La nécessité de donner une réponse politique de gauche en prolongement aux luttes sociales commence à intégrer la dimension unitaire. L’effacement d’un Syriza « pasokisé », qui s’est traduit par son implosion, clarifie le paysage.

Et si le congrès de Nea Aristera, groupe formé à l’initiative des ancienNEs cadres autour de Syriza, appelle à un Front populaire, en assumant la politique désastreuse de Tsipras au pouvoir, c’est dans la gauche radicale et révolutionnaire que des forces veulent en finir avec l’autoproclamation du parti révolutionnaire et travaillent à un cadre unitaire, à la lumière d’autres expériences. À cette fin, cinq groupes ont invité à Athènes le 8 novembre notre camarade Olivier Besancenot à animer un meeting sur la question du Nouveau Front populaire, qu’on met un peu à toutes les sauces ici. Parmi ces organisations, DEA, Anametrissi (y militent les camarades de la Tendance programmatique IVe Internationale, un des deux groupes de la section grecque), Metavassi (groupe issu de NAR, la principale organisation de la gauche révolutionnaire)…

Un meeting réussi

Olivier a d’abord insisté sur la gravité de la situation mondiale, la bourgeoisie choisissant de laisser former des gouvernements de droite extrême ou d’extrême droite, avec toutes les menaces de guerres qui s’amoncellent dans le cadre des concurrences interimpérialistes, et bien sûr une extension générale de la répression contre les mobilisations et la gauche. Il a montré comment le NFP est avant tout le fruit d’une mobilisation exceptionnelle qui donne espoir dans les capacités de résistance du mouvement de masse. Et cette mobilisation est en même temps le fruit des mouvements de masse antérieurs, par exemple contre la retraite à 64 ans, et de la pression unitaire qui a joué un rôle important pour le front syndical l’an passé. Mais la situation actuelle est celle d’un abandon du NFP pour un repli partidaire dans le cadre électoraliste des institutions, et face à cela, la volonté du NPA est de faire vivre des comités locaux NFP.

Diverses questions de la salle ont suivi, dénotant un intérêt dépassant le cadre des 5 organisations. De manière générale, tout le monde semblait fort heureux d’une rencontre ponctuée par un appel internationaliste à se battre. Succès de la participation avec 350 à 400 personnes. Tout le monde est reparti avec du tonus pour faire face aux échéances nombreuses, et avec l’idée qu’il faut travailler à créer un front à vocation unitaire et révolutionnaire.

La colère sociale monte !

Tous ces derniers jours, des mobilisations importantes ont lieu : contre la répression de syndicalistes enseignantEs, le gouvernement a voulu interdire la grève enseignante, il s’est retrouvé avec une grève de la fonction publique ! Ça bouge bien sûr dans les facs, face au projet de réduire d’un tiers des départements de l’université publique. Mais aussi chez les collégienNE s et lycéenNEs, contre le manque de profs et la fusion de classes. Les 2 500 pompiers saisonniers se mobilisent pour que leurs contrats ne se réduisent pas aux mois d’été, vu la situation catastrophique des incendies et de leur prévention. Les habitantEs d’îles comme Ikaria, Samothrace refusent en masse l’imposition de centaines d’éoliennes. Le tout sur fond de répression, devenant orwellienne contre les pompiers, ou comme au Pirée où des collégienNEs ont été convoqués par la police car « soupçonnéEs de vouloir ­occuper leur ­établissement » !

Un résultat peut-être prometteur de l’ambiance : PAME, le très sectaire courant syndical du KKE (PC grec), a invité à une conférence des syndicats radicaux, comme celui des livreurEs…

Sans oublier bien sûr la mobilisation annuelle du 17 novembre commémorant le massacre de l’Université polytechnique par la junte des colonels, un temps fort de l’agenda social et donc politique sera la grève générale appelée le 20 novembre, à un moment où 2,5 millions de contribuables vivent sous le seuil de pauvreté.


Article initialement publié le 22 novembre sur le site de l’Anticapitaliste