Suite à une rencontre avec des syndicalistes de la CGSP en lutte lors d’un arrêt de travail au CPAS de Schaerbeek, notre camarade Goto Van Kern a été invité à revenir pour couvrir la suite de la lutte.
Devant la porte où se tiendra le conseil du CPAS, une cinquantaine de travailleurs et de travailleuses sont là pour rappeler qu’iels ne lâcheront rien. Les déléguées CGSP, Patricia de Ridder et Yness Khalifa, attendent 19h15 pour amener leurs revendications, à savoir, des ordinateurs portables pour télétravailler, de nouvelles embauches, de meilleures mesures d’hygiène pour les usager.e.s comme pour les travailleu.rs/ses (et pas des séparations en carton), des indemnités de télétravail avec effet rétroactif depuis un an et la clarification des missions des nouveaux postes créés par la réorganisation, entre autres choses.
L’atmosphère est tendue et l’agacement est palpable dès qu’on discute avec les personnes présentes. Un des points à l’ordre du jour du Conseil de l’Action Social est la présentation de ladite réorganisation. On a peur que cette présentation ne laisse pas la place aux revendications syndicales urgentes.
Les mesures d’hygiène n’autorisent que la venue de deux déléguées par délégation syndicale « pourtant cela ne les dérange pas qu’on soit entassés quand on bosse” me dit un syndicaliste. Visiblement, l’hygiène devient vitale quand il s’agit de casser le nombre de la délégation syndicale. La santé du top management serait-elle plus importante que celle des travailleu.rs/ses de première ligne ?
“On ne cèdera pas au chantage” me confie une autre syndicaliste. “Jusqu’ici, les propositions de la direction, ça a été de déshabiller Pierre pour habiller Paul.” Hors de question pour les travailleurs mobilisés de troquer leurs droits contre d’autres : c’est tout ou rien.
Côté communication de la direction, les effets d’annonce de dernière minute lancés entre deux couloirs fusent. “On apprend ce matin que la commune a débloqué 500.000 euros pour l’achat d’ordinateurs réservés au télétravail. Problème, quand on examine un peu les détails, on se rend compte que cette somme est complètement disproportionnée par rapport au besoin. “500.000 euros pour moins de 300 personnes à équiper, cela fait plus de 1650 euros par ordinateur ! On va nous acheter du haut de gamme ?” demande la déléguée Patricia de Ridder, plus que sceptique. D’autant plus que cette somme est supposée être étalée sur 3 ans alors que le besoin d’équipement est urgent afin de gérer au mieux le télétravail durant la pandémie.
Encore plus troublant, un conseiller communal a annoncé qu’une enveloppe de 9 millions avait été débloquée par le fédéral en 2020. Incompréhension dans la délégation une fois encore “On n’a pas vu la couleur de cet argent ! Où est-il passé?!”
On annonce aussi que les indemnités de télétravail allaient enfin être débloquées. “On attend depuis mars 2020, il était temps !”
Les travailleuses et les travailleurs soupçonnent que ces effets d’annonce soient une stratégie de communication pour entretenir la confusion qui règne au sein du CPAS tout en démobilisant une partie des employé.e.s en lutte.
Au niveau de la réorganisation, rien n’est encore clair. Les anciens postes vont être “supprimés” pour que tout le monde puisse choisir son nouveau poste. Problème encore une fois, puisque personne ne sait rien des tâches qui vont être effectuées dans le cadre de ces nouveaux postes.
Les conseillers communaux et CPAS de l’opposition sont venus vendre leur lessive en reportant l’ensemble des problèmes sur la Présidente actuelle du CPAS, Sophie Querton. Une stratégie de comm qui fait tiquer les travailleurs sur place qui ont le sentiment qu’on les utilise. “On sait très bien que la présidente du CPAS a beaucoup de pouvoir mais le rôle de ces conseillers c’est de faire contre-pouvoir en allant vérifier les informations qu’on leur donne et pourtant ils n’en font rien !”
Les problèmes de ce CPAS ne datent pas de la nouvelle direction. “Cela fait 18 ans que je travaille ici et cela fait 18 ans qu’on se fout de notre gueule” déclare une travailleuse. La déléguée CGSP Yness Khalifa rappelle que les problèmes pré-datent de loin la pandémie, le problème est structurel.
“On a fait le calcul nous-même après avoir vu les chiffres fantaisistes de la direction : en moyenne, chaque AS(1)assistant.e social.e doit gérer 175 dossiers alors qu’on devrait normalement en faire 90 ! Même en faisant l’effort de 120 dossiers par AS, il faudrait engager 30 temps pleins supplémentaires !” La direction a de son côté annoncé vouloir en engager 8. On nage en plein délire !
Pour l’instant, les arrêts de travail sont faits quotidiennement mais les actions vont monter en intensité si les travailleurs et les travailleuses continuent à être pri.se s pour des imbéciles. “Si on obtient rien, ce sera grève à l’ancienne, à la dure, avec les chaînes” déclare une syndicaliste qui en a plus que marre. “On va compter sur nous, sur les travailleu.r.se.s et basta !” déclare une autre.
Vers 18h, le conseil du CPAS annonce que la réunion avec les déléguées est avancée à 18h20. Au final, on fera poireauter la délégation jusqu’à 19h15 qui ressortira à 21 heures, médusée.
“On n’a rien eu” m’explique le lendemain la déléguée CGSP Patricia de Ridder. Cette réunion a été une présentation où les déléguées n’ont pas pu intervenir pour poser des questions. On leur a ensuite laissé exposer leurs revendications pour leur expliquer qu’ils n’avaient pas de solution.
Les indemnités liées au télétravail qui sont attendues depuis un an, commenceront à être payées à partir d’avril 2021 avec un effet rétroactif de 3 mois seulement : les travailleurs et les travailleuses réclamaient une année complète. Les rares embauches se feront sous contrat précaire.
Après le départ de la délégation syndicale, la majorité fera valider une enveloppe de 30.000 euros pour faire de la publicité pour le CPAS : on croit rêver !
L’assemblée générale syndicale, après cet ultime foutage de gueule, votera à l’unanimité pour la grève le lendemain matin. Un préavis a été déposé pour le mardi 30 mars.
La direction n’a pour l’heure pas encore communiqué sur le fiasco du conseil.
Si vous souhaitez montrer votre solidarité avec le mouvement, soyez présent.e le mardi 30 mars devant le CPAS (Boulevard Auguste Reyers, 70) au piquet de grève dès 7h30 du matin !
Notes