En Europe, on compte chaque année plus de 400.000 décès causés par la mauvaise qualité de l’air que nous respirons. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’il y a, au niveau mondial, 4,2 millions de décès précoces dus à la pollution atmosphérique (1)Chiffres d’octobre 2020.. Rappelons que depuis le début de la pandémie, nous avons atteint dans l’UE le chiffre de 400.000 morts supplémentaires dues à la Covid-19.
La pollution de l’air sous la forme de smog (2)Terme anglais qui combine smoke (fumée) avec fog (brouillard). est composée de gouttelettes d’eau et de particules de poussière. Londres a connu en 1952 un épisode très grave de smog causant directement la mort d’environ 4.000 personnes. La Belgique aussi a connu un accident de pollution grave similaire en décembre 1930 dans la vallée de la Meuse près de Liège ; 67 personnes ont mortes. Une enquête menée en 1931 conclut que les émissions massives de particules fines, par la combustion dans l’industrie locale de charbon riche en soufre, étaient la cause de la catastrophe. Le même phénomène des « brouillards toxiques » avait été observé en 1897, 1902 et 1911.
Aujourd’hui chaque habitant·e de Flandre vit avec une concentration trop élevée de particules fines PM2,5, selon les normes de l’OMS. Ces particules s’enfoncent profondément dans nos poumons. Elles sont la cause de phénomènes inflammatoires qui peuvent aggraver les conséquences d’une infection par le virus SARS-CoV2.
Lien entre corona et mauvaise qualité de l’air ?
Un article publié récemment dans Earth Systems and Environment (3)Rohrer, M., Flahault, A. & Stoffel, M. Peaks of Fine Particulate Matter May Modulate the Spreading and Virulence of COVID-19. Earth Syst Environ, 2020. https://doi.org/10.1007/s41748-020-00184-4 explore le lien possible entre la gravité d’une infection par la Covid-19 et la pollution de l’air causée par deux phénomènes météorologiques spécifiques.
Tout d’abord une inversion thermique qui plaque la pollution de l’air au sol car une couche d’air chaud empêche l’air froid près du sol de se disperser, de sorte que les polluants et les particules fines générés par les activités humaines s’accumulent. Des particules fines, des spores de champignons des bactéries et des virus peuvent facilement être inhalés.
En plus, il y a les poussières en provenance du Sahara qui sont déplacées par les vents vers l’Europe du sud et de l’ouest. Ces poussières transportent aussi de possibles pathogènes. La formation d’aérosols par la captation des poussières dans les pluies, favorise la dissémination des microorganismes en nombre important. Ces aérosols en contiennent jusqu’à deux ou trois fois plus que par temps clair.
Au début des années 60, on a établi un lien clair entre un pic de cas de grippe et le smog qui régnait dans Londres en février 1959. En Chine dans les années 60, on a vu que pendant la saison de la grippe, les cas graves augmentent fortement en cas de présence de particules fines dans l’air.
On peut donc se poser la question s’il n’y a pas de lien entre la vague explosive du Covid-19 en mars 2020 et les conditions météo juste avant.
Covid-19 et pollution
Dans l’article, on discute de quatre exemples d’une irruption de Covid-19 qui ont été précédés par un taux élevé de particules fines (PM2.5). Dans un hôtel à Tenerife, dans le canton du Tessin en Suisse, dans le grand-Londres et dans la région parisienne. À Tenerife, le lien est fait avec une tempête de sable du Sahara le 23 février. Dans les quatre cas, on voit clairement qu’un pic de pollution précède de quelques jours l’irruption de la Covid-19.
Les chercheurs tirent la conclusion que les concentrations élevées – causées par les activités humaines – de particules fines font augmenter le nombre des cas et des décès dus au coronavirus. Pour prévoir la sévérité des irruptions de la Covid, on doit donc aussi tenir compte des conditions météorologiques et en particulier des pollutions présentes.
Mobilité et santé
Plusieurs villes ont déjà pris des mesures pour limiter la présence des voitures à moteur diesel et autres dans les rues du centre. Le fait d’interdire les voitures près des écoles le matin et le soir a déjà prouvé être un facteur positif pour la santé des enfants. Un bon service public des transports en commun gratuits, des pistes cyclables bien sécurisées, des trottoirs et sentiers sécurisés sont la solution la plus logique et la plus saine à ce meurtre rampant de milliers de personnes.
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Notes