Plus de 70 personnes ont participé le samedi 6 avril à une après-midi de rencontres à Charleroi autour de la figure d’André Henry (1938-2023).
Intitulée « Démocratie dans les luttes : Hier, aujourd’hui et demain », la rencontre était co-organisée par la Formation Léon Lesoil, l’Institut Marcel Liebman et la Gauche anticapitaliste. Cette activité ne se voulait pas seulement un hommage à un camarade qui a marqué la lutte des travailleurs du secteur verrier dans les années 70 et 80 dans la région de Charleroi ; elle se voulait aussi une occasion de discuter de l’actualité et de la nécessité d’un syndicalisme de combat, démocratique et auto-organisé à la base.
C’est la famille, présente en nombre, qui a ouvert les prises de parole avec Norman Henry (petit-fils d’André), montrant toute l’affection et la fierté qu’André Henry a laissé parmi les siens. Kevin Peeters (secrétaire régional) et Christian Viroux (ex-secrétaire régional) ont ensuite présenté les salutations de la Centrale générale de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut.
Se sont alors succédé François Cartesiani, Denis Horman, Irène Pêtre, Freddy Mathieu, Pipo Bordenga, Gilberte Chartier, et Daniel Piron, qui ont apporté leurs témoignages sur la contribution d’André Henry à la culture d’un syndicalisme de combat dans le secteur du verre, mais aussi aux conquêtes sociales qui en ont découlé : la prépension, le maintient des salaires pendant dix ans après le licenciement à Glaverbel-Gilly, la reconversion des travailleurs dans une entreprise d’isolation et rénovation de logements, etc. « La notion d’être maître de sa reconversion était rentrée dans la conscience de nombreux travailleurs comme une conquête du mouvement syndical », a relevé Freddy Mathieu, ancien secrétaire régional de la FGTB Mons-Borinage. Un témoignage du Groupe d’Action musicale (GAM) a clôturé en musique cette partie de la journée.
Retrouver une stratégie syndicale efficace et offensive
La table-ronde qui suivit permit de faire dialoguer chercheur·euses et militant·es. C’est Charlotte Thomas (Delhaizienne et déléguée CNE, Charlotte Thomas est par ailleurs candidate sur la liste Anticapitalistes portée par la Gauche anticapitaliste aux élections européennes, ndlr) qui ouvrit la discussion, en revenant sur la lutte acharnée des travailleur·euses de Delhaize face aux attaques du patronat. « Nous étions un peu seules », déplorât-elle, en appelant à renforcer les luttes intersectorielles pour obtenir des victoires.
Arnaud Levêque, Secrétaire fédéral de la Centrale Générale (FGTB), a pointé quant à lui la nécessité pour les organisations syndicales de « faire plus, faire mieux face aux changements sociétaux », à la déstructuration des collectifs de travail et aux transformation de l’organisation du travail. Comment organiser des assemblées de travailleur·euses en dehors des lieux de travail ? Comment retrouver une stratégie syndicale efficace et offensive ? Autant de pistes qui restent à creuser.
Chercheuse en théorie de la démocratie, Sixtine Van Outryve d’Ydewalle est revenue sur l’expérience des gilets jaunes de Commercy en France, qui fonctionnaient en dehors de toute structure syndicale et décidaient en assemblée et ensuite en « assemblée des assemblées » à partir de fin janvier 2019. Rappelant ainsi les comités de grève et la coordination des comités de grève au niveau régional mise en place par André Henry et ses camarades plus de 40 ans plus tôt.
Mateo Alaluf (Sociologue, professeur émérite de l’ULB) a soulevé l’importance de la lutte des Delhaizien·nes malgré la défaite : « Beaucoup de défaites cachent en réalité des victoires, alors que beaucoup de victoires sont à prendre avec des pincettes ».
Enfin, Céline Caudron, co-autrice du livre L’épopée des verriers du pays noir avec Denis Horman, a rappelé l’importance de la lutte et de l’action collective afin de développer une expérience concrète qui soude le collectif et prépare aux luttes futures.
C’est aussi ce que développe André Henry dans son livre Syndicalisme de combat et parti révolutionnaire, paru en 1977 et réédité aujourd’hui par la Formation Léon Lesoil. Vous pouvez désormais vous le procurer au stand-librairie de la Formation Léon Lesoil lors de nos activités.
Photo : Formation Léon Lesoil (CC BY-NC-SA 4.0)