La Gauche anticapitaliste condamne sans détour les récentes frappes aériennes ciblées menées par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France en Syrie. Cependant, cela ne nous empêche pas de condamner avec la même énergie les crimes du régime Assad et de ses alliés, notamment l’usage d’armes chimiques et les bombardements contre les populations civiles.

Depuis le début des manifestations populaires en 2011, ce régime réprime impitoyablement et avec une cruauté inouïe toutes les revendications démocratiques et sociales. La haine et le dégoût qu’il suscite sont légitimes mais comment pourrait-on faire la moindre confiance à l’impérialisme occidental pour soutenir le peuple syrien et mettre fin à ce conflit sanglant ? D’ailleurs, les frappes aériennes actuelles – dont la Russie, principal allié d’Assad, était bien entendu informée à l’avance – n’ont en rien diminué la capacité de la dictature d’Assad à combattre sa propre population avec des armes conventionnelles, ni permis de mettre fin au conflit.

Il est clair que depuis l’origine de cette guerre civile syrienne, aucune puissance mondiale ou régionale ne soutient les aspirations démocratiques et sociales d’en bas. Depuis que le régime a écrasé le mouvement révolutionnaire, les milices de Daesh ainsi que les autres groupes djihadistes sont toujours bien présents et les interventions étrangères se poursuivent sans relâche. Toutes les puissances qui interviennent dans ce conflit, que ce soient les États-Unis et leurs partenaires occidentaux (France, Royaume-Uni, Belgique, Israël…) ou celles du monde arabe (l’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe …), ou encore les partenaires de la dictature d’Assad (Russie, Iran, Hezbollah, …), toutes poursuivent leurs propres intérêts impérialistes, mondiaux ou régionaux, et contribuent à écraser tout espoir d’un projet révolutionnaire.

Car ce sont ces mêmes puissances qui viennent de mettre en œuvre des frappes aériennes contre l’usage de l’arme chimique par le régime qui laissaient ces derniers mois l’armée turque et ses alliés djihadistes prendre le contrôle d’Afrin sans réagir ! Dans la situation mondiale actuelle, les attaques aériennes sont avant tout une tentative des États-Unis de Trump pour imposer aux différents acteurs de la région le respect de la partition de facto de la Syrie en zones d’influence respectives.

C’est non seulement une tentative de Trump pour claironner que les États-Unis possèdent toujours une force de frappe et une puissance militaire beaucoup plus imposante que n’importe quelle autre grande puissance mais aussi l’occasion pour les USA de réaffirmer leur hégémonie, car ils sont de plus en plus souvent confrontés, à l’échelle mondiale, à la remise en question de celle-ci par d’autres États impérialistes émergents (Russie, Chine) et leurs alliés.

Enfin, ces frappes augmentent également le risque de confrontations militaires directes entre les puissances mondiales et régionales en Syrie et ailleurs dans le monde. Et c’est un aspect qui ne devrait pas être négligé par la gauche, le mouvement ouvrier et bien sûr par le mouvement pour la paix.

Contre toutes les ingérences des puissances impérialistes mondiales et régionales, nous réclamons :

  • Un cesser de feu généralisé et immédiat en Syrie.
  • Le retrait immédiat de toutes les armées et forces armées étrangères de Syrie. Aussi bien celles de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah du côté de la dictature d’Assad, que ceux des États-Unis, de la France, de la GB, de la Turquie, …
  • La cessation immédiate du soutien des puissances étrangères aux milices djihadistes ou pro-régime.

La gauche et le mouvement ouvrier doivent changer de cap !

Une grande partie du mouvement ouvrier international, de la gauche et du mouvement pour la paix ont adopté, ces dernières années, une attitude scandaleusement passive autour du conflit syrien. Certains ont soutenu des interventions impérialistes à des moments différents, d’autres composantes (d’origine stalinienne ou non, comme le PTB chez nous, mais aussi des figures comme Melenchon, Galloway, Robert Fisk, …) ont adopté une attitude carrément compréhensive envers la dictature d’Assad et ses soutiens de Russie et d’Iran, ou ont même ouvertement soutenu le régime. Ils se sont ainsi alignés sur des positions similaires à une bonne partie de l’extrême-droite internationale (Vlaams Belang chez nous, FN en France, …).

Les militant.e.s arabo-syrien.ne.s et kurdes n’ont jamais reçu beaucoup de soutien et d’audience de la part des mouvements révolutionnaires, de gauche et progressistes dans le monde. La voix des nombreux réfugié.e.s et exilé.e.s syrien.es n’a même jamais été écoutée. Il est très tard, mais pas trop tard pour changer radicalement de cap, et enfin soutenir le peuple syrien et les personnes, organisations et courants en Syrie qui défendent une alternative démocratique, sociale et pacifique depuis le premier jour de la révolution.

Nous n’avons aucune illusion sur la possibilité d’une solution démocratique et pacifique du conflit syrien tant que la dictature d’Assad ou d’un régime Baath sans Assad reste en selle. Nous ne nous faisons non plus aucune illusion sur le fait qu’une quelconque puissance impérialiste mondiale ou régionale puisse ou aille défendre les aspirations démocratiques et sociales des peuples syriens. Seuls les peuples et la classe ouvrière, les exploité.e.s et les opprimé.e.s de Syrie elleux-mêmes peuvent se débarrasser de la dictature, tout en assurant le progrès social et démocratique. Cela implique de garantir le droit des minorités nationales ainsi que des communautés religieuses opprimées. Cela signifie aussi de soutenir la lutte pour la libération des femmes et des personnes LGTBQI+.

Le Rojava est l’une des rares régions de Syrie où les peuples, les communautés religieuses et les minorités peuvent vivre ensemble en paix. Ils ont obtenu des résultats progressifs tangibles dans le domaine social, dans le domaine des droits des femmes, etc. Sans idéaliser le Rojava ou le PYD, ils méritent d’être soutenus et protégés contre toute tentative de soumettre ces territoires au contrôle des puissances impérialistes, de la Turquie ou du régime d’Assad.

Non à la dictature d’Assad – soutien aux forces démocratiques et progressistes en Syrie

  • Soutien total du mouvement syndical international et de la gauche aux forces kurdes, arabes, … en Syrie et en exil. Soutien à tou.te.s celleux qui luttent pour les droits sociaux et démocratiques, la libération des femmes et de la coexistence démocratique et pacifique entre les peuples de Syrie, contre la dictature d’Assad et les diverses puissances impérialistes mondiales et régionales. Soutien aux formes démocratiques d’auto-organisation et d’autodéfense.
  • Reconnaissance de l’autodétermination de la population kurde, soutien à un modèle démocratique confédéraliste pour la Syrie. Non à la division de la Syrie en zones d’influence de la Russie et du régime d’Assad, de la Turquie et des États-Unis (et / ou de ses alliés arabes d’Arabie saoudite, d’Egypte, etc.).
  • Vérité et justice pour toutes les victimes, personnes disparues et emprisonnées. Libération de tous les prisonniers politiques du régime d’Assad. Aucune impunité pour toutes les atrocités et crimes commis contre l’humanité dans le conflit syrien par toutes les parties.

Pas de participation belge à la guerre en Syrie

  • La Belgique doit cesser toute participation aux opérations militaires en Syrie, qu’elles soient ou non sous le drapeau de l’OTAN. La Belgique doit sortir de l’OTAN, et l’OTAN doit sortir de la Belgique.
  • Il faut ouvrir les frontières, en Belgique et en Europe, pour tous les réfugié.es syriens. Garantir un accueil humain et un avenir pour tous les réfugié.es.