Alors que la situation sanitaire ne cesse de s’aggraver dans l’ensemble du pays, les mesures successives prises par les différents gouvernements ne concernent que trop peu les écoles primaires et secondaires. Pourtant, les infections s’y multiplient, la liste des professeur.e.s absent.e.s ne fait que s’allonger et de nombreu.x.ses élèves sont touché.e.s par le virus. Toutes ces personnes, ainsi que leurs proches, continuent à être fortement exposées au risque sanitaire et la hiérarchie scolaire, de même que les ministres responsables en ces matières, ne semblent pas s’en inquiéter réellement.
C’est pourquoi, ce week-end du 24 octobre 2020, révolté.e.s face à tant d’inaction et de mépris, des élèves de l’Athénée Joseph Bracops d’Anderlecht ont décidé de s’organiser, de prendre la plume et d’entrer en dialogue direct avec leurs professeur.e.s. Nous reproduisons la lettre envoyée ci-dessous :
Cher.e.s professeurs,
Nous vous écrivons ce mail pour exprimer notre mécontentement envers les mesures sanitaires qui ne sont pas mises en place et respectées à l’école.
Nous, élèves de l’Athenée Joseph Bracops, refusons donc de prendre le risque de venir chaque jour à l’école au vu de la situation sanitaire actuelle.
En effet, certains de nos parents ont des problèmes de santé ou sont âgés, ce sont donc des personnes à risques et nous pensons réellement que nous mettons en danger nos vies et les leurs.Nous sommes conscients que la situation est compliquée pour tous et que vous n’avez pas forcément le pouvoir de faire changer les choses, ce que nous vous demandons c’est de vous exprimer, vous révolter avec le soutien des élèves. Nous nous sentons impuissants mais n’oublions pas qu’une école sans professeurs ni élèves n’en est pas une. Nous avons un rôle fondamental, à l’heure actuelle, il est de notre responsabilité de s’imposer, vous avez certaines cartes en mains, osez la grève, osez parler, osez vous exprimer.
Merci de votre compréhension,
Bien à vous,
La classe de 6SE1
Cette lettre a rapidement généré de nombreux retours positifs des professeur.e.s de l’établissement. Elle a, par ailleurs, fini par être relayée bien au-delà. Car elle fait écho à une situation similaire partout, et concerne l’ensemble des élèves et des professeur.e.s de la Région, en fait, du pays.
Probablement précipitée par l’action des élèves et les appels à débrayer dès le début de la semaine, la direction de l’établissement a décidé dimanche de faire passer l’enseignement en alternance. Enfin, une décision est prise ! Mais la demande formulée par les élèves et relayée par leurs professeur.e.s va bien plus loin. Et l’urgence sanitaire leur donne raison.
Qu’attendent donc les autorités pour agir sérieusement ? Le temps des mesures cosmétiques est fini. Ces autorités portent en outre une responsabilité écrasante dans la détérioration sanitaire et sociale à laquelle l’enseignement est aujourd’hui confronté. Quelles actions furent entreprises, quels moyens supplémentaires furent libérés pour les écoles afin de faire face à la deuxième vague du virus, qui nous pendait au nez dès le départ ? Aucune anticipation, et aujourd’hui des mesures trop timides, trop tardives.
Ce que cette lettre démontre, professeur.e.s, c’est aussi que vos meilleurs alliés sont vos élèves et leurs familles. Aujourd’hui, vous êtes tout.e.s envoyé.e.s au front, sans considération, par des décideurs politiques et économiques qui ont fait le choix de maintenir les écoles ouvertes. Non pas parce qu’ils considèrent que l’éducation est une priorité – comme ils se plaisent à le répéter- mais bien pour maintenir les parents au travail. Leurs profits passent avant votre bonne santé, avant vos vies et celles de vos proches.
Au vu de l’inaction de la hiérarchie scolaire, au vu de l’inaction des politiques, il vous revient à vous, élèves, professeur.e.s et parents, de vous organiser et de faire front. De faire prévaloir vos intérêts humains face aux leurs, ceux de l’argent. De faire entendre vos voix, d’entamer des actions et de construire vous-mêmes votre propre réponse à la crise sanitaire que vous traversez à l’école. Car, comme le disent si bien les élèves dans leur lettre, sans vous, il n’y en a pas, d’école. Ensemble, vous avez le pouvoir de changer les choses. Pour vous et vos proches, pour la vie !