La Chine entend renforcer son influence économique et politique sur le continent africain en promouvant ses méthodes de gouvernement. Le 9e Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine s’est tenu à Pékin du 4 au 6 septembre. Il a rassemblé la quasi-totalité des pays africains autour de Xi Jinping qui a détaillé sa politique africaine.
Relation de dépendance
L’annonce choc, c’est évidemment les 50 milliards de dollars destinés aux pays du continent africain. Une somme certes importante mais à relativiser. Étalée sur trois ans, elle se décompose en 30 milliards de prêts, 10 milliards d’investissement d’acteurs privés et 10 milliards au titre de l’aide au développement.
Lors de son discours d’ouverture, Xi Jinping a tenté de répondre aux critiques nombreuses sur l’asymétrie des relations entre l’Afrique et l’empire du Milieu. À cette fin, il a annoncé des mesures comme la suppression des droits de douane pour les exportations agricoles des 33 pays africains les plus pauvres et la création d’un million d’emplois grâce aux investissements des entreprises chinoises. Les mêmes qui surexploitent les salariéEs africainEs dans des conditions de travail indignes.
Ces annonces sont loin de changer les rapports déséquilibrés entre le géant asiatique et l’Afrique, et elles sont similaires en tout point à une relation Nord-Sud se traduisant par des importations des matières premières et une exportation de produits manufacturés.
Source d’inspiration pour les dictateurs
Ce qui est passé plus inaperçu — pourtant affirmé comme objectif premier dans le discours de Xi Jinping — est la mise en avant de sa gouvernance comme une alternative au modèle occidental. Cette volonté s’accompagne d’une présence chinoise qui dépasse le strict domaine économique. Ainsi la Chine joue un rôle majeur dans la politique de maintien de la paix de l’ONU, comme première contributrice financière et seconde pour le nombre de soldats dans les différentes missions onusiennes. Elle renforce aussi son poids politique depuis quelques années à travers le lancement d’instituts de formation destinés aux cadres des partis politiques africains et des hauts fonctionnaires de l’État. L’idée défendue est que la démocratie est d’abord et avant tout le développement économique, rendu possible grâce à la domination du parti sur les structures d’État qu’elles soient civiles ou militaire. Un modèle politique aussi enseigné dans les formations militaires où les officiers supérieurs africains constatent que l’armée chinoise est au service non du gouvernement mais du parti dominant. Une politique, on s’en doute, qui n’est pas pour déplaire à nombre de dictateurs qui sévissent sur le continent.
On peut aussi légitimement se poser la question de la pertinence du besoin de ce type de formation, qu’elle soit d’ailleurs chinoise ou occidentale. En effet, elle reflète une vision condescendante et une méconnaissance de la riche culture politique de l’Afrique, nourrie notamment par des décennies de lutte pour sa libération.
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