Le 22 septembre dernier à Berne, la capitale suisse, 20.000 personnes ont défilé dans les rues lors d’une grande manifestation nationale pour l’égalité et contre les discriminations. Cet événement était organisé par l’Union syndicale suisse (USS)(1)https://www.uss.ch/actuel/ et largement soutenu par de nombreux mouvements et associations. À l’origine de cette mobilisation, un vote au Parlement concernant une nouvelle loi sur l’égalité, principalement salariale, dont une partie de la droite avait remis en question la pertinence. Durant la manifestation, les revendications étaient nombreuses et dépassaient l’unique question de l’égalité salariale, mais dénonçaient les violences sexistes et le harcèlement sexuel, la double journée de travail des femmes(2)Femmes cisgenre (qui se reconnait dans le genre qui lui a été assigné à la naissance) et toutes personnes se reconnaissant dans la catégorie femme qui prennent en charge la grande majorité du travail domestique non rémunéré, mais aussi les coupes budgétaires dans le service public qui sont courantes en Suisse depuis de nombreuses d’années et qui touchent en premier lieu les personnes les plus précaires, dont les femmes.

Cette manifestation était également, pour les syndicats et pour différents mouvements et partis allant du PS à la gauche radicale, un événement important pour mobiliser et visibiliser la grève féministe – grève des femmes du 14 juin prochain qui se prépare en ce moment en Suisse. Cette grève, appelée au départ par le congrès des femmes de l’Union syndicale suisse (USS), s’inscrit dans le cadre des grandes mobilisations féministes qui, depuis plus d’un an, secouent la planète avec des manifestations sans précédent pour le droit à l’avortement et au contrôle de son corps en Argentine, dans le cadre des mouvements étudiants au Chili et l’organisation d’une grève féministe dans l’état espagnol le 8 mars dernier. La date du 14 juin est symboliquement importante puisqu’elle fait écho à une autre grève des femmes, celle organisée en Suisse, le 14 juin 1991 qui avait paralysé tout le pays et permis, 4 ans plus tard, l’introduction de la loi sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg).

Si les femmes en Suisse veulent poursuivre aujourd’hui ce que leurs aînées ont initié il y a presque 30 ans, c’est parce que depuis les choses n’ont pas vraiment changé. Le 14 juin prochain nous croiserons donc à nouveau les bras pour dénoncer la violence et le harcèlement dont nous sommes victimes au travail, à l’école, dans les lieux publics et le cadre privé, les contrats précaires, le temps partiel imposé et les bas salaires qui touchent particulièrement les femmes. Nous dénoncerons aussi l’éducation genrée qui nous est imposée depuis l’enfance et qui permet de reproduire encore et toujours la hiérarchie de genre de la société patriarcale.

Ça suffit ! Le 14 juin prochain, grève féministe !

Noémie Rentsch, militante de SolidaritéS, organisation sœur de la Gauche anticapitaliste.

Notes[+]