Il y a plusieurs semaines le magazine +972 révélait l’existence d’un plan secret appelé « plan général de l’armée israélienne ». Ce plan prévoit de créer une zone tampon dans tout le nord de Gaza.
Une zone tampon suffisamment large pour contenir 400 000 personnes. Une zone qui serait un no man’s land sous contrôle israélien. Une zone sans PalestinienNEs donc.
Depuis le 10 octobre, l’armée israélienne a, semble-t-il, décidé de mener à bien ce plan. Un ordre d’évacuation a enjoint plusieurs centaines de milliers de personnes de se déplacer vers la zone prétendue sûre de Al-Mawasi sur la côte plus au sud. Cela fait plusieurs fois qu’Israël déplace des populations entières d’une zone dite sûre à une autre. Presque tout le monde — 2 millions de personnes — a déjà reçu ce genre d’ordre.
Nulle part où aller
Plusieurs centaines de milliers de personnes, n’ayant nulle part où aller ou dans l’incapacité de se déplacer, sont donc en ce moment même soumises à une invasion brutale et sanglante. Les forces israéliennes se concentrent actuellement sur le camp de réfugiéEs de Jabalia dans le nord de Gaza. Israël cible particulièrement les journalistes, ne voulant pas qu’il y ait des témoins pour ce qui va devenir probablement l’un des pires massacres de notre génération.
Le 14 octobre, Israël bombardait les tentes qui abritaient les malades de l’hôpital Al-Aqsa. Plusieurs dizaines de personnes ont été brûlées vives — certaines sur leur lit d’hôpital encore attachées à leur perfusion. Les images des feux de tentes ont fait le tour du monde. Il s’agissait pourtant d’un centre de vaccination contre la polio, dont la recrudescence est due aux conditions d’hygiène et au manque de matériels de nettoyage et de soin. Depuis début octobre, plus aucune aide alimentaire n’a pu être acheminée dans le nord de la bande de Gaza. Israël bombarde donc les victimes de la famine et du blocus qu’il a lui-même organisés.
Israël attaque les Nations unies… deuxième épisode au Liban
Parallèlement, Israël continue ses attaques sur le Liban. Les forces d’interposition onusienne de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) ont été plusieurs fois prises pour cible et leur camp attaqué par des tanks. Cibler les forces de l’ONU est d’ailleurs considéré en droit international humanitaire comme un crime de guerre, mais visiblement après avoir menacé le secrétaire général, bombardé des centres et des écoles de l’UNRWA — l’agence onusienne de réfugiéEs —, rien n’arrête la machine de guerre israélienne.
Jamais les personnels de l’ONU n’ont été autant pris pour cibles et tués que depuis octobre 2023. Netanyahou a déclaré qu’au sein de la Finul se trouvaient les otages du Hezbollah. Il s’agit de la même doctrine appliquée à Gaza : les destructions massives et une réponse disproportionnée !
L’hypocrisie occidentale
Israël ne peut continuer cette guerre qu’avec le soutien actif des pays occidentaux. L’Irlande et l’Espagne ont appelé à des sanctions contre Israël. La France se dit « bouleversée ». Visiblement, l’Allemagne continue à livrer des armes mais a demandé une clause dans ces livraisons : ne pas commettre de génocide à Gaza. Alors que parler de génocide est passible d’arrestation en Allemagne pour antisémitisme, on atteint des sommets dans l’hypocrisie.
Les deux candidats à la présidentielle américaine ont indiqué que les livraisons d’armes allaient continuer quoi qu’il arrive. Les massacres vont donc continuer. Le soutien aux PalestinienNEs doit continuer également et ne pas laisser l’horreur se normaliser.
Article initialement publié le 17 octobre sur le site de l’Anticapitaliste
Crédit photo : Photothèque Rouge / Alexandre