Ci-dessous le texte du tract qui sera distribué ce 16 juin.
Malgré les nombreuses actions du mouvement sans-papiers, malgré les occupations politiques, malgré la grève de la faim, malgré le soutien d’une majorité de la société civile, les personnes sans-papiers subissent toujours de plein fouet la déshumanisante politique belge de l’asile et de la migration. Toujours aucune campagne de régularisation collective en vue de la part du gouvernement fédéral qui poursuit une prétendue “solution ferme mais humaine” en matière d’asile et de migration, à savoir… une politique d’expulsion !
Des “procédures simples et rapides” en matière de “politique de retour”, voilà à quoi se sont attelés sans scrupule les Secrétaires d’État à l’Asile et à la Migration des dernières coalitions gouvernementales, Théo Francken (N-VA) jusqu’en 2018, et Sammy Mahdi (CD&V) actuellement. En Mars de cette année, alors que la Belgique affirmait pouvoir accueillir jusqu’à 200 000 Ukrainiens, Sammy Mahdi annonce la construction de trois nouveaux centres fermés pour emprisonner les sans papiers. Deux poids deux mesures qui illustrent le racisme d’Etat décomplexé de la Belgique et la répression implacable des personnes sans-papiers. Ainsi, la Belgique empêche à une partie de ses habitant.e.s d’accéder à des droits fondamentaux, mais ne se prive pas de les exploiter.
- Les personnes sans-papiers n’ont pas le droit de travailler légalement. Elles sont contraintes de travailler “au noir” ouvrant la porte à une exploitation inouie de la part de patrons peu scrupuleux qui ne payent pas de cotisations sociales. Ce qui les expose à des risques considérables sans possibilité de protester car si elles perdent leur travail, elles n’ont pas droit au chômage.
- Si elles sont confrontées à un souci judiciaire, elles n’ont quasiment pas le droit de porter plainte. Elles ont le droit d’aller à la police pour faire un P.V. qui sera enregistré mais ensuite, le/la policier.e a pour obligation de se renseigner auprès de l’office des étranger.e.s pour recevoir des consignes d’une éventuelle arrestation du/de la plaignant.e afin d’éventuellement l’envoyer en centre fermé. Le risque est donc rarement pris par les personnes sans-papiers qui préfèrent ne pas se rendre à la police. Sans oublier qu’elles sont souvent victimes de la répression et des violences policières.
- L’accès aux soins n’est pas remboursé. Seule l’aide médicale urgente est gratuite à condition de disposer d’une adresse et d’être couvert.e par un CPAS. Ce qui de facto la rend inacessible pour une partie des persones sans-papiers, forcées de vivre dans la clandestinité par peur d’être envoyées en centres fermés et expulsées.
- Toute sortie dans un lieu public est risquée car des rafles policières sont organisées régulièrement par la police dans les transports en communs et les lieux publics afin d’y chasser les personnes sans-papiers.
- En plus d’être exploité.e.s dans des jobs sans la protection du droit du travail ni la capacité de protester, les personnes sans-papiers sont régulièrement victimes de campagnes de propagande raciste, utilisées pour justifier leur opprression et les politiques inhumaines à leur égard (le tristement célèbre “ils.elles volent le travail des belges” alors que les personnes sans-papiers se retrouvent cantonnées dans boulots ultra précaires aux conditions inadmissibles, une main d’oeuvre bon marché au seul profit.. de patrons peu scrupuleux. Ou encore le non moins célèbre “On ne peut pas accueillir toute la misère du monde”, utilisé pour justifier l’inaction face au racisme institutionnel et donner un apparat de rationalité sur ce qui n’est rien d’autre qu’une stratégie bien huilée permettant le maintien et la reproduction d’un système de privilèges d’une classe dominante sur une autre.
Pour la régularisation de tou.te.s les sans-papiers : convergence des luttes et mouvements combatifs larges !
La Gauche anticapitaliste soutient la lutte des personnes sans-papiers pour une vraie politique migratoire qui comprend :
- le démantèlement des centres fermés;
- l’ouverture des frontières;
- l’instauration de la liberté de circulation et d’installation pour tou.te.s, également pour les non européen.ne.s, avec égalité de droit;
- la régularisation de tou.te.s les personnes sans-papiers
- la solidarité internationale entre les peuples, leur droit à l’autodétermination contre tous les impérialismes.
Pour ce faire, la Gauche anticapitaliste soutient l’auto-organisation des personnes sans-papiers et la construction d’un rapport de force par une lutte unitaire regroupant les citoyen.ne.s (avec et sans-papiers) des trois parties du pays (Bruxelles, Flandre et Wallonie), les associations, les organisations politiques non gouvernementales, les universités et étudiant.e.s.
Grève des travailleuses sans papiers, une grève antiraciste et féministe !
Ce 16 juin, à l’occasion de la Journée Internationale des Travailleuses et Travailleurs domestiques, les travailleuses domestiques sans-papiers de la Ligue de la CSC Bruxelles sont en grève pour dénoncer l’exploitation dont elles sont victimes, mettre en lumière leur travail indispensable mais invisible et exiger qu’enfin la Belgique adopte la régularisation de toutes les personnes sans-papiers. Nous saluons cette initiative inédite en Belgique, et soutenons cette grève en soulignant l’importance de la convergence des luttes anticapitalistes, antiracistes et féministes.
Le nettoyage, que ce soit à domicile, dans les entreprises, bureaux, hôpitaux, etc., repose principalement sur les épaules de personnes précaires en grande majorité de genre féminin parmi lesquelles on compte un nombre important de femmes migrantes. Comme mis en avant lors des dernières grèves féministes (grève du travail productif ET du travail reproductif), les femmes sont sur représentées dans le soin au autres (enfants, personnes âgées, prise en charge des enfants, courses, repassage, lessive, cuisine, couture, secrétariat, soutien émotionnel) : un travail sans fin, lourd, invisibilisé et dévalorisé. Rendre visible le travail effectué par toutes les travailleuses domestiques avec ou sans-papiers, c’est mettre le doigt sur un élément central de l’exploitation capitaliste. Sans oublier qu’il n’y a pas d’émancipation des femmes si l’émancipation de certaines repose sur l’exploitation d’autres
En outre, les travailleuses sans-papiers font davantage face à de nombreuses violences racistes, sexistes et sexuelles rendues encore plus faciles par leur absence de droits et la difficulté de dénoncer les situations abusivent qu’elles vivent, par peur de l’expulsion.
La grève des travailleuses domestiques fait bouger les lignes du système capitaliste, de l’oppression raciste et patriarcale. C’est pourquoi, il est primordial que les mouvements sociaux comme le mouvement féministe soutiennent les grèves et les mobilisations des travailleuses domestiques avec et sans-papiers. Il est aussi important que le mouvement ouvrier se saisisse des revendications féministes et antiracistes. C’est pourquoi la Gauche anticapitaliste et sa commission féministe, Feminisme Yeah!, ont appelé à mobiliser largement pour cette journée d’actions. Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête !
Nous défendons la formation d’une société dans laquelle le travail ménager serait sorti de la sphère dite privée, son organisation ne tournerait pas autour du noyau familial et de l’exploitation de travailleuses mais serait pris au maximum en charge par l’ensemble de la société. Le temps d’y arriver, nous soutenons les revendications suivantes :
- La régularisation de toutes les personnes sans-papiers et une protection sociale complète.
- La transformation des titres-services et du travail domestique en service public.
- La reconnaissance et la prise en compte de la pénibilité du travail.
- L’éradication des violences racistes, sexistes et sexuelles au travail.
Parce qu’il est nécessaire et urgent d’agir ensemble en front commun syndical et politique de gauche combative, et pour faire face au capitalisme en vue d’une société débarrassée des oppressions hétéro-sexistes et racistes :
Rendez-vous le 20 juin à la manifestation nationale à Bruxelles à 10h30 au Boulevard Albert II