De Maisières à Cheratte, un terrible fléau circule à présent, tel un virus, sur les autoroutes wallonnes. En attendant de lui donner un joli prénom d’ouragan, les experts préfèrent le nommer provisoirement « entrave méchante à la circulation ».

Signalée pour la 1ère fois sur un pont à Cheratte voici 5 ans, “l’entrave méchante” pourrait avoir été diffusée par une horde de virulents syndicalistes déjà infectés (à la Carapils, leur pouvoir d’achat leur interdit la Corona !) qui refusent systématiquement de s’adapter à la nécessaire modernisation de nos sociétés. Ils n’arrêtent plus de brailler à tout vent : saccage des acquis sociaux, mise à sac des soins de Santé, contagion de la précarité, destruction de l’emploi et dévalorisation des salaires, tels sont leurs cris de guerre ! Mais quel est donc ce vent de folie qui les pousse à partir en croisade contre la libre entreprise et les lois naturelles du marché ?

Et voici que deux ans après cette première alerte, l’inquiétante maladie réapparaît à Maisières, tuant la malheureuse petite Mawda. Longtemps, une rumeur malveillante colportée par des gauchistes exaltés avait prétendu que la petite aurait été la malheureuse victime d’une balle policière, malencontreusement échappée du canon du révolver d’un serviteur de l’Etat que l’enfant croisa de manière tout-à-fait fortuite sur la même autoroute.

Grâce au procès qui se tient à Mons, on sait à présent qu’il n’en était rien. Les vrais responsables sont enfin identifiés : il s’agit du chauffeur et du convoyeur du véhicule qui transportait la petite et ses parents. Eux aussi étaient contaminés par “l’entrave méchante à la circulation”. De plus, tous les passagers du véhicule étaient déjà infectés par la tare bien connue “réfugiés de guerre en situation illégale sur le territoire de notre belle petite patrie”. Pourquoi et comment les membres de cette famille ont-ils été victimes de ces deux individus ? Les recherches avancent… Déjà fragilisés par leurs déclarations incompréhensibles les accusés sont à présent confondus par les analyses des spécialistes : un paquet de cigarettes anglaises de contrebande trouvé dans le véhicule pourrait avoir servi de vecteur.

Un pas décisif dans le combat national contre la pandémie de” l’entrave méchante “ a enfin été franchi hier au tribunal montois. Désormais, les plus hautes autorités du pays n’ hésiteront plus à administrer un traitement de choc qui a déjà fait ses preuves, le plan Médusa. Des moyens renforcés seront mobilisés lors d’opérations d’envergure pour identifier et mettre hors d’état de nuire les forces du mal qui répandent des rumeurs alarmistes et tentent de saper notre détermination.

Ouf ! La Belgique respire, les fêtes de Noël ne manqueront pas de nous faire oublier ces moments douloureux !


Pour mieux comprendre l’enjeu du jugement des 17 syndicalistes, nous vous conseillons aussi la lecture de l’édito de Bertrand Henne dont voici un extrait :


« L’art 406 de la loi sur l’entrave méchante à la circulation a été voté dans un contexte très particulier, juste après les grandes grèves de l’hiver 61. A l’époque déjà la question d’inclure dans l’entrave méchante à la circulation les mouvements sociaux se pose et le législateur semble les exclure. Il semble les exclure, mais n’amende pourtant pas l’article 406 pour explicitement les exclure du texte. Ce qui veut dire que cet article garde une portée possible de « maintien de l’ordre » qui s’explique par le contexte social très tendu du début des années 60. »

Extrait de « Et si on parlait de l’entrave méchante au droit de grève ? » publié sur le site de la RTBF