Ce mercredi 20 juin 2018, une centaine de militant.e.s du collectif #NotInMyName (dont les Jeunes anticapitalistes) ont envahi le centre fermé 127bis de Steenokkerzeel. C’est à 10h du matin que les activistes sont entré.e.s par le chantier de construction des “unités familiales”.

Les “unités familiales” n’ont rien de joyeux, ni de familial. Ce sont les mots qu’emploie le gouvernement (repris par tous les médias) pour enjoliver les choses. Il ne s’agit ni plus ni moins d’unités prévues pour emprisonner des enfants. A l’instar du médiateur fédéral et du Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, plus de 250 organisations belges dénoncent depuis des mois la construction de ces “unités familiales”.

Une fois tout le monde à l’intérieur, toutes les entrées ont été bloquées grâce à des militant.e.s attaché.e.s les un.e.s aux autres à l’aide “d’arm locks” et de “lock on” (des tuyaux dans lesquels les militant.e.s s’attachent les mains ensemble). D’autres personnes sont montées sur les toits du 127bis et y ont déployé des banderoles. Directement, nous avons compris que les personnes emprisonées injustement dans ces centres nous avaient aperçu et appréciaient notre action de soutien. Des bras sortaient des fenêtres à travers les barreaux pour nous faire signe, une personne agitait un drap blanc (sur lequel elle avait inscrit plus tard « Free ») une autre avait sorti un drapeau palestinien.

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« Liberté de circulaton.
Les mêmes droits pour tou.te.s ! »

Le but de l’action était clair ! Nous souhaitions mettre en lumière une réalité quotidienne qui est celle de la criminalisation des personnes immigrées en Belgique et en Europe. Cette politique amène à des rafles racistes visant les personnes migrantes dans les transports en commun ou au parc Maximilien jusqu’au meurtre policier de la petite Mawda. Les centres fermés ne sont rien d’autre que des prisons pour des personnes qui n’ont commis aucun crime (qu’elles soient mineures ou majeures).

La police est rapidement arrivée sur les lieux. Dans un premier temps c’est la police locale qui est arrivée pour observer ce qu’il se passait mais ensuite c’est la police fédérale qui est presque immédiatement passée à l’action. Les policier.e.s fédéra.ux.les sont monté.e.s sur les toits et ont directement procédé à l’arrestation des militant.e.s., parfois de manière violente en attrapant les activistes par le cou, les jetant violemment au sol, serrant très fort les colsons autour de leurs poignets et en les traînant au sol par la suite.

La question était ensuite de savoir comment ils comptaient faire descendre les militant.e.s du toit. C’est rapidement un énorme camion de pompier qui est arrivé pour faire descendre les activistes à l’aide de leur nacelle. Gros étonnement de la part de tout le monde de découvrir que les pompiers étaient appelés pour servir la machine à réprimer de l’Etat envers des militant.e.s pacifistes.

Policier.e.s et militant.e.s arrêté.e.s et colsoné.e.s sur le toit. La nacelle des pompiers en action pour faire descendre les personnes arrêtées.

Plusieurs journalistes de la RTBF étaient présents à l’intérieur des grilles pour filmer et témoigner de ce qu’il se passait au plus près des militant.e.s. Les journalistes ont donc eu l’occasion de comprendre notre façon de nous organiser démocratiquement, notre manière d’intervenir sur place pacifiquement (et dans le respect des ouvrier.e.s qui travaillaient sur le chantier) et ont pu s’apercevoir de la violence policière disproportionnée. C’est cela qui a commencé à gêner la police qui n’a donc pas hésité à arrêter les journalistes présent.e.s en confisquant leur matériel. Ils ont été emmenés au commissariat et retenus pendant une heure environ. Voilà qui a permis d’écarter des journalistes afin qu’ils ne reviennent plus sur les lieux. Une grave atteinte à la liberté de la presse qui a été dénoncée par tous les médias mais également par l’AJP et la Fédération européenne des journalistes.

Tout le monde a fini par être arrêté, les militant.e.s ont été divisé.e.s dans plusieurs commissariats à Steenokkerzeel, Malines, Bruxelles et Anvers. Nous avons été libéré.e.s après plusieurs heures.

Les médias se sont surtout concentrés sur l’arrestation des journalistes et notre action et nos messages sont passés au second plan. Malheureusement, ce corporatisme ne rassure pas sur le travail journalistique malgré cette entrave grave à la liberté de la presse.

Plus que jamais, il nous semble nécessaire de rappeler que nous dénonçons la politique anti-migratoire du gouvernement belge et européen. Les gouvernements vont de plus en plus loin dans la fermeture des frontières. Même s’il est impossible d’y arriver complètement, cela pousse les personnes migrantes à emprunter des voies de plus en plus dangereuses menant à des milliers de mort.e.s en méditerranée ou à ce que la police belge tue une enfant de 2 ans.

Parce que nous refusons cette politique meurtrière et raciste nous défendons :

  • L’ouverture des frontières
  • La liberté de circulation et d’installation pour tou.te.s
  • La régularisation de tou.te.s les sans-papiers et les mêmes droits pour tou.te.s
  • La suppression des centres fermés
  • La justice pour Mawda et sa famille