Nous étions plus de 500 ce mercredi 13 janvier à nous rassembler devant le commissariat de Saint-Josse pour exiger justice pour Ibrahima.
Les faits se sont déroulés le week-end dernier : alors qu’il filmait une intervention policière, la police a décidé de l’arrêter. Ayant probablement peur que cela finisse mal étant donné que la police n’a pas le droit d’arrêter une personne qui filme, il nous semble compréhensible qu’Ibrahima ait préféré fuir. La police l’a rattrapé et arrêté. Il est mort des suites de cette arrestation dans la soirée.
Puisque les médias s’émeuvent davantage de quelques vitres cassées plutôt que de la mort d’un jeune homme racisé arrêté alors qu’il n’avait rien à se reprocher, nous avons décidé de vous parler de ce qu’il s’est réellement passé lors de ce rassemblement.
Dès dimanche soir, le “bouche à oreille” des réseaux sociaux diffusait l’information partout : suite au décès d’Ibrahima, un appel à un rassemblement est lancé pour mercredi ! L’information était déjà connue d’un grand nombre de personnes avant que les grands médias ne décident d’en parler.
En trois jours, c’est donc une mobilisation massive, mise en place, notamment grâce aux outils de communication d’une jeunesse qui n’attend pas l’information mais s’empare du sujet, des faits, les analyse et les diffuse.
Nous étions là présent.e.s avec la Gauche anticapitaliste aux côtés de plusieurs centaines de personnes venues exiger que toute la lumière soit faite et que justice soit rendue à Ibrahima et sa famille mais pas uniquement : la masse de jeunes informée des nombreux homicides récents de la part de la police ne voulait pas en rester là. Les personnes présentes (avec également la présence de militant.e.s antiracistes, de gauche ou de membre d’autres familles victimes de la police) sur place avaient conscience qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé et dénoncent un système répressif, raciste et meurtrier et une justice qui ferme les yeux.
Un groupe de jeunes était présent avec une pancarte rappelant les noms de quasiment toutes les victimes d’homicides de la police en Belgique ces dernières années, et c’est tout naturellement que les participant.e.s au rassemblement ont scandé des slogans pour réclamer justice pour tout.e.s.
Le rassemblement d’hier était donc bien politique. Lors d’une prise de parole, la question a été posée : qui sera le/la prochain.e ? Il apparaît pour nombre des participant.e.s d’hier que si rien ne change, la situation se reproduira et la prochaine victime pourrait être un.e proche ou soi-même.
Nous pouvons donc comprendre la colère qui s’est exprimée à la fin du rassemblement et refusons de condamner leur ras-le-bol.
Ce rassemblement doit en appeler d’autres et il est maintenant nécessaire de s’organiser. Nous n’avons rien à attendre des représentant.e.s partis institutionnels qui s’émeuvent pour leur communication ou d’autres qui font l’autruche. Nous avons tout à construire pour refuser ce système et amener des alternatives.
Avec la Gauche anticapitaliste nous défendons et encourageons
- Ce rassemblement du 13 janvier 2021 en soutien inconditionnel à la famille et aux proches d’Ibrahima, ainsi qu’à toutes les victimes de violences policières ;
- À s’informer, dénoncer, témoigner sur le site policewatch.be et déposer plainte en cas de violences ou d’abus de la police.
- La construction d’un mouvement large et unitaire de lutte contre ces violences policières qui visent plus particulièrement les personnes racisées, les personnes LGBTQI+, les femmes, les militant.e.s, …
- Un mouvement large et unitaire rassemblant toutes les victimes de violences policières et toutes les organisations et personnes souhaitant mettre fin à cette impunité policière.
Nous mettons en avant les mesures d’urgence suivantes pour mettre un coup d’arrêt à ces violences systématiques
- Le désarmement de la police dans la perspective de son abolition future.
- Une commission indépendante de contrôle démocratique et citoyen de la police : c’est à la population que la police doit rendre des comptes, pas au pouvoir en place.
- Le maintien du droit de filmer l’action policière dans tous les cas : empêcher de filmer et de diffuser des images de violences policières, c’est livrer les victimes à encore plus d’arbitraire.
- La suppression des SAC (sanctions administratives communales) qui dépouillent le plus souvent les jeunes, les personnes racisé.e.s et les classes populaires.
- La fin de l’impunité policière et la gratuité effective à 100% de la justice pour tou.te.s.
Nous appelons également à rejoindre le rassemblement unitaire de ce dimanche 24 janvier 2021 à 14h00 au Mont Des Arts (Bruxelles) contre la justice de classe et contre la justice raciste, prochaine étape dans la construction de ce mouvement large et unitaire nécessaire pour en finir avec les violences de la police.
Photo : Justice Pour Mehdi