Selon les sondages, Donald Trump accuse maintenant un retard de 12 points face à Joe Biden. Les électeurs se sont retournés contre Trump en raison de sa mauvaise gestion de la pandémie de coronavirus, comme l’a démontré sa propre infection à l’occasion d’un événement qu’il a organisé dans la roseraie de la résidence présidentielle et qui a conduit à l’infection de 34 familiers de la Maison Blanche. Le virus a déjà tué 215 000 ÉtatsunienEs. Le président essaie donc maintenant de faire déplacer le débat vers l’ordre public et les dangers du « socialisme ».

Trump s’est exprimé samedi 10 octobre depuis le balcon de la Maison Blanche devant une foule de centaines de personnes portant des chapeaux rouges avec le sigle MAGA (Make America Great Again) et des t-shirts bleus pour soutenir la police, dans ce qu’il a appelé « une manifestation pacifique en faveur des forces de l’ordre ». Il a dit à ses partisans enthousiastes : « Nous ne pouvons pas permettre à notre pays de devenir une nation socialiste. » Il a également qualifié les démocrates de « communistes ». Raciste et sexiste, Trump a traité, à plusieurs reprises, la candidate démocrate à la vice-présidence Kamala Harris, dont les parents sont d’origine jamaïcaine et indienne, de « monstre ».

Pressions et manipulations

En même temps, Trump fait maintenant pression sur le secrétaire d’État Mike Pompeo pour qu’il publie les mails de l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton, et exige que le procureur général William Barr inculpe Hillary Clinton et l’ancien président Barack Obama ainsi que l’ancien vice-président, Jose Biden, pour avoir espionné sa campagne en 2015-2016. Il qualifie Biden de criminel à qui il devrait être interdit de se présenter aux élections. Il s’agit d’une évolution sans précédent dans la politique US, révélatrice une fois de plus des comportements autoritaires de Trump.

Environ 31 % des ÉtatsunienEs s’identifient comme Démocrates, 25 % comme Républicains et 40 % comme indépendants. Ainsi, pour les Républicains, gagner des élections dépend non seulement de la conviction des électeurEs, mais aussi de l’élimination du plus grand nombre possible de Démocrates et d’indépendants, souvent en modifiant les règles d’inscription des électeurEs, ou bien en fermant ou en déplaçant les bureaux de vote, ou enfin en diffusant des informations incorrectes sur les dates de vote. Tout cela cible en particulier les électeurEs noirs, les électeurEs latinos et les étudiantEs qui pourraient voter démocrate. Le Post Master General (directeur de la poste), Louis DeJoy, a également créé le chaos dans le système de courrier alors que, sans preuves, Trump attaque comme contribuant à la fraude les bulletins de vote par correspondance, qui seront davantage utilisés dans cette élection à cause de la pandémie.

Probables perturbations et violences

Le Parti vert, qui se trouve à gauche des Démocrates, a toujours eu un écho limité, mais on considère qu’il attire des électeurEs qui, s’il ne s’était pas présenté, auraient pu voter démocrate. Ce qui peut donner lieu à des manœuvres des grands partis. Lors de cette élection, le Parti vert est davantage marginalisé que d’habitude par les agissements du Parti démocrate pour que ses bulletins soient absents dans plusieurs États tandis que des journaux révèlent que des Républicains auraient agi pour que les Verts puissent se présenter dans certains États (le Parti Vert dit qu’il n’était pas au courant de ces actions républicaines). Dans la gauche, la plupart soutiennent Biden, certains soutiennent Howie Hawkins, candidat à la présidentielle des Verts, et d’autres rejettent la politique électorale et appellent à la construction de mouvements de masse.

Nous pouvons nous attendre à des perturbations et à de la violence dans certains États le jour du scrutin alors que l’extrême droite se mobilise. La possibilité de violences le jour du scrutin est devenue claire le 8 octobre lorsque le Federal Bureau of Investigation (FBI) a arrêté treize membres d’une milice armée illégale d’extrême droite, accusés d’avoir planifié l’enlèvement de la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer et le renversement violent des autorités locales.

Les syndicats, les organisations noires et latinos et les groupes de femmes et LGBTQ se tournent désormais massivement vers le vote pour Joseph Biden. Mais ils créent également des organisations pour défendre le processus de vote, les bureaux de vote et le dépouillement des bulletins de peur que Trump et les gouverneurs républicains ne mobilisent la police ou les troupes pour tenter de voler les élections. Il y a aussi des discussions entre les mouvements sociaux et la gauche sur la façon de résister à une tentative de Trump de rester au pouvoir même s’il perd les des élections.

Traduction Henri Wilno pour le site du NPA.