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Piquet à la prison d’Anvers. Vingt participant.e.s. Sur les 70 employés, 10 étaient au travail (principalement du personnel administratif).

Le mardi 10 octobre 2017, le syndicat de la fonction publique CGSP a organisé une «journée de réaction». Le syndicat souhaitait protester contre les politiques de démantèlement des gouvernements de droite. Cette politique de démolition ne porte pas seulement atteinte à la viabilité mais aussi à la qualité des services du secteur public.

Cela crée également une détérioration rapide des conditions de travail pour le personnel de ces services publics. Les pensions des fonctionnaires sont également attaquées. Les droits et libertés démocratiques sont aussi menacés par les plans d’instauration d’un service minimum – c’est à dire une attaque contre le droit de grève.

Ce qui a réellement mis le feu au poudre c’est ce que l’on appelle « l’accord d’été » du gouvernement fédéral. Cet accord incluait notamment l’abandon des contrats statutaires à temps plein dans le secteur public, l’épargne sur les retraites et l’ouverture à la privatisation.

Une lutte difficile

Piquet à la gare d’Anvers-Berchem: la moitié des trains ont été supprimés. Notons également la présence de Hart boven Hard

Les militant.e.s de la CGSP n’ont pas choisi le chemin le plus simple avec leur «journée de réaction». Ils savaient qu’ils seraient confrontés à de grosses critiques. Pour les médias, la grève est soit « une honte », ou un « échec ». En même temps, la Fédération des entreprises belges (FEB) déclare que « cette grève politique a coûté plus de 40 millions d’euros ». Alors ? Échec ou pas ? Les syndicats chrétiens et libéraux ont promis un automne chaud après l’annonce de l’accord d’été, mais ils n’ont rien fait pour mobiliser leurs affilié.e.s. À la CGSP, c’était un peu différent.

Les militant.e.s de différents secteurs demandaient depuis longtemps le lancement d’un nouveau plan d’action crédible. La direction intersectorielle de la CGSP a mis en place un tel plan début septembre, axé principalement sur des actions de sensibilisation.

Sa mise en œuvre concrète a été confiée aux différents secteurs de la CGSP (Chemin de fer, Poste, Métro-Tram-Bus, Administrations Locales et Régionales, Services Publics Fédéraux, …). Plusieurs de ces secteurs trouvaient que la temps de la sensibilisation était fini. Iels ont décidé de transformer la « journée de réaction » du 10 octobre 2017 en un véritable « jour d’action ». C’est donc une action de grève qui a été concrétisée.

Succès inégal

Piquet à la gare de Gand Saint-Pierre avec les camarades SAP et LSP

Vu que la CGSP était seule dans cette action de grève, il n’est pas surprenant que son succès soit inégal. Dans les secteurs et les provinces où la CGSP est forte, l’action a été plutôt bien suivie. Ailleurs, c’était nettement moins bien (il fallait s’y attendre).

Ainsi, la grève en Communauté française a eu un grand à très grand impact : dans les provinces du Hainaut, de Liège et de Namur 30 à 40% des bureaux de poste sont restés fermés, ailleurs le service postal (comme dans le Limbourg) a fortement été perturbé.

L’utilisation active de cheminots non-gréviste n’a pas empêché que la moitié des trains n’ont pas roulé, ce qui a aussi été le cas dans les transports publics urbains à Liège, Charleroi, Anvers et Gand. En région bruxelloise, aucun bus ne roulait. Les métros et les trams étaient également fortement silencieux.

Des militant.e.s de la Gauche anticapitaliste et des JAC distribuent un tract dans les écoles

Chez les gardiens de prison, qui en ont gros sur la patate depuis longtemps, la grève a été quasi générale à travers le pays. Des piquets de grève aux écluses ont fortement perturbé la navigation intérieure. Cela a été particulièrement le cas sur le canal Bruxelles-Escaut et les écluses à Zemst et Wijnegem.

Dans les communes, plusieurs musées ont été forcés de fermer leurs portes, alors que la collecte des ordures a, ici et là, aussi été fortement perturbée. Dans de nombreuses administrations communales, maisons de soins et de repos et de crèches ont également cessé de travailler.

Une délégation de la Gauche anticapitaliste a soutenu à l’aube les piquets de la CGSP

À Gand, les militant.e.s de la CGSP ont remis 508 sucettes au conseil municipal, tandis que la soupe était servie dans la rue. Sous le slogan « Le gouvernement appauvrit, la CGSP réchauffe», ils ont voulu à nouveau dénoncer le refus de la ministre flamande Liesbeth Homans (N-VA) de transformer 508 contractuels en emplois statutaires.

Bien que les particularités du système de travail en équipe sur les voies fluviales et maritimes faisait en sorte que la plupart des membres de la CGSP ne travaillaient pas et ne pouvaient donc pas se mettre en grève, plusieurs écluses dans les ports n’ont pas pu être surveillées ce qui a nui au trafic maritime.

Soutien de secteurs privés

Action matinale chez le ministre wallon Carlo Di Antonio, qui veut instaurer le service minimum au TEC. Voilà ce qu’on pense de leur politique !

La grève pouvait également compter sur le soutien du secteur privé (parfois uniquement moralement). Par exemple, des militant.e.s de la Centrale Générale du Limbourg ont manifesté leur soutien lors d’une manifestation. Le SETCA l’a fait sur diverses piquets à Anvers et Bruxelles. Le travail a également été arrêté chez le constructeur automobile Audi à Forest et dans un certain nombre d’autres entreprises du secteur métallurgique dans le Brabant wallon; ceci faisant suite à un appel des Métallos brabançon.ne.s.

À Gand, la FGTB régionale a mené une action au SPF Finances, avec des délégations provenant de la CGSP, de la Centrale Générale, du SETCA et de la FGTB Métal. Quelques 150 militant.e.s ont écouté un discours de la secrétaire régional Katrien Neyt. Par la suite, de nombreux participant.e.s ont assisté au meeting organisé par la CGSP à la maison communale. Dans les jours à venir, les militant.e.s des différents secteurs vont faire le bilan de cette « journée de réaction ». Ensuite, iels verront comment de nouvelles pressions pourront être exercées sur ce gouvernement de malheurs.

Ne pas relâcher la pression

1000 manifestant.e.s à Mons

Qu’une grève d’un jour ne suffisait pas, était très claire depuis le début. Nous avons besoin d’un nouveau plan d’action crédible, avec une montée graduelle en puissance des actions et de revendications claires. Nous avons, plus que jamais, besoin d’un front commun syndical combatif, d’un front entre les entreprises privées et les services publics, et entre la FGTB et la CSC.

Nous appelons tou.te.s les syndicalistes combati.f.ve.s d’unir leurs forces dans leurs propres syndicats; de plus se concerter et de collaborer entre eux, indépendamment de leurs centrales, syndicats ou opinions politique. Nous avons du pain sur la planche.