Tout d’abord, la boucle du Hainaut, c’est quoi ?
C’est le projet d’une ligne aérienne à très haute tension (380 kilovolts) traversant quatorze communes sur 84 km, entre Courcelles et Avelgem. ELIA, le gestionnaire (de droit privé) du réseau électrique à haute tension en Belgique, est le porteur de ce projet, qui a été accepté en son temps par la ministre Marghem. La réalisation de la boucle figure dans le programme de la coalition Vivaldi et dans la Déclaration de politique régionale 2019 du Gouvernement wallon. Mais les populations concernées ne l’entendent pas de cette oreille. Les représentants d’ELIA ont été chassés d’Ecaussinnes. Les bourgmestres demandent au gouvernement wallon de renoncer au projet. Les collectifs citoyens, réunis dans l’association Revolht, dénoncent un fait accompli. Pour ELIA, la boucle est indispensable pour éviter un blackout dans le Hainaut, et en liaison avec les parcs éoliens en Mer du Nord. Pour Revolht, le développement hennuyer est un prétexte, la boucle est « un projet de pur business qui va permettre à Elia de transférer de l’électricité produite dans des pays limitrophes vers d’autres pays limitrophes », au détriment des riverains et de leur environnement. En tant qu’organisation antiproductiviste, écosocialiste et autogestionnaire, la Gauche anticapitaliste se range au côté des opposants au projet. Pour comprendre les enjeux et réfléchir aux alternatives, la section hennuyère de la Gauche anticapitaliste a organisé le 11 février une rencontre avec Grégoire Wallenborn, chercheur-enseignant (ULB) qui travaille avec les usagers sur les multiples dimensions des systèmes électriques . Le but était de comprendre les enjeux et réfléchir aux alternatives. L’article ci-dessous est basé sur les débats lors de cette rencontre.
Quelques précisions
Le projet de « Boucle du Hainaut » date de plus de cinquante ans. Il complète le réseau de lignes électriques de 380 kilovolts qui a été construit pour relier les centrales nucléaires (les plus gros producteurs d’électricité, en puissance de l’ordre d’un gigawatt). Ce réseau ne s’étend pas seulement en Belgique, mais va bien au-delà de notre pays, en France, Allemagne, Angleterre, Suisse, Norvège…, en somme, l’Europe. La boucle du Hainaut devrait transporter 6 gigawatts.
Quels sont les arguments d’ELIA ?
Certaines lignes arrivent à saturation, selon ELIA. Or, nous avons déjà un parc offshore éolien en Mer du Nord qui continue à se développer. Nous en aurons un second, chaque fois avec une puissance maximale de l’ordre de 2 gigawatts. A terme, on va arriver à 6,5 gigawatts.
Par ailleurs, les centrales nucléaires de Tihange et Doel vont fermer. Aujourd’hui, la Belgique est plus ou moins en équilibre et est un peu exportatrice d’électricité grâce aux centrales nucléaires. Avec la fermeture de celles-ci, la Belgique devra importer et faire circuler plus d’électricité.
En même temps, la demande en électricité en Hainaut augmente. Elle vient essentiellement des grandes industries comme Google, par exemple, qui va installer un second Data Center à Mons. Celui-ci demande d’avoir accès à des centaines de mégawatts. Mais cela ne justifie pas le projet de la boucle du Hainaut.
La boucle du Hainaut s’inscrit dans un plan beaucoup plus large, dans une planification européenne des réseaux électriques de transport. Ce réseau de lignes à 380 kilovolts est gigantesque. Il couvre tout le continent européen. Le projet de la boucle du Hainaut est aussi porté par la commission européenne en étroite collaboration avec les gestionnaires des réseaux de transports. Le but du projet, c’est de réaliser un énorme réseau qui va permettre de rapatrier l’électricité produite par les éoliennes au Danemark, dans le Nord de l’Allemagne, mais aussi en Norvège avec l’hydro-électricité…
A terme, si nous faisons plus de centrales photovoltaïques dans le sud, nous pourrons faire circuler les électrons sur ce que les ingénieurs appellent la plaque de cuivre européenne. L’idée, c’est de fluidifier un maximum le réseau électrique pour être en mesure de réaliser un certain type de transition énergétique, sans rupture avec le productivisme.
Qui est ELIA et que veut-elle ?
ELIA est une société de distribution et de transport d’électricité régulée par la CREG (Commission de Régulation d’Électricité et de Gaz) qui est fédérale. Ce n’est pas seulement une société de transport d’électricité en Belgique. C’est une société de droit privé cotée en bourse qui est détenue à 50% par les communes et 50% par le privé.
ELIA a créé une Holding (avec une filiale) dont la gestion des transports en Belgique. Ils ont aussi un morceau du marché de transport dans le Nord de l’Allemagne et une série d’autres activités où ils peuvent faire du profit non régulé.
Pour ELIA, il s’agit de réfléchir en termes de source de production. ELIA s’inscrit dans ce qu’on appelle « la SuperSmart Grid » (SSG). (1)Réseau électrique intelligent. La SSG est un réseau de distribution d’électricité qui favorise la circulation d’informations entre les fournisseurs et les consommateurs afin d’ajuster le flux d’électricité en temps réel et d’en permettre une gestion plus efficace), avec l’idée qu’on va développer de nouvelles centrales électriques renouvelables, mais qui sont aussi variables. Les éoliennes et les centrales photovoltaïques ne produisent pas tout le temps, les hydroélectriques servent de stockage dans ce réseau.
L’idée d’un très grand réseau, c’est le rêve des ingénieurs. C’est la plus grosse machine du monde. Cela connecte des centaines, voire des milliers de sites de production avec des milliards d’objets connectés qui sont en usage et aussi en intermittence. Il faut que ce soit en équilibre en permanence entre la production et la consommation pour éviter le blackout.
C’est une machine qui doit être pilotée à chaque instant. Il y a une série de mécanismes qui permettent effectivement cet équilibre – mécanismes techniques, mécanismes de marché. C’est un rêve que l’on peut qualifier de technocratique. Et l’Europe se dit qu’avec des réseaux pareils, on va unifier les européens parce qu’on va créer des dépendances entre les pays.
L’idée est de faire des réseaux de plus en plus connectés qui forment une plaque tournante permettant un marché européen de l’électricité pour les ressources renouvelables et les centrales renouvelables, parcs éoliens, solaires, hydroélectriques. Pour l’instant, ce marché n’est pas encore tout à fait fluide.
Les arguments de Revolht
Les riverains du tracé de la boucle du Hainaut ne l’entendent pas de cette oreille. Ils se sont rassemblés pour former une association : Revolht.
Le projet de Boucle (300 pages !) a été remis quelques jours avant la fin de la consultation citoyenne. Les riverains dénonce un abus, une dérive technocratique.
La boucle, pour eux, est un projet de pur business qui ne répond pas à leurs besoins. Ils vont subir un projet qui ne va pas être au profit de la collectivité locale. La boucle est une autoroute électrique, qui va permettre à ELIA de transférer de l’électricité produite dans les pays limitrophes vers d’autres pays limitrophes. Les habitants ne font pas partie intégrante du projet, mais subissent le projet.
Débat sur les effets néfastes des champs électriques
Interrogé sur les conséquences des lignes haute tension sur la santé, Grégoire Wallenborn constate deux types de production de connaissances à propos des ondes, des rayonnements ou des champs induits des lignes à haute tension : d’une part, en laboratoire, les mesures n’indiquent rien. Mais cela ne veut pas dire que les effets n’existent pas. En effet, d’autre part, certains cas d’hypersensibilité sont rapportés par les médecins, et les animaux des exploitations agricoles ressentent les nombreux effets néfastes : ils ne boivent presque plus, ne grossissent pas, etc…
On ne comprend pas le phénomène. Il faut imaginer qu’une ligne à haute tension produit un champ qui peut induire des courants. La terre et l’eau sont des conducteurs.
On dit souvent : Il faut apporter la preuve de la nuisance. Ce n’est pas aux citoyens à amener les preuves de nuisances sur la santé, c’est à ELIA d’apporter la preuve qu’il n’y en a pas.
Dépasser le NIMBY et poser la question : de quoi avons-nous besoin, en terme d’électricité ?
Tout le monde bénéficie des services d’électricité. Pour pouvoir dépasser le NIMBY (pas dans mon jardin), Grégoire Wallenborn prône de passer à ce qu’il appelle « la résistance éclairée ». Il y a une série de groupes qui commencent à s’intéresser, à devenir expert de leur territoire, à comprendre vraiment de quoi il est question, pourquoi on veut leur imposer des projets et à proposer des alternatives. Ils font de la résistance éclairée. Ce n’est plus leur jardin qu’ils défendent, ils luttent vraiment pour un autre projet de société. Ce passage à la résistance éclairée demande un boulot monstrueux, dit Grégoire Wallenborn
On parle beaucoup d’activités essentielles et non essentielles aujourd’hui. Il faudrait avoir une réflexion démocratique et mettre en exergue les besoins que nous considérons comme essentiels y compris dans le secteur industriel, dans les ménages, dans les commerces, etc…
Quelle transition énergétique ?
Aujourd’hui, dans notre société de consommation, l’énergie et l’électricité apparaissent comme un bien de consommation vitale. Pourquoi ne peut-on pas imaginer une transition qui soit basée sur des sources décentralisées gérées par les citoyens plutôt que sur un commandement bureaucratique et technocratique ? Il y a une montée assez balbutiante des communautés d’énergie. On pourrait aller vers un réseau beaucoup plus décentralisé où les usagers du réseau sont plus proches des sources, et sont alors confrontés aux problèmes de la variabilité des sources.
Il faut aller vers un système 100% renouvelables, mais il faut comprendre une chose : on n’y arrivera pas sans une réduction considérable de la consommation d’énergie et d’électricité. On ne peut pas remplacer toute l’énergie que nous utilisons, aujourd’hui en Belgique, par des énergies renouvelables.
Et cette décroissance suppose qu’on s’adapte à l’énergie disponible. Aujourd’hui, vous appuyez sur un bouton et vous avez de l’électricité, mais avec l’énergie renouvelable, il faut accepter ce que la nature nous offre à un moment donné : du vent, du soleil et, adapter nos pratiques en conséquence. On peut atténuer la variabilité grâce au stockage, mais celui-ci coûte cher : financièrement, mais aussi en termes de ressources naturelles.
Apprendre à consommer autrement, au moment où l’on produit, cela va poser un tas de problèmes. Cela va nous faire bifurquer dans une autre société, une société plus sobre, plus adaptée et en connexion avec ce que les écosystèmes peuvent nous fournir à un certain moment.
Qu’est-ce qu’on peut réduire en termes de consommation ? Comment peut-on ralentir nos vies complètement folles et effrénées, parce que l’électricité, évidemment, participe à l’accélération de nos modes de vie ?
Pour être capable de développer un autre plan, un plan alternatif qui vient par le bas, on ferait un grand pas en sachant que tout ce qui est infrastructure électrique consomme énormément de ressources minérales. Les dispositifs électroniques ne seront jamais recyclables. Comment fait-on des systèmes qui sont réparables et qui consomment moins de ressources ?
Il faut penser à la transition. C’est quoi la transition ? C’est un processus qui se construit pas à pas le plus vite possible où l’on s’adapte tout en réduisant nos besoins. Mais on ne peut pas demander à des familles déjà précarisées (20% des ménages) de réduire leur consommation.
Que peut-on faire ?
Il y a une piste. ELIA est détenu à 50% par les communes. De la même manière, les communes, au travers des intercommunales détiennent les réseaux de distribution basse tension (ORES, en Wallonie) et ces réseaux rapportent énormément d’argent aux communes qui en ont bien besoin, par ailleurs. Autrement dit, aujourd’hui, la facture d’électricité ou de gaz a une petite partie, non négligeable, qui est un impôt déguisé. Nous payons les communes, pas uniquement le réseau, à travers la facture d’électricité, c’est un impôt particulièrement injuste. La consommation entre riche et pauvre est plus ou moins identique. Mais la facture est plus lourde chez le pauvre.
En même temps, les communes ont besoin de ce prélèvement. Celles-ci considèrent les réseaux électriques comme des actifs financiers qui doivent être rentables, qui doivent rapporter. Si cela ne rapporte pas, on va les vendre aux privés, disent certaines communes qui sont prêtes à vendre une infrastructure aussi stratégique. Face à cela, on donnerait une perspective intéressante en disant que les réseaux électriques sont des biens communs. Ce n’est pas un actif financier qui doit être rentabilisé, mais quelque chose de vital et essentiel qui doit être géré comme un bien commun, un bien collectif, donc administré démocratiquement. Cela veut dire aussi que, si les représentants des communes, dans les intercommunales et sociétés privées auxquelles ils délèguent la gestion, 1) doivent être formés et compétents pour comprendre ce que c’est l’électricité, 2) doivent être prêts à mettre en débat toutes ces questions puisqu’ils sont aux manettes, à la manœuvre. Les réseaux électriques sont des vaches à lait pour les communes. Est-ce qu’on ne peut pas déjà faire pression alors sur les représentants à l’échelon communal pour dire que c’est à vous, c’est à nous ces réseaux ?
Et donc, aussi se dire, comment financer autrement ces réseaux ? Si ce sont des biens communs, ça doit être financé autrement, comme les routes sont financés par l’impôt et éventuellement par des taxes de circulation. Il y a tout un rapport au réseau à mettre en débat car la libéralisation n’a fait qu’accentuer cette idée que les réseaux et les infrastructures sont des outils financiers comme les autres, alors que ce sont des infrastructures collectives totalement vitales.
Les énergies renouvelables permettent une production décentralisée et pourraient nous amener à une gestion plus démocratique par les collectivités locales. Cette boucle du Hainaut va dans le sens tout à fait opposé. Peut-on se l’approprier plus collectivement lorsque l’on est sur des réseaux gigantesques, européens comme celui-ci ?
Cela pose des tas d’enjeux. Nous avons besoin d’électricité aujourd’hui. Les villes et les industries ne sont pas capables de se fournir en électricité avec des moyens juste décentralisées autour d’elles. Elles ont besoins d’alimentations qui viennent d’ailleurs. On est dans une société réticulaire et la boucle du Hainaut vient comme une pièce parmi beaucoup d’autres de cette société réticulaire qui nous fournit cette électricité, mais pas seulement pour la petite maison individuelles : pour des villes, des industries, etc…C’est comme cela que ça fonctionne aujourd’hui. A l’avenir, dans une autre société, peut-être que nous aurons besoin de moins d’électricité.
Il faudrait des moyens décentralisés gérés collectivement et démocratiquement. Au-delà de la nécessité ou non du projet de la boucle du Hainaut, ce sont des questions de consommation et de gestion démocratique, mais aussi des questions et des enjeux politiques qui sont en train de se jouer.
La transition 100% renouvelable impliquerait-elle « l’austérité énergétique » ?
Les scénarios 100% renouvelables qui sont cohérents, prévoient tous une réduction de 50% de la consommation d’électricité ou d’énergie. Donc, il va falloir réduire la consommation d’énergie, mais c’est aussi ralentir nos modes de vie. Et de toute façon, nous n’avons pas le choix. C’est extrêmement clair. Nous sommes en train d’atteindre les limites de la planète à tous égards. En terme de ressources minérales pour le renouvelable ou de fossile, pour l’énergie, on a encore un peu de marge. On est sur un pic de production des ressources finies et nous avons déjà passé le pic du pétrole conventionnel. Il y aura une série de pics et quand on passe un pic, cela ne veut pas dire que nous n’avons plus de ressources, mais que nous en avons de moins en moins. Et donc, il faudra s’adapter. On ne va pas avoir le choix. Comment fait-on, concrètement ? Nous devrons vivre sobrement. Plein de petites choses et d’activités seront complètement inutiles, du pur gaspillage, et cela va des petites activités quotidiennes en passant par les activités des plus grosses industries. Il y a des tas de choses qu’on pourrait supprimer sans que la qualité de vie n’en soit affectée. Ralentir nous ferait gagner pas mal en qualité de vie.
Une option, ce serait de prolonger l’idée de biens communs. Il faut assurer un socle minimum d’accès aux ressources pour tout le monde. Ce socle devrait être gratuit. Plutôt que le revenu de base, ou l’allocation universelle, nous pourrions décider collectivement quels sont les services de base essentiels et les rendre gratuits et les mettre hors marché. Ce serait une manière d’assurer cette transition énergétique beaucoup plus en douceur et d’arrêter les extravagances. On voit bien qu’il y a une pression sociale qui commence à s’installer et va aller croissant contre des comportements et des usages complètement délirants. Les normes sociales vont évoluer. Comment pousser dans ce sens-là ? Avec des discussions collectives et constructives.
Aujourd’hui, nous allons dans un sens différent : le Green New Deal Européen (ELIA), c’est du capitalisme vert, c’est clair. C’est l’idée que nous pouvons continuer à développer les forces productives, en substituant les renouvelables aux fossiles. C’est complètement illusoire. Cette illusion ne sert qu’à maintenir ce système moribond plus longtemps en vie.
Quels Intérêts derrière la volonté de créer la boucle ?
La question a été posée par un internaute, qui a fait le parallèle avec Nethys. Il y a probablement plein d’intérêts financiers derrière la boucle du Hainaut. Les plus puissants vont chercher à en avoir encore plus. La puissance électrique, c’est la capacité de transformer son environnement et la puissance politique, c’est la capacité physique à faire des choses et si on a le capital pour se munir de cette puissance électrique, on renforce sa puissance politique. Il y a une dialectique entre les deux, c’est clair. Tant que nous sommes dans un système capitaliste qui fait que les puissants peuvent être plus puissants via toutes les infrastructures, notamment par une préhension sur les infrastructures, nous avons peu de chances de voir surgir une société véritablement démocratique.
Comment développer la résistance éclairée ?
On a besoin de gens concernés qui mènent les enquêtes eux-mêmes. Créer des alliances avec des journalistes, des scientifiques, des citoyens prêts à s’investir pour une cause juste. Dans la même idée, il faudrait créer des associations qui mesurent les courants induits par les champs. Une compétence à créer avec des scientifiques. Ce serait une alliance entre scientifiques et citoyens autour de ces questions-là.
Si nous voulons changer la situation dans le sens du bien commun, une des options, c’est de se dire que les communes doivent pouvoir aussi s’y retrouver financièrement dans le cadre économique, tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Comment les communes peuvent-elles lâcher cette vache à lait ? Peut-être en devenant elles-mêmes productrices dans des communautés d’énergie mixtes citoyens/communes, par exemple. De ce fait, les communes assureraient une production minimale ou à coût réduit pour les clients protégés. Il y aurait moyen de faire des politiques plus intéressantes. Cela s’inscrit dans le mouvement de remunicipalisation des réseaux et de la production que l’on a vu dans certaines communes en Allemagne. Il y a même un conseil citoyen de l’énergie qui permet alors de décider des politiques énergétiques de la municipalité en question. Comment pourrait-on impliquer les communes à s’intéresser à nouveau à cette question ? Il faut interpeller au maximum les communes. IDETA à Mouscron commence à développer ce genre de chose. Ces petites initiatives pourraient se développer et nous pouvons aller voir comment ces communes se débrouillent.
L’approche individuelle est clairement une impasse et l’approche technoéconomique aussi. Les deux sont liés étroitement parce qu’il y a une individualisation de la question à travers les dispositifs de marché et les compteurs communicants, les feed-backs, etc…
Les libertés individuelles sont une illusion. Il n’y a pas d’individus. Nous héritons d’un système qui nous vient du passé et croire que cela dépend uniquement de nous est une aberration anthropologique. Il n’y a que des libertés et des capacités collectives, en tout cas tant que nous sommes en société. Il faut miser sur les actions collectives. Les communautés d’énergie, même si elles sont limitées, ou d’autres types d’expérimentations, permettent une mise en discussion de ce que l’on fait et on partage les résultats. Et on échange certaines astuces.
Notes