La « révolution sandiniste » est le nom de la décennie révolutionnaire qui s’est déroulée au Nicaragua, à la suite du renversement de la dictature de Somoza par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) en juillet 1979.
Cette révolution a permis des campagnes massives d’alphabétisation, des avancées dans les domaines de la culture et de la santé, les réformes agraires (malgré leurs contradictions) et le formidable élan démocratique qui a traversé le pays (dans la pluralité politique).
Mais la guerre « civile », ouvertement financée par les États-Unis, la dégradation de la situation économique (elle aussi largement orchestrée par les USA) ainsi que des contradictions internes à la révolution (centralisme du FSLN, pas de débat de congrès en dix ans, le nombre de morts d’appelés au service militaire) ont eu raison du souffle révolutionnaire. Et les sandinistes ont été défaits aux élections de 1990.
Retour au pouvoir de Daniel Ortega
Quatorze années plus tard, l’ancien dirigeant sandiniste Daniel Ortega a remporté les élections. Mais il ne se réclame plus de la révolution qu’à des fins de propagande. C’est dans un climat de concentration extrême du pouvoir que le Nicaragua a connu une véritable insurrection civique en 2018. Le déclencheur en a été une contre-réforme des retraites imposée par le FMI : la répression qui s’est abattue sur les retraité·e·s qui manifestaient a entraîné une réponse immédiate des étudiant·e·s. Eux-mêmes réprimé·e·s. C’est alors toute la société qui s’est mobilisée.
Bien au-delà de la question des retraites, la contestation s’est attaquée à la corruption et au pouvoir absolu du couple présidentiel.(1)La Vice-Présidence de la République est occupée par Rosario Murillo, l’épouse de Daniel Ortega – NDLR. La population exigeait le départ d’Ortega et la restauration de l’État de droit.
Répression et combat contre la dérive dictatoriale
Au prix de plusieurs centaines de morts, de milliers d’arrestations et de centaines de milliers d’exilé·e·s, le pouvoir a obtenu une apparence de retour à l’ordre. Et il s’est employé, depuis l’automne 2018, à renforcer son pouvoir coercitif et à annihiler toute forme d’opposition.
Actuellement, il n’existe plus de journaux ni de médias indépendants. La prison ou l’exil sont les seuls choix proposés par la dictature d’Ortega. La prison « el Chipote », tristement célèbre sous Somoza, n’a jamais cessé d’emprisonner et de torturer. La population est surveillée par des paramilitaires. Les fonctionnaires sont obligé·e·s de participer aux manifestations de soutien au régime sous peine de perdre leur emploi. Ortega n’est en rien l’héritier de la révolution sandiniste : il en est le fossoyeur. Pour faire chuter la dictature, l’opposition en exil essaie de se reconstruire (y compris avec les dirigeant·e·s sandinistes ayant refusé la dérive dictatoriale) et en renouant les liens entre les opposant·e·s restés dans le pays.
Conférence à Bruxelles le 21 février
La Gauche anticapitaliste, en collaboration avec Anticapitalistas et la Formation Léon Lesoil, organise une conférence le mercredi 21 février à 19h30 sur le thème Nicaragua : Que reste-t-il de la révolution sandiniste ?
Où ? Au Pianofabriek, 35 rue du Fort, 1060 Saint-Gilles
Quand ? Mercredi 21/02/24 à 19h30
Entrée à prix libre
Le Nicaragua a connu plusieurs vagues de contestations populaires, étudiantes et paysannes ces dernières années, contre le régime autoritaire instauré par Daniel Ortega, au pouvoir depuis 17 ans.
Après avoir été l’un des dirigeants phares du FSLN (Front sandiniste de Libération nationale) qui renversa la dictature d’Anastazio Somoza par une révolution en 1979, Daniel Ortega revient au pouvoir en 2007, non sans avoir opéré une série de tournants et de compromissions avec les « ennemis d’hier » (rapprochement avec l’Église et le patronat, exclusion de nombre de ses ex-camarades du FSLN, etc.) L’ex-guérillero instaure depuis lors un régime conservateur, néolibéral et autoritaire, qui réprime et emprisonne les opposant·e·s ou les force à l’exil.
Quelle est la situation politique au Nicaragua aujourd’hui ? Que reste-t-il de la révolution sandiniste ? Quel est l’état des forces de la résistance au régime ? Quelles sont les perspectives à moyen terme et comment la solidarité internationaliste peut-elle soutenir cette lutte ?
C’est ce que nous vous invitons à venir discuter avec :
– Mónica Baltodano, ex-commandante guérillera du FSLN, membre de l’État major qui dirigea l’insurrection de Managua en 1979, ex-parlementaire aujourd’hui exilée au Costa Rica.
– Miguel Urbán, eurodéputé et membre d’Anticapitalistas.
La conférence sera en espagnol avec interprétation vers le français.
Retrouvez l’événement sur facebook.
Article publié dans l’hebdo L’Anticapitaliste le 08/02/2024.
Photo : Manifestation dans la ville de Masaya au Nicaragua, en juillet 2018. (Jorge Mejía Peralta, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons)
Notes