La survie de Genres Pluriels, la principale association en Belgique qui travaille autour des questions trans et intersexe est menacée par un manque de financements publics.
En effet, Genres Pluriels s’appuie sur 6,5 équivalent temps plein pour remplir les nombreuses missions qu’il poursuit : consultations, formations, supervisions, recherches, relectures de supports d’information, réactions aux médias, coordination de réseaux PMS, etc.
Cette masse salariale correspond à environ 240.000€ par an et le pouvoir subsidiant a pris la décision de n’octroyer qu’une moitié de cette somme à l’ASBL, menaçant “à très court terme” le travail et la survie de Genres Pluriels.
La responsabilité de ces coupes budgétaires violentes vient notamment de la coalition « progressiste » Vivaldi, qui a fait de la défense des droits LGBTI+ un simple symbole, avec des avancées faméliques. Une politique de pinkwashing à mille lieues des besoins réels des personnes LGBTI+.
Dans les faits, la politique néolibérale du gouvernement De Croo a précarisé la sphère associative, comme en témoigne la situation de Genres Pluriels aujourd’hui, ou d’autres organisations historiques du mouvement féministe, comme l’Université des femmes ou Vie Féminine. Et ce n’est clairement pas le probable futur gouvernement Arizona qui va inverser la tendance.
En 2019-2020, c’est la force du mouvement féministe organisé et autonome (de l’État et du Capital) qui était parvenu à imposer un agenda féministe au gouvernement; des revendications que la coalition Vivaldi s’est empressée de neutraliser à travers un jeu de séduction malsain à l’égard des associations féministes et une intégration minimaliste desdites revendications.
Un tel mouvement LGBTI est encore à construire en Belgique en 2024, et les difficultés sont nombreuses. Toutefois, la situation rencontrée par Genres Pluriels est une une leçon de plus qui illustre que la seule manière de changer les choses est de construire le rapport de force, dans la rue ET sur le long-terme, à travers la construction d’un mouvement pérenne, actif toute l’année.
Les obstacles sont nombreux : l’isolement des différents groupes militants entre eux mais également avec le reste des mouvements sociaux (féministes, syndicaux, antiracistes), le manque de politisation de ces groupes (qui se cantonnent parfois seulement au soutien et à la sociabilisation) et le manque criant de travail mémoriel sur les luttes LGBTI ayant marqué l’histoire de la Belgique.
Construire un tel mouvement est néanmoins une tâche primordiale pour tou·te·s les militant·es de l’émancipation aujourd’hui, a fortiori dans un contexte nauséabond où l’alliance des réactionnaires a le vent en poupe au niveau mondial (et en Belgique, avec la N-VA et le MR dans le probable futur gouvernement), et cible de plus en plus les personnes LGBTI.
Nous appelons :
- à signer et à relayer la pétition de Genres Pluriels (1)https://test.framapetitions.org/petition/user/genrespluriels/la-survie-de-genres-pluriels-est-menacee-par-le-manque-de-financements-publicsexigeant un refinancement suffisant et durable, à la hauteur des besoins des populations transgenres et intersexes.
- à ce que toutes les associations LGBTI+, quelle que soient leur forme, à organiser la solidarité entre elles contre les attaques austéritaires.
Plus généralement, nous exigeons un véritable plan de financement du secteur associatif, qui soit structurel et pérenne, et qui passe notamment par la fin des subsides par appel à projets qui mettent en concurrence les associations, produisent une surcharge administrative et dont le caractère ponctuel favorise la précarité.
Notes