Le procès fleuve des manifestant.e.s du hirak du Rif s’est achevé mardi 26 juin au soir, sur de très lourdes peines, dignes des « années de plomb ». Les principa.les.ux animat.eur.rice.s du mouvement populaire rifain ont écopé de 20 ans de prison. Les charges retenues sont significatives : « tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage », « réception de fonds, de donations et d’autres moyens matériels destinées et à mener et financer une activité de propagande à même d’attenter à l’unité et la souveraineté du royaume », tentative « d’ébranler la loyauté des citoyens envers l’état marocain et les institutions nationales », etc.

La justice aux ordres de sa Majesté a voulu donner l’exemple dans un contexte marqué par plusieurs mouvements sociaux successifs contre la marginalisation, l’arbitraire, la répression, le coût de la vie. Le hirak du Rif et ceux qui lui ont succédé à Zagora, Jerada et bien d’autres localités sont fondamentalement pacifiques et défendent des revendications de base : des emplois, des hôpitaux, des écoles, la fin de la corruption et de la répression, l’accès aux services publics. Ces mouvements réclament la justice sociale, la dignité, l’accès aux droits fondamentaux, une autre répartition des richesses, dans un pays où la caste de milliardaires, dont le palais royal, ne cesse de s’enrichir et de piller à tout va.

Le pays connaît un tournant répressif : plus de 1000 détenu.e.s depuis l’année dernière, étudiant.e.s, chômeu.r.se.s, citoyen.ne.s impliqué.e.s dans les mouvements de base, journalistes, défenseu.r.se.s des droits humains. Rien ne change. Le règne de Mohamed VI est la continuité de celui de Hassan II, une dictature qui ne se donne même plus la peine de se cacher derrière une façade.

À travers ce procès, les masques tombent.  Les mobilisations qui ont suivi l’annonce des condamnations ont été également réprimées, en particulier dans le Rif, donnant lieu à de nouvelles vagues d’arrestations. Pour nos camarades du NPA en France, le soutien de l’État français est une arme de guerre contre le peuple marocain. En effet c’est lui qui fournit l’essentiel de la logistique, le matériel d’équipement répressif, la formation sur les techniques d’intervention. C’est lui, au travers de son Sénat, qui vient de remettre une médaille d’or à Mohamed Archane, un des plus grands tortionnaires du pays qui a sévi pendant des décennies contre des dizaines de militants. C’est lui qui chante les louanges de la « transition démocratique » et du caractère exceptionnel des relations entre ces deux pays.

La Gauche anticapitaliste apporte toute sa solidarité aux détenu.e.s injustement condamné.e.s et à leur famille, et exige leur libération immédiate et inconditionnelle. Elle réitère son soutien au hirak du Rif et à toutes les mobilisations populaires au Maroc. Il est temps que cesse toute complicité avec le régime policier de Mohamed VI.