Blocages d’envoi de matériel, appel au boycott, les syndicats au sein de l’État espagnol et au-delà se mobilisent en solidarité avec la Palestine.
L’apartheid en Afrique du Sud, l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie fasciste de Mussolini, la dictature de Pinochet au Chili: nombreuses sont les occasions tout au long de l’histoire où le mouvement ouvrier international s’est dressé contre les dictatures et le colonialisme imposés aux peuples d’autres régions du monde.
Une fois de plus, les syndicats palestiniens ont fait appel à l’internationalisme de la classe travailleuse pour freiner le génocide perpétré par l’État colonial d’Israël contre la population palestinienne et qui a déjà causé l’assassinat de plus de [20 000] personnes.
«Nous lançons cet appel, convaincus que la lutte pour la justice et la libération de la Palestine n’est pas seulement une lutte déterminée à l’échelle régionale mais également mondiale», c’est par ces mots que la Fédération générale palestinienne des syndicats à Gaza interpelle l’ensemble du monde syndical.
Contre la double morale des bourgeoisies occidentales
Face à la crise d’hégémonie impérialiste occidentale qui s’approfondit de manière évidente dans le monde, nous avons l’obligation de prendre parti en soutenant les peuples opprimés. Nous pouvons pour cela nous appuyer sur au moins deux raisons principales.
Premièrement, dans un monde globalisé par l’internationalisation généralisée des processus de production et des chaînes de valeurs, des secteurs concrets de travailleurs·euses acquièrent un pouvoir stratégique central au sein de secteurs comme les transports, la logistique, les télécommunications, la production technologique. Ce n’est pas un hasard si certains de ces secteurs ont mené des grèves et des blocages de la production et du transport de matériel militaire destiné à l’État israélien: les travailleurs·euses du transport en Belgique, les dockers du port de Barcelone, les dockers et les activistes des ports de Oakland et Tacoma ont réussi à bloquer l’envoi de matériel militaire ; dans la ville anglaise de Kent, des piquets de travailleurs·euses ont bloqué les entrées de la fabrique d’armement Elbit Systems (au capital israélien). Une ligne suivie par d’autres organisations syndicales importantes comme le Conseil syndical central de l’Inde, la Confédération unitaire des travailleurs (CUT) du Brésil, le Syndicat canadien des employé·e·s du service public et le Syndicat des mineurs de Colombie.
La seconde raison est éminemment politique. Le caractère colonial de l’occupation israélienne et l’impunité grâce à laquelle elle ignore toute norme du droit international reflète la perte de légitimité de l’impérialisme occidental à s’ériger en agent de la démocratie et garant de la paix. Pour des millions de personnes, la double morale des bourgeoisies occidentales pour légitimer les massacres qui garantissent leurs intérêts, devient évidente. Face à cette crise, nous devons présenter une alternative internationaliste et écosocialiste comme unique réponse capable de garantir un futur de liberté et d’égalité pour les peuples du monde.
Cette tâche nous interpelle toutes et tous, en commençant par les militant·e·s révolutionnaires qui doivent jouer au sein de la classe travailleuse et des opprimé·e·s en Europe un rôle actif contre nos bourgeoisies et l’impérialisme européen qui soutient l’État colonial d’Israël.
Mobilisation dans l’État espagnol
Dans le cas espagnol, nous pouvons observer quelques avancées dans cette tâche qui ne font que commencer. Des secteurs concrets de travailleurs·euses comme les dockers du port de Barcelone ou d’une partie de l’effectif d’Airbus à Madrid se sont mobilisés pour exprimer leur appui total au peuple palestinien. Récemment, un large éventail d’organisations syndicales – comme la Confédération général du travail (CGT), l’Intersyndicale et le Courant syndical de gauche (CSI) – ont dénoncé le génocide israélien en Palestine et exigé du gouvernement espagnol « la rupture des relations diplomatiques et commerciales avec un État qui perpétue un régime d’apartheid et viole les droits humains du peuple palestinien. Les syndicats de classe signataires, répondant à l’appel public des syndicats palestiniens, demandent à l’État espagnol d’adopter une position claire, juste et solidaire en défense de la Palestine ».
Des organisations politiques comme Anticapitalistas et des collectifs comme BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) travaillent à l’extension de la solidarité internationale avec la Palestine, dans de larges mobilisations et rencontres dans les rues de l’État espagnol et au sein des organisations d’étudiant·e·s dans les instituts et dans les universités. Ainsi que de la part du gouvernement espagnol du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et de Sumar, la rupture urgente de toutes les relations diplomatiques et économiques avec Israël.
Version initiale écrite en castillan, par Víctor de la Fuente Gaita de Anticapitalistas. Traduction du castillan : Hans-Peter Renk. Version française initialement publiée le 1 décembre 2023 sur le site de solidaritéS.
Image: Des membres du syndicat RMT (National Union of Rail, Maritime and Transport Workers) soutiennent un rassemblement de solidarité avec la Palestine dans le centre de Londres, au jour de la visite du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la première ministre britannique Theresa May, le 6 juin 2018. Crédit photo: Alisdare Hickson; photo disponible sur Wikimedia Commons.