Les chamailleries de ces derniers jours entre les gouvernements flamand et fédéral ont dû laisser un goût amer, pour toutes celles et tous ceux qui rêvaient que la COP26 aboutisse à un accord mondial de coopération pour affronter la crise climatique. Non, la Belgique n’a pas trouvé d’accord sérieux avec les 196 autres pays participants, et elle n’en a pas trouvé non plus avec elle-même.

Rappel des faits : la ministre flamande de l’environnement, Zuhal Demir, a refusé un permis de construire à la centrale à gaz de Vilvorde, au motif qu’un tel projet serait dangereux pour la santé des habitant.e.s, à cause des émissions d’oxydes d’azote et d’ammoniac. De l’autre côté, la ministre fédérale de l’énergie, Tinne van der Straeten, se crispe. Pour elle, « la politique, c’est coopérer, pas s’opposer », et en l’occurrence, le refus de ce permis de construire ne vise qu’à saboter le plan fédéral de sortie du nucléaire d’ici 2025, indispensable vu la dangerosité croissante de nos centrales…

Coupons court au débat : les deux ont raison, et aucune des deux ne nous dirige vers une transition énergétique digne de ce nom. Nous n’avons pas plus envie d’habiter à côté d’une centrale nucléaire que d’une centrale à gaz. Ecolo est même en train de réussir l’exploit de laisser une ministre N-VA s’ériger en défenseuse de l’environnement, et de donner du crédit au sempiternel sophisme des fanatiques de l’atome : si l’on cesse de produire de l’électricité nucléaire, il faudra la produire autrement, et donc empirer les choses, puisque le nucléaire, bien sûr, est une énergie parfaitement en harmonie avec notre environnement — et la seule à l’être. Ce n’était finalement pas un discours très différent que Jean-Marc Nollet répondait aux activistes de People Power, le 11 octobre dernier, qui avaient occupé le siège d’Ecolo-Groen(1)Voir les vidéo ici : https://fb.watch/9m5ne_iwJK/ et https://fb.watch/9m5sc3GsjQ/ pour protester contre ces centrales : oui, nous fermons nos centrales nucléaires, mais il faut donc produire cette énergie autrement, et donc nous avons fait appel à notre meilleur ami le marché, et il ressort que la meilleure option est de construire de nouvelles centrales à gaz, et au passage d’empoisonner l’atmosphère et les riverain.e.s. Mais d’autres options peuvent toujours arriver sur la table, car tout le monde peut en proposer ! C’est la magie du marché, paraît-il.

Quel que soit le vainqueur du bras de fer, cet épisode nous restera comme un cas d’école : il n’y a pas de solution à la question énergétique si l’on ne prend pas le taureau par les cornes, c’est-à-dire si l’on ne questionne pas, une bonne fois pour toute, ce système économique dont les besoins en énergie ne peuvent faire que croître — car comme disait Schumpeter, « un capitalisme sans croissance est une contradiction dans les termes ».

Isolons tous les logements. Réduisons drastiquement le temps de travail. Fermons les secteurs inutiles et nuisibles : la publicité, les armes ou encore le luxe. Et nous aurons tôt fait de nous rendre compte que nous n’avons en réalité besoin ni du nucléaire, ni du gaz. En attendant, nous continuons d’apporter tout notre soutien à Tegengas/Dégaze comme à Komité Centrales, ainsi qu’à tous les mouvements qui s’opposent aux centrales à gaz et aux centrales nucléaires, anciennes comme nouvelles.


Ci-dessous, notre camarade Daniel Tanuro intervenait sur TV5 à propos de la COP26.

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