Communiqué de la Gauche anticapitaliste suite au premier tour des législatives en France.

La France est au bord du gouffre. Dimanche, un parti fondé par des Waffen-SS pourrait prendre le pouvoir dans la cinquième puissance mondiale. Et faire basculer la France, mais peut-être aussi l’Europe, dans l’irréparable : destruction des garde-fous démocratiques, piétinement des droits des femmes et des personnes LGBTI+, attaques en série contre la classe travailleuse, enfermement et déportation de personnes migrantes et déchaînement illimité de la violence policière.

Cette montée du RN a largement été analysée, depuis des années, comme le fruit d’un profond dégoût face à une classe politicienne qui a continuellement méprisé son électorat ; dégoût qui, vu la faiblesse des forces progressistes et des perspectives de transformation sociale, se traduit dans un vote de rejet et de rancœur.

Cette analyse est juste. Mais elle ne doit pas occulter un autre aspect de la dynamique : la banalisation par les politicien∙nes et les journalistes de l’extrême droite et de ses idées. Une partie de la classe capitaliste a très nettement fait le choix du fascisme, à commencer par le milliardaire Vincent Bolloré, dont la fortune est bâtie sur le néocolonialisme. Mais le reste, sans forcément adhérer à son projet, semble désormais prêt à s’en accommoder. Les député∙es macronistes ont voté pour avoir des vice-présidents d’extrême droite plutôt que de gauche à l’Assemblée nationale, avant de porter une loi commune sur les conditions d’accueil des migrant∙es. De nombreux∙ses journalistes ont passé les trois semaines de campagne à interviewer le RN comme s’il s’agissait d’un parti comme un autre, refusant même parfois de le qualifier de parti d’extrême droite, tout en se joignant au gouvernement pour construire un récit faisant de la France insoumise un parti « d’extrême gauche », « hostile aux valeurs de la République », « antisémite » même, et qui représenterait un danger aussi grand, si non pire, que le RN.

On ne discute pas avec les fascistes : on les combat, par tous les moyens possibles. En Belgique francophone, nous avons su nous organiser pour empêcher leurs meetings, et maintenir la pression sur les journalistes pour qu’on ne leur tende jamais un micro. La situation française actuelle montre l’importance cardinale de maintenir ce cordon médiatique.

Mais au-delà de cela, leur barrer la route ne peut se faire qu’en offrant un véritable débouché à la colère, en construisant une alternative politique solidaire. Le Nouveau Front populaire a en partie réussi à le faire. Il se qualifie pour le second tour dans 446 circonscriptions sur 577y compris dans des circonscriptions où les candidat·es participent activement aux mobilisations sociales et sont convaincu·es de la nécessité de celles-ci pour rompre avec l’ordre néolibéral, autoritaire et raciste. Rien n’est joué : un sursaut antifasciste est possible et nécessaire, cette semaine et ensuite. Nous adressons notre solidarité antifasciste et internationaliste à nos camarades de France, et appelons toutes les personnes ayant la nationalité française qui nous suivent à se mobiliser pour barrer la route aux héritiers de Pétain. Ce jeudi, nous serons présent∙es aux rassemblements organisés par la Coordination antifasciste de Belgique à 17h30 devant les consulats de France, à Bruxelles et à Liège.

Photo : Rassemblement et manifestation spontanée à Paris après le premier tour des législatives (Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas)