Nous publions ci-dessous la version longue du tract que nous distribuerons lors de la manifestation nationale antifasciste appelée par la Coordination antifasciste de Belgique (CAB) ce dimanche 16 juin à 13h au Mont des arts

On ne va pas se refaire la chronique d’une vague brune annoncée : partout en Europe, les digues fragiles ont craqué, l’extrême droite s’élance, désormais incontournable, jusqu’au cœur ou aux marches du pouvoir. Le Vlaams Belang obtient 22,7 % et Chez Nous sans visibilité médiatique 2,8 %.

Ses vieilles haines rancies, ses nostalgies fascistes, ses fantasmes de grand remplacement ont beau se rhabiller en mode populiste, dédiabolisé, conservateur ou complotiste, ou même s’afficher sans vergogne au gré de défilés virilistes de milices néo nazies, les recettes sont toujours les mêmes : racisme, xénophobie, détestation du féminisme, LGBT+phobie, attaques en règle contre les travailleurs, leurs organisations syndicales, la gauche en général, et fascination pour les « valeurs traditionnelles », la famille, l’ordre, la répression… et la violence.

Au lendemain de ces élections historiques, notre colère et notre dégoût se tournent, dans tous les pays concernés, vers ceux qui ont fait le lit de l’irruption fasciste, en menant sans état d’âme tout au long leurs gouvernements successifs des politiques d’austérité toujours plus réactionnaires, dérégulant, privatisant à tour de bras et s’attaquant aux services publics. En faisant des cadeaux aux riches toujours plus riches et s’attaquant aux pauvres toujours plus pauvres, ils ont perdu tout crédit et désespéré  une large part de la population qui, abandonnée, ne sait plus vers qui se tourner au moment des élections pour résoudre leurs problèmes.

Honte à tous ceux qui, non contents d’abandonner le cordon sanitaire, ont rabâché le discours creux d’un antifascisme de façade tout en semant la confusion en renvoyant dos à dos l’extrême gauche et l’extrême droite et exhortant au moment des élections à voter pour les « partis démocratiques ».

 Ces mêmes partis, dont certains dits « de gauche » qui viennent de voter les lois racistes du pacte migratoire européen, qui autorisent entre autres aux troupes de Frontex déjà coupables de dizaines de milliers de morts en Méditerranée et dans la Manche de venir faire leur sale boulot sur notre territoire. L’année dernière 600 morts sur un seul bateau au large de Pylos en Grèce. Et gageons qu’avec une extrême droite devenue omniprésente en l’Europe, la politique meurtrière du non-accueil risque d’encore se durcir. Cerise sur le gâteau, en France, l’ex–directeur de Frontex siégeait au 3ème rang sur la liste européenne du RN !  

Nous ne pardonnerons pas la démission puis la trahison des forces de gauche qui devaient porter un autre projet de société et qui renient à répétition leur engagement à défendre les plus faibles contre les plus forts. Qui osent encore se justifier par le sempiternel « Sans nous, ce serait pire ».

Nous n’oublierons jamais la lâcheté et les stratégies suicidaires des partis de droite qui, par calcul électoral ont cru que courir après l’extrême droite en susurrant les mêmes refrains sur le danger migratoire et l’urgence sécuritaire allait leur ramener leurs électeurs… On voit le résultat ! 

Nous ne nous faisons aucune illusion sur la capacité et la volonté des partis traditionnels de faire réellement barrage à l’extrême droite. Même à Liège, qui s’est déclarée « ville antifasciste » au conseil communal de juin 2023, le pouvoir communal a envoyé il y a quelques jours ses flics réprimer une action antifa devant un bistro où se tenait un meeting fasciste du parti Chez Nous. Alors que c’étaient des militants de Chez nous qui avaient violemment agressé deux antifas, les « forces de l’ordre » ont arrêté en masse… les manifestants du front antifa, protégeant les fachos au nom de la liberté d’expression !

Ne faisons confiance qu’à nous même. Dès aujourd’hui, y a urgence à construire, par en bas, un mouvement antifasciste de masse, unitaire, pluraliste et démocratique, radicalement anticapitaliste qui regroupe les syndicats, les écologistes, les antiracistes, les anti-impérialistes et décoloniaux, les féministes et les LGBTI qui assume de porter ensemble une alternative politique.

Nos revendications :

  • Ouverture des frontières, liberté de circulation et d’installation
  • Droit total des femmes à disposer de leur corps, de l’IVG et au port du voile
  • Désarment et désinvestissement de la police
  • Redistribution des richesses et renforcement de la sécurité sociale
  • Fin de la répression syndicale et des mouvements sociaux

Rendez-vous ce dimanche 16 juin pour la manifestation antifasciste appelée par la coordination antifasciste de Belgique : la Gauche anticapitaliste y formera un bloc, rejoignez-nous !