Discours de Sabrina, JOC Charleroi, lors de l’action Rassemblement pour la république de ce 21 juillet 2020 à Frameries.
Ce 21 juillet 2020 n’est pas un jour de fête. Ce jour nous rappelle plutôt à quel point il est urgent, après presque 200 ans d’idéologie coloniale, de non seulement se débarrasser des figures qui encensent le colonialisme dans nos espaces publics mais aussi d’exiger une réparation de toutes ces souffrances.
Il nous semble aujourd’hui nécessaire de rappeler que le règne de Léopold Ier a engendré l’idée dans la tête des dirigeants, qui l’ont succédé, que leur pays étant trop petit, il serait bon d’aller prendre celui des autres. Léopold Ier a échoué dans ses tentatives de colonisation des pays tels que le Guatemala, le Brésil où le Mexique mais l’idée, elle, a puissamment germée. Elle prendra forme, peu d’années après, sous le règne de son successeur Léopold II, de la colonisation du Congo, de ses crimes innommables, de la mort de millions de Congolais et Congolaises.
Se rappeler du passé, c’est aussi se rendre compte que certaines choses n’ont pas changé. Non seulement les peuples colonisés par la Belgique, tels que le Congo, n’ont toujours pas eu justice des crimes qu’ils ont subi, mais les cicatrices coloniales sont encore profondément présentes. L’histoire coloniale est encore valorisée comme trophée : un peuple qui gagne sa puissance en écrasant les autres.
Ce 21 juillet 2020 est aussi pour nous l’occasion de remettre en lumière les idées fascistes et racistes qui inondent le continent européen de leurs haines.
Comme je vous le disais au début, c’est d’une simple idée qu’est née l’idée de coloniser. Léopold 1er a échoué, mais son successeur a réussi. Soyons donc vigilants, aux nouvelles formes que la colonisation et le racisme pourraient prendre aujourd’hui.
Il est impensable pour nous d’imaginer revivre ce qu’il s’est passé il y a 200 ans, pourtant ce serait une erreur de penser que l’Europe ne colonise plus. Cela a pris de nouvelles formes, plus insidieuses, notamment avec les industries pharmaceutiques, minières et d’armement.
Les nombreux collectifs antiracistes et qui luttent contre les violences policières pourront également vous dire : l’État belge continue d’être violent avec les populations racisées, c’est un État raciste. Nous ne voulons pas fêter cela.
Sous le règne de Léopold 1er, les éléments perçus comme « perturbateurs » qui réveillaient les foules, telles que Marx, étaient expulsés du territoire et éloignés de la population. Aujourd’hui, la censure est toujours bel et bien présente.N’attendons pas d’être totalement réduits au silence pour crier nos désaccords et notre volonté de vivre dans une République qui mène une politique radicale de mémoire et d’éducation décoloniale. Revendiquons aussi une politique de réparation et de restitution envers les anciennes colonies. Une République qui annule les dettes et qui s’engage dans des relations économiques justes et équitables avec les anciennes colonies et les autres pays du Sud global.
Posons-nous les bonnes questions, continuons de nous rassembler afin de mettre la lumière sur ce passé vraiment pas glorieux du royaume de Belgique et sur les inégalités qui continuent d’exister.
Photo : Dominique Botte