Hommage au militant avec lequel j’ai partagé à la fois un militantisme politique, en tant que militante trotskiste, et syndical, au sein de la CGSP enseignement.

Tout d’abord nos pensées les plus chaleureuses et soutenantes vont à ses proches.

Quelques lignes pour partager un engagement qu’il a décrit dans deux tomes de mémoires, pas facile !

Donc je vais évoquer un peu de ce parcours militant extraordinaire qui m’a marquée, et surtout l’héritage politique qu’il nous a légué, les valeurs qu’il défendait et qui font que beaucoup de personnes ont pour lui énormément d’estime, et de respect fraternel.

Georges provient d’une famille qui a lutté contre le fascisme, le nazisme ; plusieurs de ses membres ont perdu la vie, victimes de la répression nazie.

Il a milité dès sa prime jeunesse, jusqu’à la fin de sa vie. Dans ses mémoires, il évoque à plusieurs reprises l’ouvrage de Trotski, La révolution trahie, une des lectures qui l’ont profondément influencé. Il s’est engagé dès le début pour un socialisme réellement marxiste, démocratique, internationaliste, et contre les dérives du stalinisme, pour une révolution portée par l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et contre la bureaucratie.

Son combat, il l’a mené en adhérant dès 1953 à la IVe Internationale. Il adhère aussi à la Jeune Garde Socialiste au sein de laquelle il jouera un rôle déterminant . En 1956, le journal La Gauche est édité par un courant de gauche au sein du PSB, et il en est l’une des chevilles ouvrières. À l’époque les membres de la IVe Internationale militent au sein du Parti Socialiste, et tentent d’y construire un courant révolutionnaire. Mais iels en sont exclus, parce qu’iels étaient révolutionnaires justement. En 1963 iels sont parmi ceux qui fondent, après avoir joué un rôle clé dans la grève de 1960-61, le PWT, Parti Wallon des travailleurs (et l’UGS à Bruxelles). En 1971, iels fondent la LRT, Ligue Révolutionnaire des Travailleurs, qui deviendra ensuite le POS, puis la LCR, aujourd’hui Gauche anticapitaliste.

Georges a consacré l’essentiel de sa vie à ce militantisme. Son engagement internationaliste est énorme. Fin des années 50 et début des années 60, il se rend en Tchécoslovaquie et en Pologne, pour appuyer les militant.e.s en révolte contre le stalinisme, pour une véritable démocratie socialiste. Il participe aussi au réseau qui héberge des militants du FLN au moment de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. À tous ces moments il doit agir en clandestinité.

Pendant cette période il participe au bureau politique de la IVe Internationale, il mène même des missions en extrême-orient, au Japon par exemple. Être trotskiste dans ces années là, ce n’est pas facile, Ernest Mandel par exemple est interdit de séjour dans plusieurs pays. On est considéré comme dangereux à la fois par les partis qui défendent la bourgeoisie, bien sûr, mais aussi par les partis socialistes qui participent au pouvoir, et par les partis communistes qui défendent l’héritage stalinien.

Cette période, moi qui vous en parle, je ne l’ai pas vécue ; ses camarades de l’époque ont pour la plupart disparu, c’est pour cela que c’est moi qui m’exprime aujourd’hui. J’ai adhéré à la LRT en 1976. J’ai entendu parler de tous ces combats et j’ai pu rencontrer certains de ces militants, dont Georges .

À ce moment-là, il a quitté la LRT et a privilégié pendant une vingtaine d’années son militantisme syndical, marqué par la volonté de construire une action directe avec les enseignant.e.s à la base, et de défendre le projet d’école unique, émancipatrice pour tous les élèves, avec un tronc commun jusqu’à 16 ans, mettant fin à la sélection sociale dans l’enseignement qui assigne à chacun des filières différentes, l’enseignement général pour l’élite, le professionnel pour les autres…

Il est resté cependant présent à nos côtés tout au long de ces années, et actif dans toutes les luttes sociales, des enseignants, des services publics, de la sidérurgie, etc. Il nous a rejoint à nouveau en tant que membre en 1994. Depuis cette époque, il a été parmi ceux qui ont tenté de créer un regroupement à gauche du PS sans sectarisme, Gauches Unies en 1994, et d’autres tentatives ensuite. Cela est très important pour moi, ce projet d’unifier les organisations et les individus qui se réclament d’une gauche radicale, « Un autre monde est possible » !

Georges a été le meilleur vendeur de notre journal la Gauche ; j’en ai vendu beaucoup aussi, mais le 1er mai, il gagnait le challenge ! Georges a appuyé les combats féministes, écologistes, et de soutien aux sans-papiers au sein de notre organisation.

Nous lui devons beaucoup ! En particulier, et pour terminer, je tiens à souligner un point qui nous est commun : malgré toutes les difficultés, les défaites subies par le mouvement ouvrier à différents moments, il gardait un optimisme, pour l’espérance d’un monde où triomphera l’égalité sociale, cet optimisme qui nous aide à tenir debout !


Il y a 8 ans, témoignage de Georges Dobbeleer pour Le Soir sur la grève de l’hiver 1960

Photo : Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale – IHOES