Un néo-nazi, ancien membre du Vlaams Belang, est toujours en cavale depuis le 18 mai après avoir annoncé qu’il attaquerait une mosquée. Soutenu par des manifestations à travers le pays, il a pu agir grâce à des fautes graves du cabinet de la Défense en lui laissant un accès non surveillé à un arsenal militaire.
Le 15 mai, une adolescente de 14 ans se suicide après un viol collectif au cimetière de Gand dont les images seront diffusées par les auteurs.
Le 30 mai, une femme voilée est poignardée devant ses enfants à Evere dans un féminicide ignoble.
Il semblerait néanmoins que l’urgence de l’agenda féministe de la classe politique dominante soit d’exclure du monde du travail les femmxs(1)Femmes, personnes transgenres, non-binaires, queers, inter musulmanes portant le voile.
Faire tomber un gouvernement pour la mort d’une fillette ? Sûrement pas !
L’affaire est en 2 volets : premièrement, la condamnation de la Stib devant le tribunal du travail pour discrimination ; deuxièmement, la nomination d’Ihsane Haouach au poste de commissaire du gouvernement auprès de l’Institut de l’égalité entre les femmxs et les hommes.
La Stib a perdu son procès pour discrimination face au tribunal du travail. L’entreprise a décidé de ne pas faire appel (au travers de ses mandataires Ecolo, PTB et certains PS) et a donc préféré laisser le dernier mot aux tribunaux. Doit-on interjeter appel contre chaque décision de justice ? C’est visiblement la position de certain.e.s qui considèrent que les juges ignorent ce qu’est le principe de neutralité et qu’il n’a pas été mis en balance avec d’autres valeurs, notamment les lois contre la discrimination.
Il suffit de se pencher sur la décision de justice pour voir que ce n’est pas seulement la responsabilité de la Stib : UNIA a pris l’initiative de porter cette affaire devant les tribunaux aux côtés de la plaignante et compte dans ses rangs des membres nommé.e.s par les différentes entités fédérées. La classe politique est-elle donc à la fois pour et contre la discrimination ?
Le deuxième volet de ces sordides polémique, encore plus minable, consiste désormais à refuser la nomination d’une femme comme commissaire du gouvernement auprès de l’Institut de l’égalité entre les femmxs et les hommes simplement parce qu’elle est voilée.
La polémique ne devrait pourtant pas en être une : elle n’existe que par l’opportunité d’entretenir le racisme d’une manière respectable pour la droite en quête d’un électorat conservateur.
Notre pays est pourtant très familier des scandales d’état : meurtre d’une fillette de 2 ans par la police, affaire Publifin, collaboration avec les services secrets soudanais pour traquer des réfugié.e.s, dissimulation des crimes et du salut nazi de la police de Charleroi dans l’affaire Chovanec pendant 2 ans et demi, crises des masques médicaux, mise entre parenthèse de l’état de droit pour gérer la pandémie de COVID-19, …
Aucun de ces scandales n’a pourtant mis en danger les différents gouvernements impliqués dans ces tractations.
C’est pourtant aujourd’hui la menace qui est brandie par la droite (MR et DéFI) qui menacent aujourd’hui de faire tomber le gouvernement, le MR au fédéral au nom de la nomination d’Ihsane Haouach et DéFI à la région pour le refus de faire appel contre le tribunal du travail.
C’est donc la droite qui alimente la polémique raciste en sachant très bien que ce gouvernement fédéral est trop précieux pour la classe capitaliste belge pour qu’il soit bazardé aussi tôt suite à ce genre de polémiques qui n’intéressent pas plus que ça le patronat.
Cela témoigne assez bien du cynisme de la droite : aujourd’hui, le voile, en 2018 sur le pacte de Marrakech, la droite donne le tempo de cette macabre course à la surenchère raciste.
Neutralité et communautarisme
Ihsane Haouach est-elle neutre ? Selon Georges-Louis Bouchez, non. Cela pose donc une question : devrions-nous avoir la même définition de la neutralité que GLouB ?
Les autres personnes au même poste étant publiquement militant.e.s dans des partis politiques ont bien sûr l’apparence de neutralité, pour peu qu’on se bouche les yeux et les oreilles assez fermement.
Peu importe les cartes blanches, les prises de position et les cartes au parti politique, il y a apparence et apparence. Qu’on lui montre une photo et son avis sera fait, l’apparence de neutralité se cantonne aux habits.
GLouB a donc annoncé en grandes pompes que le MR allait déposer une ordonnance forçant les parlementaires à avoir l’air neutre : on croit rêver ! Cachez vos drapeaux camarades : GLouB ne supporte pas la vue de la politique dans une enceinte parlementaire. Encore quelques efforts et ce sera bientôt l’uniforme généralisé, défendu par le “parti des libertés individuelles.”
GLouB sort encore un épouvantail qui a fait ses preuves : la menace du communautarisme « à l’américaine. » Évidemment, pour GLouB, le communautarisme, ce n’est pas celui de l’élite, des conseils d’administration où la grande majorité des décisionnaires sont des hommes blancs, du gouvernement où l’on se tape dans le dos d’avoir pour la première fois de toute l’histoire du pays nommé autant de femmxs que d’hommes ou des différents parlements qui peinent à intégrer des ouvrier.e.s dans leurs rangs.
Non, le communautarisme pour GLouB, c’est quand enfin des femmxs musulmanes voilées sont admises dans la vie publique. Et les renvoyer hors de ses cénacles de pouvoir, ce n’est pas du communautarisme de puissant : c’est l’ordre normal des choses pour garantir un pouvoir à son image.
Opportunisme politique à tous les étages
L’argument qui revient le plus souvent dans ce débat a de quoi faire sourire s’il n’était pas aussi indigent. Il est désormais de bon ton de s’opposer au port du voile par acquis de conscience féministe et laïque. Il faudra le répéter encore et encore : on ne libère pas les femmxs en leur retirant le droit de travailler ! On ne fait pas de la laïcité en stigmatisant une religion en particulier !
C’est particulièrement risible quand ce gouvernement s’est constitué contre la libéralisation du droit à l’avortement suite aux pressions de partis dont l’héritage chrétien est explicite. Quand le gouvernement vient faire le Te Deum avec un roi qui est pourtant l’héritier d’une tradition catholique millénaire. Quand la Grand’Place arbore à chaque Noël une crèche avec le petit Jésus et tout le saint frusquin.
Dès lors qu’il s’agit de taper sur les femmxs musulmanes, le féminisme et la laïcité semblent devenir des principes directeurs de l’action politique qui, bien vite, partent en fumée dès qu’il faut lutter concrètement contre le sexisme et l’emprise de l’Église catholique sur l’enseignement.
Pour quiconque est sincèrement féministe et pour la liberté d’exercer sa religion (vous savez, la laïcité ?), la décision du tribunal du travail contre la STIB est en réalité une petite victoire pour les droits des femmxs.
Rappelons que seulement 9% du personnel de la STIB était constitué de femmxs en 2015 ! De cette discrimination flagrante, personne n’en soufflera mot dans cette polémique honteuse.
L’important, c’est que des femmxs restent chez elles.
Contre le sexisme et l’islamophobie, riposte féministe et antiraciste !
L’organisation de l’exclusion et la menace d’exclusion de l’emploi ou des études de femmxs musulmanes qui portent le voile/foulard est un signe ostentatoire de danger pour toutes les femmxs et les travailleuses.
En plus de faire le lit de la montée en puissance de l’extrême-droite, de renforcer le racisme d’Etat et de déshumaniser de nombreuses femmxs, cela dévie des vrais enjeux :
- Assurer l’autonomie et les conditions matérielles de l’auto-détermination de toutes !
- Accès à l’emploi, augmentation des salaires, diminution des cadences, réquisition des logements vides.
- Impôts sur les entreprises et les grandes fortunes pour des investissements massifs dans la santé, le social et l’enseignement.
- Une véritable lutte contre les violences faites aux femmxs qui part de l’auto-organisation des femmxs, des femmxs musulmanes portant le hidjab, et qui promeut l’auto-défense féministe populaire, anti-raciste et anticapitaliste
- Défaire l’influence de l’Eglise et de la droite catholique sur les droits sexuels et reproductifs, notamment l’accès libre, légal et gratuit à l’avortement pour tou.te.s !
Photo David Bramhall.
Notes