Aux quatre coins de l’Europe, les livreurEs se mobilisent pour lutter contre l’exploitation et les reculs sociaux. 

Au Royaume-Uni, un mouvement massif de livreurs a débuté début septembre. De Glasgow à Londres, les livreurEs ont fait grève à plus de 300 contre les baisses de bonus (et donc de revenus), grève principalement organisée et suivie par les travailleurEs sans papiers. En Italie, les différentes mobilisations menées chez Glovo ont obligé l’État à reconnaître le problème du processus que l’on nomme « ubérisation », et à écouter les instances représentatives des livreurs. En France un mouvement contre la baisse des rémunérations est en cours depuis près d’un mois organisant des grèves, des occupations de bureaux, des diffusions de tracts, des blocages de restaurants, etc.

Coordination européenne

Partout en Europe, des collectifs de coursierEs s’auto-organisent pour lutter contre le recul social qu’est l’ubérisation. C’est dans ce contexte que s’est tenue à Bruxelles, les 25 et 26 octobre, une rencontre entre livreurEs organisés souhaitant un cadre européen de luttes. 60 coursierEs de 30 collectifs/syndicats et 12 pays (État espagnol, Italie, France, Angleterre, Irlande, Écosse, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Norvège, Finlande, Allemagne) se sont réunis pour réfléchir à une stratégie d’organisation transnationale.

Après avoir échangé sur les réalités nationale, souvent très différentes – les multinationales ayant dû s’adapter aux possibilités juridiques de chaque pays – nous avons réfléchi à nos possibilités de mobilisations collectives, ainsi qu’à des revendications communes. Est ainsi ressortie la nécessité de mener des campagnes communes au niveau européen contre le travail à la tâche, ainsi que pour la transparence des données personnelles et des algorithmes, lesquels nous empêchent de connaître les modalités exactes de rémunération. Dans ce cadre nous avons défendu la nécessité de se retrouver sur des actions et des luttes communes, et pas seulement sur des mots d’ordre. Ainsi a été décidée l’organisation d’une grève européenne le 1er décembre pour l’amélioration de nos conditions de travail et des meilleures rémunérations.

Naissance de la fédération transnationale des coursiers

Pour organiser ces différents projets et rendre concrets les liens militants que nous avons pu forger durant ces deux jours, nous avons décidé de constituer une Fédération transnationale des coursiers. Elle se fixe comme objectif d’unifier les luttes contre les plateformes sur le territoire européen. Les 30 organisations participantes en sont les membres fondateurs, mais seules celles étant composées de coursiers organisés peuvent participer à la prise de décision. Les coursierEs isolés n’ayant pas de collectif ou de syndicat peuvent y adhérer à titre d’observateur, et la fédération sera là pour les aider à la création d’une organisation dans la ville ou le pays.

La lutte contre l’exploitation par les plateformes de livraison ne pourra se faire dans le cadre national. Pour faire du profit, ces multinationales s’appuient sur le taux de chômage élevé dans la jeunesse et sur les difficultés des sans-papiers à gagner de l’argent. La démarche internationaliste autour de laquelle s’est constituée cette fédération est un pas en avant pour notre classe. Alors que le nationalisme gagne du terrain en Europe et que les organisations, même de gauche, reprennent des discours nauséabonds sur le frontières, nous, livreurEs, avons décidé de nous organiser contre notre exploitation et de crier haut et fort que les frontières ne nous diviseront pas : livreurEs de tous les pays, unissons-nous !

Article publié sur le site du NPA.