Communiqué de presse commun

La réforme du décret Paysage promulguée par la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny (MR) est entrée en application cette rentrée 2022 et les conséquences en sont déjà catastrophiques.

Madame Glatigny part du constat que les études s’allongent depuis le décret Paysage (2013) et que cela augmente la précarité étudiante car les ménages doivent financer plus d’années d’étude.

Les principaux changements apportés impactant les étudiant·e·s sont l’apparition de balises dans leur parcours et donc de nouvelles règles de finançabilité ; un budget à l’aide à la réussite renforcé ; la légalisation de la note absorbante ; et l’avancement du 31 octobre au 30 septembre des délais d’inscription.

Le non-respect des conditions de réussite entraînera la non-finançabilité de l’étudiant·e pendant 5 années académiques, le recours au jury étant possible moyennant certaines conditions et motivations. Les étudiant·e·s ne pourront pas s’inscrire en deuxième année s’iels n’ont pas acquis l’entièreté des 60 crédits de première année, hormis certaines conditions soumises à l’appréciation du jury.

Cette réforme visant à baliser le parcours des étudiant·e·s risque très fortement d’accentuer la sélection sociale dans un système d’Enseignement supérieur déjà élitiste et ne va en aucun cas permettre un taux de réussite plus élevé ni réduire la précarité étudiante. Alors que la réussite est fortement corrélée avec le degré d’éducation des parents, faire porter une responsabilité individuelle sur les étudiant·e·s va dans le sens inverse d’une démocratisation de l’Enseignement supérieur. Ce n’est pas en forçant les étudiant·e·s à réussir qu’iels réussiront.

Madame Glatigny assume ces critères de réussite plus stricts et les justifie par un budget renforcé de 6 millions d’euros pour l’aide à la réussite. Or, ces 6 millions d’euros devront être partagés entre 42 établissements : cela nous semble totalement insuffisant face à l’augmentation du nombre d’étudiant·e·s et à la forte demande qu’il risque d’y avoir. De plus, la manière dont ce budget va être dépensé est floue et laissée à l’appréciation des établissements. Nous ne savons pas s’il s’agira de réels cours d’aide à la réussite ou de simples documents en ligne comme c’est parfois le cas.

Soit la ministre de l’Enseignement supérieur est coupée des réalités de terrain et donc des effets concrets de sa réforme sur les étudiant·e·s dès cette rentrée 2022, soit elle n’en a rien à faire. Depuis la rentrée, voire même avant, les services juridiques de différentes associations étudiantes sont surchargés par les demandes des étudiant·e·s face à cette réforme et peinent à répondre à leurs questions du fait du flou entraîné par cette réforme. Des milliers d’étudiant·e·s se demandent comment faire pour réussir dans les temps impartis, car bon nombre d’entre elles et eux ne sont pas dans des conditions idéales pour réussir leurs études (logement bruyant, petit, éloigné…) et doivent très souvent concilier jobs et études (pour rappel, près d’un étudiant sur trois est jobiste). En tant qu’étudiant·e·s, nous remarquons également une surcharge des secrétariats qui peinent à gérer toutes les demandes d’inscription dans les nouveaux délais.

Alors, oui, la réforme permettra de supprimer la précarité étudiante, car elle supprimera tout simplement les étudiant·e·s précaires du monde universitaire.

Plus largement, cette réforme s’inscrit dans une continuité de lois allant dans le sens d’un Enseignement supérieur de moins en moins démocratique et soumis à des logiques marchandes. Il est urgent d’inverser cette tendance.

Nos revendications sont claires, nous réclamons :

  • Le retrait de la réforme du décret paysage, accompagné d’un réel plan pour lutter contre la précarité étudiante et la démocratisation de l’Enseignement supérieur.
  • Pour nous, seul un refinancement structurel permettant d’augmenter le personnel enseignant et de mettre en place plus d’infrastructures pour l’Enseignement supérieur, à la hauteur de nos besoins, sera à même de le rendre plus égalitaire et de favoriser la réussite des étudiant·e·s.
  • Nous demandons également une diminution du coût des études, via notamment une suppression du minerval étudiant.

Pour faire entendre nos revendications, nous nous rassemblerons devant le cabinet de la Ministre le 21 octobre à 12h (Place Surlet de Chokier 15-17, Bruxelles)

Signataires :
– Union Syndicale Étudiante (USE)
– Jeunes FGTB
– Fédération des Étudiant·e·s Francophones (FEF)
– écolo j
– Comac
Jeunes anticapitalistes (JAC)
– Mouvement des Jeunes Socialistes
– Jeunes CSC
– Association Inter-Cercles
– Assemblée Générale des Étudiant·e·s de Louvain (AGL)
– Le Cercle du Libre-Examen
– Cercle des Étudiants Arabo-Européens