Le vent tourne
En 2017, de nombreuses femmes se sont autorisées à parler librement via les réseaux sociaux des agressions sexuelles qu’elles ont vécues. En parler pour ne plus être seule, pour ne plus se sentir coupable, pour exprimer notre colère légitime, pour trouver la force de faire en sorte que ça change, profondément et durablement, pour qu’aucune de nous ne vive plus jamais ça !
En 2017, les associations féministes ont, pour la première fois en Belgique, mis des mots et des visages sur un chiffre terrifiant : au moins 39 femmes assassinées cette année-là parce qu’elles étaient des femmes(1)http://stopfeminicide.blogspot.be; www.facebook.com/StopFeminicideBelgium ! Carmen (35 ans, Comines), Shashia (20 ans, Anvers), Jeannine (64 ans, Villers-la-ville), Femke (38 ans, Lanaken), Malika (41 ans, Asquillies), … Reconnaître ces crimes pour ce qu’ils sont : des féminicides. Reconnaître pour rendre hommage, à toutes ces femmes assassinées et, à travers elles, aux milliers d’autres qui survivent tous les jours aux violences machistes, le plus souvent commises par un homme de leur entourage. Reconnaître pour résister, solidaires, parce que nous nous voulons vivantes!
Harcèlement sexiste, viols, féminicides, les médias n’ont pas tardé à relayer ce qui a été présenté comme un phénomène de société. La Belgique semblait découvrir enfin l’ampleur des violences machistes que toutes les femmes connaissent trop souvent, sous une forme ou l’autre, tout au long de leur vie. Un nouveau vent est en train de souffler.
Nous voulons du changement
En 2018, si les discours sont presque unanimes pour condamner les violences faites aux femmes, les actes ne suivent pas encore.
La lutte contre toutes les formes de violences machistes est une responsabilité collective, qui ne doit pas reposer que sur les épaules des femmes. Il est temps que les hommes et les pouvoirs publics prennent la mesure de leurs rôles dans ces violences et agissent en conséquence pour, eux aussi, contribuer activement à y mettre fin.
Les politiques d’austérité, le racisme et le sexisme continuent à faire reculer les droits fondamentaux de la majorité de la population. Il est temps de renverser radicalement la vapeur si on veut réellement se donner les moyens de garantir l’autonomie et la sécurité de toutes les femmes avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, quelle que soit leur origine, leur âge ou leur orientation sexuelle.
Il y a plus de deux ans, la Belgique a ratifié la Convention d’Istanbul(2)Convention du conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, autrement appelée « Convention d’Istanbul ». www.coe.int/fr/web/istanbul-convention/about-the-convention, s’engageant ainsi à mettre en œuvre, à travers une politique intégrée contre toutes les formes de violences faites aux femmes, des démarches concrètes en matière de prévention, protection des victimes et poursuite des auteurs. Dans le cadre de l’OIT, les représentant.e.s des travailleurs.euses et le Gouvernement belge participent à l’élaboration d’une Convention pour mettre fin à la violence et au harcèlement dans le monde du travail : ce travail doit se poursuivre en 2019(3)Boîte à outils de campagne : Stop à la violence et au harcèlement dans le monde du travail https://www.ituc-csi.org/boite-a-outils-de-campagne-stop-a?lang=en. Mais les pratiques n’ont pas encore évolué de manière satisfaisante sur de nombreux points comme en atteste le rapport alternatif sur la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul élaboré par les associations et services de terrain(4)Les conclusions de ce rapport seront rendues publiques en octobre-novembre 2018..
Serrons-nous les coudes
Ces dernières années, en Argentine, en Tunisie, en Corée, dans l’Etat espagnol, en Irlande, au Maroc, en Inde, … partout dans le monde, les mouvements féministes montent au créneau pour battre en brèche les violences machistes sous toutes leurs formes. En nous inspirant de la dynamique féministe internationale et dans une même démarche solidaire, nous appelons à une nouvelle mobilisation nationale en 2018 en Belgique.
Le 25 novembre 2017, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, plus de 3.000 personnes manifestaient dans les rues de Bruxelles pour réclamer un engagement plus ferme, massif et conséquent des pouvoirs publics dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Mais, bien sûr, parce que la route est longue, cette mobilisation en appelait d’autres.
Les lignes commencent à bouger pour enfin obtenir des avancées concrètes et significatives !
En avant !
Les organisations qui souhaitent soutenir cet appel en s’engageant concrètement dans sa diffusion, dans la mobilisation et/ou dans l’organisation de la manifestation du 25 novembre peuvent se signaler à mirabal.belgium@gmail.com
Les citoyen-ne-s qui souhaitent se mobiliser peuvent également signer la pétition en ligne.
Notes