Dimanche 27 février, le PTB organisait une manifestation pour dire basta à l’énergie chère, au blocage des salaires et à une gestion libérale antidémocratique de la crise sanitaire. L’événement facebook du PTB appelait à être « ensemble dans la rue » (1)Voir : facebook.com/events/1231697644022486. Un appel entendu par la Gauche anticapitaliste / SAP antikapitalisten et publié sur nos sites (2)Lire notre appel ici..
La manifestation a rassemblé autour de 6000 personnes, membres du PTB ou non : parmi elleux, beaucoup de travailleurs et travailleuses, parmi lesquel.le.s des syndicalistes, des ouvriers/ères et des pensionné.e.s. Nous avons remarqué entre autres un beau groupe derrière leur banderole sur la santé, un bloc féministe et un sur le climat, ou encore des travailleurs/euses du commerce. Parmi les personnes présentes, de nombreuses précaires, touchées par les crises : personnes malades, souffrant de handicap, etc. La présence des organisations syndicales en tant que telles était limitée à la centrale ACV Pulse (centrale CSC des employé.e.s néerlandophones).
La présence de militant.e.s de la Gauche anticapitaliste a été saluée par de nombreux/euses militant.e.s venu.e.s manifester. Nous avons distribué un tract (version raccourcie de notre appel) et discuté des mesures à avancer, des stratégies et de la nécessité de construire des mouvements unitaires.
Mettre 6000 personnes dans la rue n’est pas à la portée de n’importe quelle organisation politique. Ceci dit, plusieurs questions restent sur la forme de la mobilisation et la stratégie mise en œuvre…
Nous l’avions dit, il était important que la principale force de gauche du pays prenne une initiative pour remettre les thématiques sociales sur la table. Mettre 6000 personnes dans la rue n’est pas à la portée de n’importe quelle organisation politique. Ceci dit, plusieurs questions restent sur la forme de la mobilisation et la stratégie mise en œuvre : de façon interpellante, le service d’ordre du PTB a reproduit son attitude autoritaire déjà vue en 2014 à la Protest Parade (3)Une manifestation où « tout le monde était le bienvenu » mais où le service d’ordre du PTB avait d’autres consignes (lire notre compte-rendu de l’époque : Protestparade: un beau succès et une ombre au tableau). Le PTB s’était alors excusé auprès de notre organisation (qui s’appelait LCR à l’époque) dans un communiqué qui était encore sur le site du PTB ce dimanche 27… mais a été effacé quelques heures après BASTA! Un communiqué lisible ici. Et sa conclusion : « Nous regrettons ces tentatives agressives de récupération politique du PSL, les tensions que cela a pu mener et les désagréments causés à d’autres manifestants et organisations, dont notamment la LCR et le PC, qui étaient venus manifester en toute honnêteté et solidarité. ». Ainsi, notre petit bloc a été tenu à l’écart par un cordon d’une trentaine de stewards, à distance du reste de la manifestation.
Interpellé, le responsable nous a répondu qu’il s’agissait d’une « manifestation du PTB uniquement » (NDLR : alors que les drapeaux du PC liégeois et de la Jeunesse communiste flottaient, eux, dans la manifestation, à plusieurs dizaines de mètres…), que leur cordon « fermait » la manifestation et que nous devions « rester derrière » : « Nous avons des ordres », a-t-il conclu. Quelques militant.e.s PTB se sont indigné.e.s de cette attitude, sans réaction de la part du responsable. Nous avons néanmoins suivi la manifestation avec entrain et slogans entre autres contre la vie chère, le capitalisme, les discriminations et la guerre de Poutine, animant bon gré mal gré, depuis l’extérieur, une fin de cortège par ailleurs calme.
Une question subsiste : le PTB pense-t-il réussir « tout seul », en tant que force politique, à changer le monde, ou même la Belgique ?
Plus fondamentalement, la manifestation de dimanche a surtout permis au PTB de compter ses forces dans un rassemblement populaire aux revendications immédiates et de bon sens, bien qu’elles ne ciblent pas la racine des multiples crises provoquées par les convulsions d’un capitalisme toujours plus menaçant pour l’humanité. Mais une question subsiste : le PTB pense-t-il réussir « tout seul », en tant que force politique, à changer le monde, ou même la Belgique ?
Comme nous le disions dans notre appel à manifester le 27 : « [Il] est nécessaire d’offrir des perspectives au-delà des mobilisations ponctuelles et/ou autour d’un seul parti et de faire le lien entre les différentes luttes. Pour cela, le PTB dispose de nombreux relais pour réveiller les syndicats, les organisations les plus massives de la classe travailleuse en Belgique. Les rendez-vous féministes, antiracistes et écologiques du mois de mars fournissent également, à nouveau, des points d’appui en ce sens. Pour sortir l’ensemble de notre classe d’une posture défensive, cela nécessite aussi d’impulser au maximum l’auto-organisation collective par en-bas (…) ». L’unité large et plurielle reste une condition indispensable pour ce faire. Aucun service d’ordre ne permettra de contourner cet enjeu. L’audace de l’ouverture, elle, peut contribuer à y répondre.
Photo : Dominique Botte.
Notes