, d’autant que l’auteur (comme il l’avait déjà montré dans son petit traité de « hasardologie ») sait parfaitement relier pour un grand public des idées élémentaires à des connaissances plus savantes.

Pour nous faire mieux appréhender ce qui se joue actuellement autour de l’intelligence artificielle, un premier chapitre fait le point sur les notions de science dure et science molle, et les questions posées sur ce qu’on appelle le hasard.

Le 2ème chapitre « l »intelligence de l’IA en question », après s’être interrogé sur l’intelligence humaine, s’attache à montrer que « la carte n’est pas le terrain » autrement dit que la connaissance de milliards de données d’un phénomène n’est pas suffisante pour l’appréhender et le comprendre. Ainsi, il est montré que l’IA peut permettre de prévoir, éventuellement expliquer, mais ne peut permettre de comprendre. Il montre les dangers et les illusions autour de la médecine sans médecins, de l’enseignement sans enseignant-e-s, d’une justice sans magistrat-e-s, qui sont dans les projets de certains pour qui l’IA pourrait être une aubaine pour continuer d’achever les services publics.

Le 3ème chapitre interroge ce qui fait la spécificité de l’intelligence humaine qui ne peut se résumer au produit d’un cerveau « computationnel » selon l’expression de Michel Blay, mais qui est aussi le résultat des interactions sociales et de l’histoire de l’humanité. L’enjeu est de combattre l’idée que la méthode scientifique pourrait être obsolète, car la masse de données permettrait de s’en passer.

Les  derniers chapitres traitent des points suivants :

  • les Big Data permettent à chaque individu de se forger une idée sur une question, mais aussi donne la possibilité à chaque individu de diffuser des fake news à des dizaines de milliers d’autres personnes,
  • Les limites de l’IA qui peut effectuer mieux que les humains des tâches spécifiques, peut aider à l’anticipation et à l’explication, mais pas à la compréhension. Sur ce point l’auteur est très net : jamais l’IA n’aurait pu élaborer les théories de la relativité ou de la mécanique quantique.
  • Enfin, en conclusion Hubert Krivine montre pourquoi la crise Covid 19 est « passée sous les radars de l’IA ».

Il est utile et recommandé que celles et ceux qui veulent changer le monde s’emparent de ces questions : à l’heure  où sous les injonctions de Blanquer , c’est le cerveau et non plus l’enfant qui devrait devenir le centre de l’école, à l’heure où l’hôpital tend à devenir un organisme de haute technologie pour réparer des organes et non plus des malades,  se poser les questions de l’utilisation, du contrôle de  ces masses gigantesques de données, de ces algorithmes surpuissants est indispensable. Comme le dit dans sa préface Guillaume Lecointre, « l’IA est utile , c’est un moyen et pas une fin », en tous cas comme dit Hubert Krivine, « elle ne peut être fétichisée en projet de société »

Publié par Réflexions Echanges Insoumis.