Ceci est le texte du tract qui sera distribué par la Gauche anticapitaliste et son organisation de jeunesse, les Jeunes anticapitalistes lors de la journée d’hommage à Ihsane Jarfi le 17 mai et lors de la Pride de ce samedi 19 mai.

La Pride est une fête qui commémore les émeutes de Stonewall contre les violences policières envers la communauté LGTBQI+ à une époque où les “homosexuel.le.s” (en fait, tou·te·s celleux qui ne rentraient pas dans les cases des personnes hétéros et cisgenres – qui se définissent par le genre qu’on leur a assigné à la naissance) ne pouvaient pas consommer d’alcool ou s’habiller comme ielles le voulaient. Les manifestant·e·s, homos, bi, trans, drags, blanc·he·s ou noir·e·s, tiendront en respect la police pendant deux nuits.

Ce rappel historique devrait poser un certain nombre de questions : où est passée la contestation dans la Pride ?

Dans le cortège, outre les entreprises et leur agression publicitaire (poussant littéralement dans le dos les manifestant·e·s qui n’avancent pas assez vite), on retrouvera un certain nombre de trouble-fêtes qui n’ont rien à y faire.

Tout d’abord, et ça devrait sauter aux yeux, une présence policière envahissante. Un comble en voyant les interrogatoires invasifs (avec des questions sans aucun rapport avec la mission qui leur est confiée) que la police mène encore (malgré avoir annoncé qu’elle arrêterait) auprès des personnes trans* effectuant un changement de genre sur leur carte d’identité.

Il y a à peine deux mois, cette même police attaquait les militant·e·s féministes, trans et/ou queer à la manifestation Reclaim The Night, 300 mètres après le départ du cortège.

Non contente de nous faire taire, de nombreux témoignages font état d’insultes transphobes, homophobes, sexistes et racistes issues des rangs de la police, en plus des violences physique.

Cyniquement, le porte-parole de la police proposera aux militant·e·s ayant vu leurs droits élémentaires bafoués de porter plainte au Comité P (la police des polices) où 80% des plaintes sont mises au panier avant la moindre enquête.

De leur côté, le silence des Rainbowcops est assourdissant dès qu’il s’agit de dénoncer les violences policières.

En plus de la police, nous avons droit à certains partis politiques et à leur cynisme dégoulinant, cherchant n’importe quelle occasion pour se laver les mains en mode Pinkwashing (la stratégie qui sert à se présenter comme allié des LGBTQI+ tout en continuant à commettre d’autres atrocités, simplement pour soigner son image).

L’Open-VLD, avec Maggie De Block qui coupe les subsides d’associations luttant contre le SIDA (comme Ex Æquo) tout en acceptant hypocritement de nous laisser donner notre sang sous des conditions absurdes, homophobes et biphobes.

À titre de comparaison, San Francisco a réduit de moitié les IST (infections sexuellement transmissibles) en 4 ans tandis qu’à Bruxelles, les chiffres stagnent : c’est d’abord une question de choix politique et De Block préfère laisser crever des personnes séropositives plutôt que de mettre les moyens dans la prévention.

Le MR qui continue à planquer Alain Destexhe qui a blanchi les élections en Azerbaïdjan, se rendant complice d’un gouvernement réprimant violemment les LGBTQI+.

La N-VA qui souffle sur les braises du racisme pour nous diviser en présentant l’Islam comme une menace pour nos droits tout en applaudissant la police. Parti fascistoïde qui ne s’est toujours pas désolidarisé de l’odieux Théo Francken, lui qui cherche à nous instrumentaliser pour justifier son islamophobie crasse, tout en déclarant dans sa correspondance que les LGBTQI+ avaient « tout gagné » et avaient des droits égaux aux cis-hétéros : que vient donc faire la N-VA à la Pride si nous avons tout gagné ? De même, la présence de ce parti va visiblement à l’encontre de la revendication pour des communes hospitalières portées par la Pride : si ce parti avait la moindre décence, il n’aurait même pas osé demander à y participer.

Tous ces constats, amers, ne doivent pas nous faire oublier que la Pride est une fête d’anniversaire : et quand il s’agit d’organiser un anniversaire, on n’invite que ses ami·e·s, pas les rabat-joie !

Pour une Pride combative et festive, nous refusons la présence de tou·te·s celleux qui nous traitent comme des sous-êtres ou du bétail électoral le reste de l’année !

Nous réclamons

  • Une enquête transparente sur les violences contre Reclaim The Night.
  • Une éducation sexuelle qui inclut pleinement les thématiques LGBTQI+ plutôt que de les effacer.
  • Un plan national de lutte contre les violences et discriminations machistes et homophobes, les stéréotypes et les discriminations contre les LGBTQI+, correctement financé.
  • Avortement et contraception 100% libres et gratuits, refinancement des plannings familiaux et de la prévention face aux IST.
  • Contre l’instrumentalisation des LGBTQI+ pour justifier des politiques racistes ou impérialistes.
  • La fin de la discrimination pour le don du sang.
  • Des structures d’accueil pour les jeunes LGBTQI+ chassé·e·s de chez elleux.
  • Plus de moyens pour la prévention contre le suicide : les LGBTQI+ se suicident quatre fois plus que le reste de la population.
  • Stop à la pathologisation des personnes trans : malgré une loi récemment passée, des avancées restent à accomplir pour totalement démédicaliser le parcours des personnes trans* de 16 à 18 ans. La modification du genre enregistré doit de plus être autorisée avant 16 ans, et le changement de prénom des enfants trans* facilité avant l’âge de 12 ans.
  • L’enregistrement du genre sur les documents d’identité doit être optionnel.
  • La reconnaissance des personnes non-binaires ou aux genres fluides.
  • La fin de la discrimination sur le lieu de travail : le taux de chômage des personnes transgenres s’élève à près de 30% malgré un niveau d’études plus élevé, celui des homosexuel.le.s est à 15%.
  • La fin des mutilations des bébés intersexué·e·s.