Cette année encore, les Féministes Anticapitalistes soutiennent l’appel à organiser en Belgique la grève féministe internationale autour de la journée symbolique du 8 mars. Une grève déployée sous toutes ses formes : celle du travail rémunéré, du travail domestique, des études ou encore de la consommation.

Le système capitaliste repose sur l’exploitation du travail “du soin”. Ce dernier est très largement féminisé, souvent exercé de manière non rémunérée dans la sphère privée ou réalisé dans des secteurs toujours plus frappés par les politiques d’austérité, comme l’éducation, la santé ou le social. Les violences hétéropatriacales multiformes sévissent partout et chaque jour. Faire la grève féministe, c’est exprimer notre colère, reprendre confiance et exercer notre force collective comme un frein d’urgence face aux logiques capitalistes et hétéropatriarcales ! Quand les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête !

Une mobilisation cruciale en 2025

En 2025, cette mobilisation prend une couleur particulière. À l’instar de leurs homologues internationaux, les gouvernements wallons, flamands et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ainsi que le gouvernement fédéral en formation, se mettent toujours plus au service des intérêts capitalistes et hétéropatriarcaux, réhabilitant l’autoroute des idées et formations d’extrême droite. De manière encore plus limpide qu’à travers les gouvernements précédents et dans leur lignée, les coalitions de droites annoncent et déploient de lourdes attaques envers les salaires et les allocations, un démantèlement encore plus agressif des services publics et de la sécurité sociale, une offensive idéologique “antiwoke”, raciste et cishétérosexiste. Tout cela s’accompagne d’une répression policière et judiciaire de plus en plus flagrante envers les mouvements sociaux et les classes populaires. S’appuyant sur des exigences européennes présentées comme seule réponse à la crise du capitalisme, cette vague austéritaire, réactionnaire et répressive s’annonce d’une ampleur inégalée depuis des décennies. Les gouvernements passent ainsi à la vitesse supérieure pour renforcer les inégalités et précariser les femmes* et minorités de genre, en particulier les plus vulnérables parmi les classes populaires, les migrant·es, les sans-papiers, les personnes LGBTI+ et les personnes racisées.

Mais les offensives gouvernementales ne s’imposeront peut-être pas si facilement. La résistance s’organise. Avant même que le gouvernement fédéral n’existe, les syndicats sont poussés à organiser des actions contre le catalogue des horreurs de l’Arizona. La manifestation massive du 13 janvier 2025, organisée en front commun, a démontré la ferme opposition de nombreux·ses travailleur·ses à la casse sociale annoncée. Certains secteurs, comme le non marchand, les services publics ou l’enseignement, ont déjà organisé des actions sectorielles, d’une ampleur parfois inédite depuis des années(1) Plus de 25.000 personnes à la manifestation du non marchand le 7 novembre ; 35.000 enseignants flamands en grève avec ⅓ des écoles fermées le 13 janvier ; deux jours de grèves consécutifs dans l’enseignement francophone en janvier après le succès des arrêts de travail, grèves et manifestations de fin 2024.. Dans ce contexte, l’appel à la grève féministe doit venir renforcer la résistance sociale en s’inscrivant dans un plan d’action syndical. Ces actions doivent s’intensifier pour faire barrage aux mesures que le fédéral voudra s’empresser d’imposer. En plus d’une mobilisation massive pour la journée symbolique du 8 mars, nous soutenons donc, a minima, l’appel à une grève interprofessionnelle en jour de semaine contre les nombreuses mesures qui impacteront particulièrement les femmes* sur différents aspects (conditions de travail, sécurité sociale et allocations, conciliation vie privée/professionnelle, soin aux personnes dépendantes, violences sexistes et sexuelles, …). Nous vous invitons à signer cette pétition pour une grève féministe en semaine en mars 2025 et qui s’inscrive dans le plan d’action syndicale.

Des revendications féministes claires et transversales pour renforcer la résistance sociale

La résistance sociale a tout à gagner à articuler les actions syndicales à la dynamique et aux revendications transversales d’un mouvement féministe en opposition à toute forme de domination :

  • Sécurité financière pour tou·tes : individualisation des droits sociaux (fin du statut de cohabitant·e), augmentation des salaires et allocations garantissant une vie digne pour chacun·e ;
  • Renforcement des services publics et non marchands : crèches, santé, éducation, culture, services sociaux et transports doivent être accessibles à tou·tes et de qualité ;
  • Désinvestissement de la police et de l’armée : plutôt que d’alimenter les forces de répression, les fonds publics doivent financer la lutte contre les violences sexistes, sexuelles et racistes à travers l’autodéfense, la prévention et l’accompagnement ;
  • Régularisation de toutes les personnes sans-papiers : pour garantir des conditions de vie dignes et la protection des droits fondamentaux pour tou·tes ;
  • Accès réel, libre et gratuit à la contraception et à l’avortement jusqu’à 24 semaines ainsi que la fin du délai de réflexion dans le cas de recours à l’IVG ;
  • Solidarité internationale féministe : opposition aux guerres (Ukraine, Palestine, Afghanistan) et à la montée de l’extrême droite, tout en défendant la justice sociale et climatique.

Construire un mouvement féministe global

Aujourd’hui, il est plus qu’urgent d’unir nos forces à travers un mouvement féministe internationaliste, combatif, radical et indépendant des institutions étatiques et des logiques capitalistes. Un mouvement qui s’organise toute l’année, en lien avec toutes les luttes des exploité·es et des opprimé·es : Notre libération passe par l’émancipation collective. Autour du 8 mars, prenons la rue, mettons-nous en grève et faisons entendre nos voix ! Aucune de nous ne sera réellement libre tant que nous ne serons pas toutes libres ! 

Notes[+]