Le 23 juillet, la grande majorité du groupe de gauche (GUE/NGL) au Parlement européen a approuvé, ensemble avec les partis social-démocrate (S&D), vert et de droite (PPE, Renouveau), une résolution qui s’oppose à l’accord européen du 21 juillet, dans lequel le Conseil des chefs d’État et de gouvernement européens est parvenu à un compromis sur un plan de relance européen et le budget pluriannuel.
Il y a en effet beaucoup à dire contre cet accord, qui était un compromis pour répondre aux préoccupations des États ‘frugaux’, menés par les Pays-Bas, qui expliquent les problèmes des États du Sud comme l’Italie et l’Espagne comme la conséquence de leur politique budgétaire ‘irresponsable’. L’accord impliquait la réduction d’un certain nombre de postes du plan de relance et du budget de l’UE, notamment la santé et le climat. C’est une raison valable d’opposition, également de la part de la gauche. Mais la résolution du Parlement européen demande non seulement le rétablissement des montants initiaux pour des causes sociales, mais aussi pour des causes absolument indéfendables. Les deux plus répréhensibles sont le Fonds européen de Défense et le Fonds pour la gestion intégrée des frontières.
Le Fonds de Défense est un moyen subreptice de canaliser l’argent européen vers l’industrie militaire sous le couvert de la ‘politique industrielle’. L’accord du 21 juillet n’accorde ‘que’ 7 milliards pour ce fonds. Le lobby militaro- industriel est bien sûr déçu, parce qu’initialement 13 milliards d’euros étaient prévus. Nous ne pouvons pas accepter que les partis de gauche et progressistes soutiennent une demande de fonds supplémentaires pour la militarisation de l’Europe.
Et il y a le « Fonds pour la gestion intégrée des frontières ». En approuvant la résolution du Parlement, le groupe de gauche demande le renforcement de Frontex, l’approche de plus en plus militarisée de l’UE en matière de politique d’immigration et d’asile, responsable de la noyade de milliers de personnes en Méditerranée, sous-traitant la surveillance des frontières à des régimes dictatoriaux. Cette politique a déjà été condamnée par plusieurs organisations humanitaires, et ne peut en aucun cas être soutenue par les forces progressistes.
Il convient également de noter que la résolution est muette sur les conditions qui, selon l’accord européen du 21 juillet, seront attachées à l’allocation de subventions et de prêts du Fonds de relance aux États membres. En soutenant la résolution, on se tait sur ce marchandage, échangeant de l’argent contre des réformes néolibérales.
Nous concluons que la résolution contredit fondamentalement les vues progressistes en général, et les programmes des partis de gauche dans l’UE en particulier. En l’approuvant, la gauche européenne, déjà fortement affaiblie, se rend superflue.
Les signataires de cet appel demandent instamment à la fraction de gauche du Parlement européen et à ses partis membres de reconsidérer sérieusement leurs options stratégiques. Nous appelons également les forces progressistes des partis sociaux-démocrates, verts et autres à résister à la militarisation de l’Europe et à une politique de plus en plus inhumaine et antisociale.
Signataires
Agir pour la Paix (Belgium), Belgische Coalitie stop uranium wapens, Bruxelles Panthères, Comité Surveillance OTAN, (Belgium), Communist Party of Finland, International Coordinating Committee of « No to war – no to NATO », Leuvense Vredesbeweging (Belgium), Links Ecologisch Forum (LEF, Belgium), Mouvement Citoyen Palestine (Belgium), Socialist Democracy (Ireland), Stop Wapenhandel (Netherlands); Vredesactie (Belgium), Vrede vzw (Belgium)
Dirk Adriaensens, Brussells Tribunal (Belgium); Tassos Anastassiadis, member TPT, journalist (Greece); Karel Arnaut, antropologist, KU Leuven (Belgium); Jean Batou, solidaritéS/Ensemble à Gauche, member Geneva Parliament (Switzerland); Reiner Braun, Kampagne Stopp Air Base Ramstein (Germany); Ingeborg Breines, former president International Peace Bureau (Norway); Bob Brown, All-African People’s Revolutionary Party (USA); Marijke Colle, ecofeminist, member SAP (Belgium); Filip De Bodt, Climaxi (Belgium); Ludo De Brabander, Vrede (Belgium); Lieven De Cauter, Philosopher, RITCS, School of Arts, & Department of Architecture KULeuven; Herman De Ley, Em. Professor, Ghent University (Belgium); Klaus Dräger, former policy advisor of the GUE/NGL on employment & social affairs (Germany); Yannis Felekis, member TPT, immigrant support activist (Greece); Pierre Galand, former senator Parti Socialiste (Belgium); Eloi Glorieux, former member Flemish Parliament, peace and ecological activist; Kees Hudig, editor Globalinfo.nl (Netherlands); Anton Jäger, University of Cambridge/Université Libre de Bruxelles; Ulla Jelpke, member of German Parliament (DIE LINKE); Dimitris Konstantakopoulos, editor defenddemocracy.press, former member of the Secretariat of SYRIZA (Greece); Stathis Kouvélakis; Costas Lapavitsas, Prof. of Economics, SOAS (London), former member of the Greek Parliament; Tamara Lorincz, PhD candidate, Wilfrid Laurier University, (Canada); Herman Michiel, editor Ander Europa (Belgium); Anne Morelli, honorary professor ULB (Belgium); Karl-Heinz Peil, Friedens- und Zukunftswerkstatt (Frankfurt, Germany); Lucien Perpette, member Fourth International (Slovenia); Stefanie Prezioso, member Swiss Parliament; Matthias Reichl, press speaker, Center for Encounter and active Non-Violence (Austria); Nordine Saïdi, decolonial activist (Belgium); Catherine Samary, Alter-European economist (France); Ingeborg Schellmann, member Attac (Germany); Rae Street, activist against NATO (UK); Daniel Tanuro, ecosocialist, author, member Gauche Anticapitaliste (Belgium); Eric Toussaint, spokesperson CADTM International; José Van Leeuwen, Docp/BDS, Netherlands, Willy Verbeek, president Beweging.net Herent (Belgium); Andy Vermaut, climate and peace initiative Pimpampoentje, president PostVersa (Belgium); Marie-Dominique Vernhes, in the name of 12 members of the working group ‘Europa’ of Attac Germany; Asbjørn Wahl, author and trade union adviser (Norway); Prof. David Webb, Campaign for Nuclear Disarmament (UK); Andreas Wehr, Marx-Engels-Zentrum Berlin; Thomas Weyts, member SAP (Belgium); Thodoris Zeis, member TPT, lawyer, refugees and immigrant support (Greece); Bob Zomerplaag, Enschede voor Vrede (Netherlands).