Ce vendredi 10 janvier, un rassemblement de protestation s’est déroulé devant l’Office des Etrangers à l’appel du Cracpe (Collectif de résistance aux centres pour étrangers) de Liège, du collectif VSP (Voix des Sans-Papiers) Liège et Bruxelles, Getting the voice out et JOC Bruxelles. Nous étions une cinquantaine de militants bien motivés à battre de la semelle les trottoirs du boulevard Pacheco, dans le froid glacial pour crier notre indignation et notre colère pour dénoncer la collaboration avérée de l’Office des Etrangers avec des fonctionnaires du régime dictatorial de Guinée Conakry.
Saviez-vous qu’aujourd’hui en Belgique, des agents missionnés par une junte militaire débarquent en toute impunité afin de profiler les réfugiés guinéens détenus dans les centres fermés avant de délivrer les laissez-passer qui autorisent leur déportation de retour ? C’était pour dénoncer cette ignominie qu’avait été décidée cette action « coup de gueule » devant le bâtiment symbole de la désastreuse politique migratoire de la Belgique.
L’ambiance est montée d’un cran lorsqu’un individu, sans doute -sinon qui ?- un fonctionnaire de l’OE, fit son apparition derrière une fenêtre du 2 ème étage pour nous adresser à plusieurs reprises des doigts d’honneur. Dont acte. Comment ne pas douter de la neutralité d’un tel personnage devant les dossiers qu’il aura à traiter…
Après avoir déployé devant l’entrée du bâtiment patibulaire deux grands calicots de VSP Liège, il y eut quelques prises de parole pour dénoncer l’intolérable collaboration des fonctionnaires d’un pays démocratique avec leurs homologues d’une dictature avérée.
D’abord, ce fut à Alpha Diallo de la CSC BXL de parler au nom de ses compatriotes. Après nous avoir fait un petit topo de la situation politique de son pays qui vit sous la dictature militaire du général Mamadi Boumbouya depuis 2021 et donné quelques exemples de la répression qui menace quiconque s’exprime ou tente de se dresser contre la dictature en place, il nous fit part de son inquiétude pour ses compatriotes victimes d’arrestation arbitraires, détenus dans les centres fermés (depuis de longs mois pour certains) et qui attendent dans l’angoisse une probable déportation lors d’un prochain rapatriement groupé. Il nous détailla ensuite l’ahurissante liberté des agents de la dictature guinéenne qui, avec la collaboration de l’OE se rendent directement dans les centres fermés, sans même un passage par leur ambassade (ce qui serait la procédure normale) pour délivrer ces laissez-passer pour un retour direct vers les geôles du sinistre régime.
Ensuite, ce fut France Arets du Cracpe qui commença par rappeler que cela fait maintenant 25 ans que leur collectif lutte pour la fermeture des centres fermés, ces honteuses prisons qui ne disent pas leur nom et qui servent à casser la résistance de ceux qui refusent d’obéir à leur ordre d’expulsion. Elle confirma qu’à Vottem, une douzaine de sans-papiers guinéens attendent (pour certains depuis plusieurs mois) une prochaine déportation par vol collectif. Elle décrit le désespoir qui règne parmi les détenus de ce centre fermé, les punitions en cachot ou cellule d’isolement, les tentatives de suicide, les automutilations de ceux qui avalent des vis ou des piles pour échapper à leur sort… Elle termine en rappelant qu’avec la politique migratoire du prochain gouvernement, le pire est à prévoir et en tout cas l’ouverture de nouveaux centres fermés déjà décidés par le passé (Jumet, Jabbeke, annexe au 127-bis,…). Elle rappelle que, parmi ce qu’on connaît déjà des futures mesures Arizona figure l’officialisation des visites domiciliaires, tout en précisant qu’elles existent déjà officieusement sous forme d’arrestations par ruse (des policiers se présentent à domicile sous prétexte de compléter un document puis, une fois à l’intérieur du domicile procèdent à l’arrestation.).
Un porte-parole de la Voix des sans-papiers de Liège apporta solennellement la solidarité de son collectif avec leurs camarades guinéens puis on rappela quelques-unes des revendications-phares qui devraient être partagées par tous les militants cohérents s’opposant aux politiques migratoires de la Belgique :
- Stop à la collaboration entre l’UE et la junte militaire putschiste de Conakry !
- Dénonçons les diplomates collabos & complices !
- Arrêt du marchandage entre le nord et le sud : les réfugiés ne sont pas une marchandise !
- Stop aux déportations !
- Suppression de tous les centres fermés, anciens et à venir !
- Régularisation de tou·te·s les sans-papier: personne n’est illégal !
- No borders – libre circulation !
Crédit photo : Dominique Botte