La droite et ses avatars de gauche, inquiets de la montée du PTB, s’acharnent d’accuser ce parti de populisme. Selon les idéologues néolibéraux, l’extrême droite et l’extrême gauche sont des figures inverses l’un de l’autre. Il est incontestable que la droite radicale se nourrit de populisme, tout comme d’ailleurs Podemos, un mouvement politique qui se situe à gauche, pour ne pas mentionner Mélenchon. Mais accuser le PTB de populisme est un mensonge … populiste. Non moins populistes sont les élucubrations du premier ministre Michel qui voit déjà sombrer la Belgique dans le communisme.

L’objectif de cette accusation venant des partis « traditionnels » est de discréditer un parti de gauche qui les menace sur le plan électoral : « les communistes (le PTB) sont fourbes, ils abusent de la misère sociale pour inciter les gens à se révolter contre le libéralisme », en d’autres mots, de menacer les fondations libérales de la Belgique, tout comme le font les populistes de droite. Voilà pourquoi ils projettent ces figures inversées du populisme.

On sait bien que les gens sont confrontés avec le chômage, la démolition de la sécurité sociale, les attaques contre le code du travail, le fait que les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres et que les mandataires politiques profitent avec beaucoup de délectation et avec encore plus d’hypocrisie de leur mandats. Mais le PTB n’a pas le droit de faire de la démagogie autour de cette misère. Car le fric pour améliorer le sort des gens n’est pas disponible, point à la ligne. Et Les riches doivent devenir plus riches pour que nous puissions faire face à la concurrence libre et non faussée de l’étranger.

Il y a pourtant une grande différence entre la manière dont le PTB critique  la réalité sociale et politique, et celle du populisme de droite. Le PTB part du fait que notre société est divisée en classes sociales antagonistes, tandis que le populisme de droite rejette la notion de classe en donc la lutte de classe propre au régime capitaliste. Le populisme ne connaît que « le peuple », les 99%, le « nous », trompé par les 1% des profiteurs, l’élite frauduleuse. Cette affirmation est apolitique dans le sens que les structures sociales qui divisent la société n’existent pas dans l’idéologie populiste: il ne connaît que « eux », les mauvais, et « nous », les bons. Cette distinction ne repose pas sur des catégories sociales, mais au contraire sur une catégorie morale des plus subjectives. Selon eux tous les problèmes sociaux seront résolus à partir du jour où les « nous », les bons, auront triomphé.

En réalité ces 99% n’existent pas. Il s’agit d’une fiction pour maintenir l’idée national-populiste du « peuple », une fiction avec toutes ses connotations xénophobes et racistes. Elle fait abstraction des divers groupes et strates sociaux qui profitent d’une façon ou d’une autre, et cela objectivement, du capitalisme réellement existant : bureaucrates, actionnaires, classes moyennes supérieures, manageurs, fraudeurs fiscaux, hauts fonctionnaires, une grande partie du monde des médias, des publicitaires, des officiers supérieurs, etc. Ces différentes couches ne font précisément pas partie des damnés de la terre. Si les 99% auraient vraiment existé, le populisme aurait déjà longtemps supprimé les 1% et gagné la bataille. Le PTB sait très bien que « le peuple » ne forme pas un bloc homogène et ne le prétend pas dans sa propagande politique.

La distinction entre « eux » et « nous » (les blocs homogènes : Flamands autochtones, Allemands de souche, vrais Hongrois, etc.) implique un refus de la démocratie : les discussions, les divergences d’opinions divisent « le peuple », détruisent cette homogénéité supposée. De là le caractère autoritaire des régimes populistes, comme aujourd’hui la Hongrie sous Viktor Orbán en son Fidezs. Ce dernier a même rejeté le mot « république » pour caractériser le caractère politique du pays, tout comme le régime de Vichy qui parlait de « l’État » français. On ne peut prétendre que le PTB interdit ou refuse  toute discussion comme le font les populistes.

Un argument supplémentaire pour accuser le PTB de populisme est le soi-disant caractère démagogique de son programme socio-économique. Ce programme serait en effet démagogique s’il ne s’attaquait pas aux riches. Et c’est précisément cela que font les populistes quand ils prétendent par exemple que l’expulsion des immigrés résoudra les problèmes. Ceux qui attaquent le PTB feraient mieux de balayer devant leur porte. Ce ne sont pas seulement les populistes qui font de la démagogie et qui s’adonnent à d’autres formes de charlatanisme politique.

Les populistes nient la lutte de classe. Ceux parmi les partis traditionnels qui la nient, mais la pratiquent contre le monde du travail, sont des hypocrites. Tous deux maintiennent justement l’injustice.