Depuis 2018, Haymarket Books (1)Depuis sa création en 2001, Haymarket Books est devenu l’une des principales maisons d’édition de gauche aux États-Unis. Que faut-il entendre par « maison d’édition de gauche » ? Sur leur site web, vous trouverez la description suivante :

Notre mission est de publier des livres qui contribuent à la lutte pour la justice sociale et économique. Nous voulons que nos livres soient une partie vivante et organique des mouvements sociaux et de l’éducation et du développement d’une gauche critique, engagée et internationaliste.

Nous tirons notre inspiration et notre courage de nos homonymes, les victimes de Haymarket, qui ont donné leur vie dans la lutte pour un monde meilleur. Leur lutte pour la journée de huit heures de 1886 – qui nous a donné le « May Day », la fête internationale des travailleurs – rappelle aux travailleurs du monde entier que les gens ordinaires peuvent s’organiser et lutter pour leur propre libération. Cette lutte – contre l’oppression, l’exploitation, la destruction de l’environnement et la guerre – se poursuit aujourd’hui dans le monde entier.

Nous sommes radicalement indépendants et nous essayons d’enfoncer un coin dans le monde peu enclin au risque de l’édition par les entreprises …’. (https://www.haymarketbooks.org/pg/about.) Sur son site web (qui propose de nombreux livres intéressants pour les personnes engagées socialement et écologiquement), on peut trouver plus sur les positions politiques de cette maison d’édition.
organise chaque année une conférence nationale sur le socialisme à Chicago. Cette année, nous avons participé à l’édition « Socialism 2024 » (du 30 août au 2 septembre), aux côtés de 2 500 autres militants et activistes, principalement venus des États-Unis.

En Europe, l’idée dominante est que la gauche états-unienne est bien moins dynamique que celle en Europe. Il est vrai que les obstacles pour introduire une alternative anticapitaliste dans le système politique aux États-Unis, qui reste dominé par les deux grands partis bourgeois, sont réels (2)La politique aux États-Unis a longtemps été dominée par deux partis. Le parti démocrate a été fondé en 1828. Depuis la fin des années 1850, son principal rival politique est le parti républicain.

Tout au long de l’histoire des États-Unis, aucun parti travailliste n’a réussi à briser ce duopole politique. De nombreux politologues évoquent le système électoral défectueux des États-Unis, dans lequel seul le candidat qui obtient le plus de voix (et pas nécessairement la majorité) dans une circonscription peut être élu. Un tel système électoral favoriserait une organisation bipartite selon la « loi de Duverger », du nom du politologue français Maurice Duverger.
. Cependant, sous la surface, une nouvelle dynamique a émergé depuis la crise financière de 2008, se manifestant de plus en plus à travers des mouvements pour les droits civils, l’environnement, les droits humains et syndicaux, ainsi que par le développement de courants socialistes anticapitalistes. On a eu l’expérience très enrichissante de vivre cette dynamique en personne lors de la conférence de quatre jours.

Un vaste programme, varié et de qualité

Il serait impossible de décrire l’intégralité du programme (3)Les personnes intéressées peuvent encore consulter le programme complet sur https://socialismconference.org/2024-schedule/. Les thèmes principaux incluaient les droits civils et le (anti-)racisme aux États-Unis, les minorités, les questions de genre, les luttes ouvrières, la théorie socialiste et marxiste, la politique intérieure états-unienne (migration, minorités, santé, logement, et bien sûr les élections présidentielles à venir), ainsi que la politique étrangère des États-Unis et le (anti-)impérialisme global, avec un accent particulier sur la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine et surtout la question palestinienne.

Les panels étaient composés d’experts (universitaires, praticiens, auteurs, etc.) garantissant un niveau élevé des différentes sessions. Des analyses théoriques s’alternaient avec des retours d’activistes travaillant sur le terrain.

Pour ne donner que quelques exemples : le vendredi, nous avons assisté à une session intitulée ‘175 years since the Communist Manifesto: Why Marxism still matters’, avec entre autres Nancy Holmstrom, professeure émérite à l’Université Rutgers et autrice de From a Marxist-Feminist Point of View: Essays on Freedom, Rationality and Human Nature (4)Ce livre fait partie des Historical Materialism book series; voir https://www.haymarketbooks.org/series_collections/1-historical-materialism.

Une autre session le même soir, ‘Environmentalism from below: How global people’s movements are leading the fight for our planet’, fut présentée par Ashley Dawson, auteur du livre éponyme. Dans cet ouvrage, il aborde les luttes locales de diverses populations en Afrique du Sud, en Colombie, en Inde, au Nigéria et dans d’autres régions du Sud global pour la protection de l’environnement de manière socialement responsable. Il montre comment ces luttes sont liées à la résistance contre la crise de la dette dans le Sud global, contre la fermeture des frontières des pays industrialisés aux migrants, ou encore contre des formes de « conservation des terres » (comme en Inde), où la biodiversité est utilisée comme prétexte pour expulser les populations indigènes de leurs terres (5)Ashley Dawson qualifie cette forme de conservation néocoloniale des terres d’exemple de «solutions pour sauver le capitalisme du capitalisme ». Pour une description du contenu du livre, voir https://www.haymarketbooks.org/books/2101-environmentalism-from-below.

Enfin, un exemple de la session de samedi après-midi, où Anderson Bean (6)Anderson Bean est sociologue et professeur adjoint à la North Carolina A&T State University de Greensboro, en Caroline du Nord. Il est l’auteur de ‘Communes and the Venezuelan State: The Struggle for Participatory Democracy in a Time of Crisis’., lors de la conférence intitulée ‘From Chávez to Maduro: Understanding Venezuela today’, a présenté un tableau éclairant des développements sociaux au Venezuela, depuis l’arrivée au pouvoir de Chávez jusqu’à aujourd’hui. Il a fortement critiqué à la fois le discours occidental, qui impute la crise vénézuélienne au projet « socialiste » de Chávez, et le discours dogmatique « de gauche » (en Belgique, le PTB tend à adopter une telle position (7)Voir par exemple l’article « Latin America and the bullets from Washington » dans lequel Dirk Tuypens discute du livre de Vijay Prashad « Imperialism for Beginners » et cite sans critiques le passage suivant :‘Le président vénézuélien est également au centre de l’attention. « En janvier 2019, le gouvernement états-unien a soutenu un coup d’État pur et simple contre le gouvernement Maduro.Il a patronné un pseudo-gouvernement dirigé par Juan Guaidó, un député d’arrière-ban, et a utilisé tous les moyens possibles – y compris le sabotage – pour affaiblir le gouvernement existant, créer des troubles sociaux et saper le soutien populaire à la révolution bolivarienne… Le coup d’État a échoué.Maduro est resté au pouvoir.L’économie vénézuélienne reste fragile et la vie sociale du pays a souffert à cause des sanctions, mais il est clair qu’une grande partie du peuple continue de soutenir le gouvernement. »’ (https://www.solidair.org/artikels/latijns-amerika-en-de-kogels-uit-washington) ), qui attribue cette crise uniquement au blocus économique des États-Unis, sans mentionner les défaillances des politiques internes. En effet, en plus des effets bien réels du blocus extérieur, Bean a souligné le rôle néfaste de différents facteurs internes, tels que l’absence de transformation profonde des structures de propriété (y compris sous Chavez), et le maintien des structures de classe et d’une forte dépendance du pays à l’exportation du pétrole (8)Sous Chávez, la constitution garantissait les droits de propriété des capitalistes et même les entreprises nationalisées n’ont jamais été contrôlées par la classe ouvrière, mais par l’appareil bureaucratique de l’État.. Sous Maduro, les mesures de socialisation ont ensuite été systématiquement anéanties :  notamment par la vente de concessions minières à des multinationales (chinoises, russes et turques plutôt qu’européennes ou états-uniennes) ; l’introduction de ‘zones économiques spéciales’ où les entreprises peuvent s’établir à des taux d’imposition favorables sans avoir à tenir compte des droits du travail et de l’environnement ; une forte baisse du salaire minimum et l’arrestation de dirigeants syndicaux ; un nouvel article de la Constitution «contre l’incitation à la haine sur les médias sociaux », qui sert à restreindre la critique du gouvernement par les syndicalistes et les écologistes ; des politiques de privatisation, y compris dans l’extraction de l’or et du minerai de fer et dans la distribution du pétrole ; etc.

Une participation des différents courants de la gauche radicale et une culture respectueuse du débat

Aux États-Unis, comme en Europe, il existe une mosaïque d’organisations de gauche radicale qui, même s’ils peuvent chacune se considérer comme le parti d’avant-garde de la classe ouvrière, ont un poids politique négligeable et ne réussissent pas à attirer les nombreuses personnes qui sont touchées d’une manière ou d’une autre par les effets néfastes du mode de production capitaliste, et/ou qui en prennent conscience. La particularité des conférences de Haymarket est qu’elles offrent la possibilité aux adhérents de toutes ces organisations d’interagir, d’apprendre les points de vue des autres et de débattre d’un large éventail de sujets politiques, socio-économiques, écologiques, ….

En effet, si les opinions sur la guerre génocidaire d’Israël contre les Palestiniens à Gaza et la politique d’apartheid sioniste en général semblent se rejoindre, les points de vue sur d’autres sujets abordés diffèrent parfois de manière significative.

Au cours de plusieurs sessions, il y a eu ainsi une discussion animée, mais respectueuse, entre les différents courants/partis socialistes. La session du dimanche intitulée ‘Ukraine and the struggle against the far right’, qui traitait de la guerre impérialiste de Poutine contre l’Ukraine, en est un bon exemple. Si tous les intervenants reconnaissaient le droit de l’Ukraine à se défendre contre l’invasion russe – les textes sur les stands des différents courants présents prenaient également parti sans équivoque pour la résistance ukrainienne – il y a eu néanmoins des discours de personnes opposées aux livraisons d’armes par les États-Unis. Selon eux, ces livraisons renforceraient le complexe militaro-industriel du pays. En réponse à cette position, plusieurs panélistes (9)Entre autres Blanca Missé, membre du réseau de solidarité avec l’Ukraine, et Zakhar Popovych, membre de l’opposition de gauche en Ukraine. Zakhar Popovych s’est exprimé sur Zoom depuis Kiev, car il n’a pas pu obtenir de visa à temps pour venir à la conférence. Quelques articles de lui sont disponibles sur le site d’International Viewpoint: https://internationalviewpoint.org/spip.php?article7996 et d’autres personnes présentes dans la salle ont souligné que sans soutien militaire, l’Ukraine serait totalement à la merci de l’agression russe, tout comme les Palestiniens sont pratiquement impuissants face à la violence israélienne dans la bande de Gaza. Sans nier que la guerre en Ukraine sert effectivement de prétexte à l’appareil d’État états-unien pour renforcer son industrie militaire, ils ont souligné la nécessité de faire preuve d’une véritable solidarité internationale avec la résistance ukrainienne – y compris armée – à l’invasion russe (10)Le réseau de solidarité avec l’Ukraine a publié encore deux déclarations publiques cette année-ci : une déclaration de solidarité avec la résistance palestinienne (Against Police Repression and Zionist Attacks: Support the Movement in Solidarity with Palestine), et une déclaration détaillant les principes de base pour une paix juste en Ukraine (Ukraine: A People’s Peace, not an Imperial Peace). On peut les retrouver sur leur site : https://www.ukrainesolidaritynetwork.us/..

La session ‘The genocidal returns of lesser evilism: the U.S. elections and left strategy’ a également donné lieu à un débat animé. Les intervenants y étaient tous d’accord que Kamala Harris ne saurait constituer une réelle alternative à Trump, et que la gauche radicale/révolutionnaire ne devrait appeler à voter pour elle, et encore moins faire campagne pour la candidate démocrate. Quelques intervenants dans la salle ont néanmoins souligné l’importance d’éviter que Trump et l’extrême droite ne sortent renforcés des élections. D’autres, en revanche, estimaient que tous les mouvements de gauche – tels que les Democratic Socialists of America (DSA) et les organisations révolutionnaires de gauche qui composent les DSA – devraient quitter immédiatement le Parti démocrate (entre autres en raison de son soutien à Israël). Mais une grande partie du public partageait le point de vue plus nuancé des panélistes : les opportunités et les limites des élections doivent être clairement exposées. L’enjeu pour les organisations de gauche, les syndicats et les mouvements citoyens n’est pas le vote individuel, mais la construction d’une stratégie de coopération pour une véritable alternative. Une coopération qui devrait permettre aux citoyens de ne plus être confrontés au choix impossible entre deux partis qui sont intégrés dans le système capitaliste et qui sont responsables de ses conséquences pernicieuses telles que la montée de l’extrême-droite, la violence impérialiste, l’exploitation des humains et de la nature…. (11)La panéliste Natalia Tylim, du magazine de gauche Tempest, a écrit un article sur ce sujet quelques semaines avant la conférence, qui développe cette position : https://tempestmag.org/2024/08/lesser-evilism-is-not-a-vote-its-a-strategy/

La résurgence de l’anticapitalisme aux États-Unis

Les organisateurs de Socialism 2024 ont souligné à plusieurs reprises la forte croissance cette année, non seulement du nombre de participants (en 2018, ils étaient environ 1.500, cette année on estime qu’ils étaient 2.500), mais aussi du nombre d’organisations participantes (60 en 2023, cette année 90).

Cette tendance symbolise une augmentation tangible du nombre de personnes aux États-Unis qui considèrent le système capitaliste comme responsable de l’augmentation des inégalités, de la dégradation sociale, des tensions géopolitiques, de la dégradation de l’environnement, etc. Une telle prise de conscience est apparue après la crise financière de 2008 et a été renforcée par les effets de la pandémie de Covid, qui a surtout frappé les plus démunis, et les catastrophes naturelles de plus en plus graves y compris aussi aux États-Unis. Il ne fait aucun doute que le génocide perpétré à Gaza par les dirigeants israéliens et le soutien inconditionnel du gouvernement états-unien ont ensuite amené davantage de personnes à une réflexion sur l’impérialisme et le capitalisme.

Mais les organisations ont également commencé à s’interroger sur la manière de peser sur la politique. Jusqu’à récemment, la plupart des organisations/partis qui se considéraient comme socialistes, marxistes ou révolutionnaires ne voyaient que deux possibilités : soit ils essayaient de peser sur la politique par l’« entrisme » au sein du Parti démocrate ; soit ils étaient convaincus que, grâce à leur « ligne pure », ils pourraient se développer organiquement pour devenir le « seul et unique » parti d’avant-garde de la classe ouvrière (12)En 1986, j’ai passé un mois en tant qu’invité dans de différentes sections du Socialist Workers Party (SWP, alors membre de la Quatrième Internationale). Même à cette époque, la direction et de nombreux membres du SWP faisaient preuve d’une certaine arrogance (‘nous sommes le seul véritable parti d’avant-garde’), d’un manque d’ouverture aux idées « dissidentes » et de volonté de dialogue avec d’autres courants. Le pas vers le sectarisme n’est donc pas très grand. [JS]. Ces deux stratégies sont toutefois de plus en plus remises en question. La vision alternative qu’une communication réciproque, le débat et la coopération au sein de la gauche radicale sont indispensables, dans le respect des différences d’opinions, de tactiques et même de stratégies, commence à s’imposer.

Les développements au sein des DSA illustrent parfaitement ces évolutions.

L’organisation est née en 1982 de la fusion du DSOC (Democratic Socialist Organising Committee) (13)Issue des « Social Democrats, USA », elle a rejoint l’« Internationale socialiste » en 1976. et du NAM (New American Movement) (14)Le NAM a été fondé en décembre 1971 par des militants politiques radicaux qui souhaitaient créer un successeur aux Students for a Democratic Society (SDS).

Les militants qui ont fondé le NAM étaient de fervents opposants à la guerre du Viêt Nam qui cherchaient une nouvelle organisation pour discuter du lieu et de la manière de recentrer leurs activités. Le NAM rejette la stratégie de construction d’un « parti d’avant-garde ». L’organisation s’est construite autour de groupes locaux (chapters), qui mettaient l’accent sur l’étude du marxisme, la discussion des problèmes contemporains, le soutien aux actions locales des travailleurs et le travail de sensibilisation au sein de la communauté.
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Pendant des années, elle a été liée à la social-démocratie et membre de l’Internationale socialiste (le successeur de la IIe Internationale). Jusqu’en 2016, le nombre de membres oscillait entre 5 et 8.000.

A partir de 2016, la nature des DSA a drastiquement changé :

  • D’une part, le nombre de membres a augmenté de manière spectaculaire (15)Le nombre de membres des DSA a fortement augmenté après la décision de soutenir la campagne présidentielle de Bernie Sanders en 2016. Plus tard, le choc de la victoire de Donald Trump à la présidentielle, l’élection en 2018 d’Alexandria Ocasio-Cortez (alors membre des DSA), puis la pandémie de COVID-19 ont également contribué à une croissance du nombre d’adhérents. Après une baisse temporaire (de 95.000 en 2021 à 78.000 en août 2023), les effectifs de la DSA ont augmenté d’au moins 2.400 membres depuis octobre 2023, notamment en raison de sa position propalestinienne lors de la guerre menée par l’Israël à Gaza. pour atteindre environ 80.000 aujourd’hui (contre 6.200 en 2015), avec en même temps un rajeunissement de l’organisation (16)Alors qu’en 2013, la moitié des membres avaient plus de 68 ans, 50 % avaient moins de 33 ans en 2017..
  • Mais surtout, depuis et grâce à son expansion, les DSA ont connu un changement idéologique et sont devenus une organisation coordinatrice plus diversifiée. En 2017, ils ont quitté l’Internationale socialiste pour rejoindre l’Internationale Progressiste (17)Pour plus d’informations sur ce courant, voir (en anglais) https://en.wikipedia.org/wiki/Progressive_International en 2023. A l’heure actuelle, le parti comprend des organisations/courants avec une grande variété d’idéologies. Lors de la Convention nationale des DSA en 2023, les factions marxistes et socialistes-révolutionnaires ont remporté une majorité de sièges au sein du Comité politique national pour la période 2023-2025 (18)Voir e.a. https://rupture.ie/articles/reform-and-revolution-new-hope-for-dsa-with-a-shift-to-the-left.

Les nouveaux acquis de la gauche radicale restent précaires (19)Voir par exemple https://tempestmag.org/2023/11/dsa-after-the-2023-convention/, mais ses progrès, tant en termes d’attractivité que de maturité de ses différents courants, sont indéniables.

Notre participation à la conférence Socialisme 2024 nous a permis d’avoir un bref aperçu de ce qui se passe à gauche aux États-Unis. Cela mérite notre attention, car il ne fait aucun doute que nous aussi, en Europe, pouvons apprendre de nos camarades aux États-Unis.

Notes[+]