Après des mois d’incertitude, suivant l’annonce en février du géant automobile Audi de la délocalisation au Mexique de la production de l’Audi Q8 e-tron, seul modèle à voir le jour dans l’usine de Forest, les intentions néfastes de la direction se précisent pour les travailleur·se·s. Au conseil d’entreprise extraordinaire du 9 juillet, les travailleur·euses de l’usine ont appris que c’est bien la totalité des 3000 emplois de l’usine qui est menacée, 1510 d’ici la fin du mois d’octobre, 1110 en mai 2025 et le reste pourrait suivre. Avec les sous-traitants, le total pourrait atteindre 5000 pertes d’emploi ! La Gauche anticapitaliste affirme sa solidarité avec l’ensemble des travailleur·euses face à cette violente attaque antisociale !

Des “décideurs” capitalistes à côté de la plaque font payer l’addition aux travailleur·euses

Ce qui se passe avec Audi est un nouvel exemple de la voracité capitaliste : alors que le groupe VW réalise encore des bénéfices, et qu’elle a profité de centaines de millions d’euros d’aides publiques communales, régionales et fédérales, la direction invoque les coûts de production trop importants en Belgique pour justifier ce bain de sang social et la délocalisation de sa production dans un pays aux conditions de travail plus avantageuses pour les capitalistes. C’est donc la vie et l’avenir de plusieurs milliers de travailleur·euses – et de leur famille – qui sont suspendus à la décision des actionnaires dont la seule boussole est le profit. Ces décideurs capitalistes se sont plantés dans leurs choix de produire de grosses voitures électriques impayables pour la plupart des travailleur·euses et pas du tout adaptées aux enjeux sociaux et écologiques. Et ils veulent faire payer l’addition aux travailleur·euses de l’usine. Ce n’est pas l’électrification qui licencie, ce sont les patrons !

Les responsables politiques libéraux et sociaux-libéraux ont à nouveau démontré dans cette affaire leur soumission aux intérêts privés des grands groupes capitalistes : non contents d’avoir abreuvé la multinationale d’argent public et donc des moyens de la collectivité, ceux-ci, avec à leur tête Alexander De Croo, ont eu pour principale réponse aux menaces sur l’usine des gesticulations avec une “task force” destinée à faire différentes propositions à la direction d’Audi. Malgré des déclarations d’intention qui se multiplient, tout indique que de nouveaux cadeaux à Audi ne suffiront pas à faire changer d’avis la direction, pas plus que la nouvelle coalition de droite de De Wever, qui s’annonce déjà comme l’ennemie des travailleur·euses.

Une autre politique industrielle et de mobilité est possible

Audi Forest illustre à nouveau qu’on ne peut laisser la production industrielle et les moyens de mobilité entre les mains d’une poignée de capitalistes. La voie à suivre pour mettre fin à ces carnages sociaux est la même qui permettra de répondre aux enjeux écologiques. Elle passe par : 

  • L’interdiction des licenciements et la réintégration de tou·tes les salarié·es
  • La reprise en main par les travailleur·euses du contrôle de leur outil de production, arrachée aux griffes et à l’arbitraire des capitalistes
  • Le remboursement des centaines de millions d’euros d’aides publiques perçues
  • La réquisition et la mise sous contrôle public de l’outil

Une telle réquisition de l’usine permettra aux travailleur·euses de discuter et décider collectivement, ensemble avec la collectivité et les associations de ce qu’ils et elles produisent. Aujourd’hui l’usine de Forest produit de gros modèles de voitures électriques, destinés à une poignée de riches et écologiquement insensées. Une reprise en main de l’usine ouvrira une discussion sur les possibilités de réorienter la production, décidée démocratiquement par les travailleur·euses et les citoyen.ne.s, en fonction des besoins réels de la population et des urgences écologiques.

Notre boussole : l’unité d’action et la démocratie ouvrière

Face à la violence patronale qui a fermé le site dès le jour de l’annonce des licenciements, la lutte est la seule chance de faire capoter leur scénario antisocial. Pour obtenir ce changement de cap et même à minima le respect des droits des milliers de travailleur.se.s concerné.e.s, la boussole est celle de l’unité dans l’action et l’implication de tou.te.s par des assemblées régulières incluant l’ensemble des travailleur.se.s de l’usine et des sous-traitants, qui décident des modalités d’action directe les plus efficaces pour résister face au patronat et obtenir des victoires. Derrière, c’est l’ensemble du secteur automobile qui est visé et doit montrer sa solidarité avec Audi, de même que les travailleurs.e.s d’autres secteurs dans la région. Nous ne pouvons pas nous fier aux multinationales pour nos usines, nos emplois et notre avenir social et écologique !

Les patrons veulent nous démoraliser ? Nous sommes des milliers : tou·te·s ensemble, rejetons la résignation et montrons ce dont nous sommes capables !


Crédit photo: capture d’écran d’un reportage de la RTBF