Le Liban a été le théâtre, hier samedi, de manifestations qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes et d’affrontements violents avec les forces de sécurité, après que des militant.e.s aient appelé à une manifestation sur la place des Martyrs dans le centre de Beyrouth sous les slogans de « Jour des comptes » et « Pendez-les à la potence », afin que soient poursuivis les responsables de la négligence criminelle qui a provoqué l’explosion qui a détruit Beyrouth mardi passé, exigeant le renversement de tout le système au pouvoir sans exception, y compris le renversement du gouvernement et la destitution de la Chambre des députés et du président Michel Aoun.

Quelques minutes après le rassemblement des manifestant.e.s dans le centre-ville de Beyrouth, les forces de sécurité ont tenté de réprimer les manifestant.e.s, et la périphérie du Parlement a été le théâtre de violents affrontements entre les forces de sécurité et les manifestant.e.s. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestant.e.s, tandis que la place des Martyrs a été témoin de charges successives après que les forces de sécurité et l’armée ont tiré des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes en direction des manifestant.e.s. La Croix-Rouge libanaise a annoncé que plus de 490 manifestant.e.s avaient été blessé et il y a eu des dizaines d’arrestations.

Les pompiers de Beyrouth ont refusé d’arroser les manifestant.e.s avec de l’eau et de participer à la répression des manifestations.

Les manifestant.e.s ont pu contrôler les ministères de l’Énergie de l’Environnement et de l’Économie, et des dizaines de manifestant.e.s ont organisé un sit-in au sein du ministère des Affaires étrangères et y ont lancé le mot d’ordre de « Siège de la révolution du 17 Octobre » . Sans compter les manifestant.e.s qui ont pris d’assaut l’Association des Banques et l’ont incendiée. Les forces de sécurité ont empêché l’arrivée de manifestant.e.s de l’extérieur de Beyrouth pour tenter de réduire le nombre de manifestant.e.s.

Les jours précédents ont vu des charges à proximité du Parlement, à la suite de plusieurs manifestations spontanées de colère.

Les protestations d’hier sont survenues dans un contexte de colère générale, notamment contre l’élite politique corrompue qui a pillé le pays pendant de nombreuses années, un taux de chômage qui dépasse 36% dans la jeunesse et le taux d’ inflation qui dépasse les 400%. Sans parler de la pauvreté, qui touche près de 45% de la population libanaise . Ces mouvements s’inscrivent également dans le contexte d’une série de manifestations majeures ces dernières années, de la campagne « Vous puez  » en 2015 jusqu’à la « Révolution d’octobre » de l’année passée.

Traduction de l’arabe par Luiza Toscane.