Une lumineuse analyse de la catastrophe écologique et des moyens de l’arrêter.
Trop tard pour être pessimistes, ou l’appel à la destruction du capitalisme. Actualisé à la lumière de la crise du Covid-19, Trop tard pour être pessimistes ! , le nouveau livre de Daniel Tanuro est un vigoureux pamphlet contre la perversité du capitalisme, et un fervent plaidoyer pour une alternative écosocialiste qui écarte d’un revers de la main le « capitalisme vert », et souligne les limites du Green New Deal de la gauche américaine. Daniel Tanuro est une référence de la gauche écologique mondiale, fondateur de l’ONG « Climat et Justice sociale. » Publié aux Éditions Textuel, son livre est paru le 10 juin en librairie.
« On ne change pas un glouton en mouton » : pour Daniel Tanuro le capitalisme n’est pas réformable. Présentant une lumineuse analyse de la crise du coronavirus et plus globalement de la catastrophe écologique, l’auteur de « L’impossible capitalisme vert » argumente les moyens de l’arrêter.
Ne croyant pas plus au « green new deal » qu’aux prophéties des collapsologues. Pour conjurer le désastre, Daniel Tanuro formule une proposition politique, l’écosocialisme : produire moins, transporter moins, partager plus.
« Changeons le système, pas le climat » : la catastrophe écologique a commencé. Les capitalistes s’en frottent les mains, prêts à nous vendre leurs fausses solutions.
Les collapsologues prétendent quant à eux qu’on ne peut rien faire. Refusant le cynisme des uns et le fatalisme des autres, Daniel Tanuro, référence mondiale de la gauche écologique, pose ici les jalons d’une alternative à l’effondrement qui vient : l’écosocialisme.
Pédagogue érudit, il analyse avec brio la crise du coronavirus et la façon dont elle annonce malheureusement des crises encore plus graves qui toutes prennent racine dans la civilisation capitaliste industrielle, ainsi que dans les structures raciales et patriarcales de la modernité.
Polémiste hors-pair, il démonte les promesses intenables du « capitalisme vert » comme les limites du Green New Deal de la gauche américaine. Enfin, soucieux de compléter le geste critique par une proposition alternative, Daniel Tanuro esquisse une proposition politique révolutionnaire pour conjurer le désastre : « produire moins, transporter moins, partager plus ».
Pour sauver les hommes et la planète, il est nécessaire de changer de système, insiste Daniel Tanuro. Pour lui, le capitalisme n’est absolument pas réformable. Si la catastrophe est déjà enclenchée et qu’elle peut aboutir à un cataclysme, l’environnementaliste n’est pas pour autant fataliste. En opérant une critique virulente du productivisme, qui constitue pour lui la plus grande menace sur la vie, Daniel Tanuro présente sa conception de l’écosocialisme qui se manifeste par le « prendre soin solidaire », et qui porte en son sein de nouveaux fondements civilisationnels, seuls salutaires.
Au début de son ouvrage, Daniel Tanuro démontre que la crise du Covid-19 est la première crise globale, qui est à la fois sociale, économique et écologique, dont l’ensemble repose sur le même pilier destructeur : le système capitaliste.
C’est une crise sociale car elle a prouvé que la recherche de profit était plus importante que l’humain, économique car elle a pu entraîner une paralysie de l’appareil producteur et écologi-que, car elle a été le produit des pratiques du productivisme sur la nature (destruction des écosystèmes naturels, déforestation, commerce des espèces sauvages…), qui ont réduit la distance entre l’animal et l’humain et favorisé la transmission d’un virus.
Quant au mode de propagation du coronavirus, il n’a été que le résultat de l’explosion des transports et l’extension des villes, qui sont pour l’auteur deux conséquences de la maximisation du profit. C’est bien pour cela qu’il en appelle à « produire moins, transporter moins, partager plus », sa ligne de conduite pour pallier à l’effet ravageur du système capitaliste.
En s’appuyant sur les différentes mesures prises par les gouvernements en réaction à la crise du Covid-19, Daniel Tanuro démontre qu’en filigrane, les efforts pour accumuler encore et toujours du capital sont toujours présents, en s’appuyant, par exemple, sur la gestion de Trump ou Johnson qui, en pariant sur l’immunité collective, espéraient profiter du confinement des autres pays pour prendre des parts de marché :
« La crise du coronavirus confirme ainsi la règle historique qui veut que la classe dominante, en période de crise aigüe, n’ait qu’un seul outil vraiment fiable : l’appareil d’État autour duquel elle s’est constituée historiquement. »
À toutes les solutions proposées par les différents pays et qui révèlent la persistance d’une pensée capitaliste, Daniel Tanuro a un seul mot d’ordre : « se battre à contre-courant pour changer de civilisation plutôt que de sauvegarder le régime d’accumulation. » Le prendre soin auquel il fait référence, la préoccupation solidaire, est alors primordial pour faire converger les luttes entre besoins sociaux et défense de la nature et dépasser enfin « la contradiction entre l’infinitude de l’accumulation du capital et la finitude de la planète. »
Cette crise Covid-19 aura au moins l’avantage de remettre en surface les fragilités du modèle de développement actuel et de ses limites et de relancer le débat autour du visage du monde de demain, dans le cadre d’un nouveau paradigme civilisationnel qui passe par la réconciliation de l’humanité avec elle-même et son écosystème, le respect de la nature dans l’intégralité de ses composantes, l’adoption de nouveaux systèmes de production, le rééquilibrage des rapports entre les pays du Nord et du Sud, et une redistribution des compétences et des richesses plus équitable.
Article publié sur Presse-toi à gauche.