Plus de sept ans après le début du soulèvement populaire syrien, qui s’est progressivement transformé en une guerre meurtrière à caractère international, la situation dans le pays est catastrophique à tous les niveaux.
Les classes populaires sont les plus touchées. À la fin de l’année 2017, quelque 13,1 millions de personnes en Syrie avaient besoin d’aide humanitaire, tandis que plus de 80 % de la population vit en -dessous du seuil de pauvreté.
Au cours des quatre premiers mois de l’année 2018, plus de 920 000 personnes ont été déplacées de force en Syrie, un chiffre record depuis le début du conflit. Pour rappel, plus de la moitié de la population du pays a été déplacée en raison de la guerre, en grande majorité à cause des attaques du régime Assad et de ses alliés. Le tout sans oublier les réfugiéEs syriens dans les pays voisins, dont la vie est caractérisée par la pauvreté, -l’exploitation et les discriminations.
Une région déjà meurtrie
Après la reconquête de la province de Dar’a au début de l’été, la province d’Idlib est désormais dans le viseur du régime Assad qui, fort du soutien aérien crucial de son allié russe et de l’assistance militaire de la République islamique d’Iran et des milices chiites qui lui sont liées, a accumulé les victoires et repris plus de 60 % du pays.
La province d’Idlib, qui abrite actuellement entre 2,5 et 3 millions de personnes, dont 1,5 million de déplacéEs, est contrôlée majoritairement par la coalition jihadiste Hayat Tahrir Sham (HTS), qui a imposé ses propres institutions autoritaires et réprimé violemment des réseaux activistes et des organisations de la société civile.
La région d’Idlib a subi depuis de nombreuses années des bombardements meurtriers des forces aériennes russes et du régime, alors qu’elle faisait partie d’une « zone de désescalade » conclue entre la Russie, l’Iran et la Turquie en septembre 2017. Idlib a notamment subi 38 attaques contre ses infrastructures médicales durant les six premiers mois de 2018.
La région a également souffert de violents affrontements entre le HTS et des groupes armés rivaux, y compris la coalition salafiste Jabhat Tahrir Suria (dont les éléments principaux sont Ahrar al-Sham et Nureddin al-Zinki), provoquant le rejet et l’hostilité des populations locales contre ces forces réactionnaires. Ces groupes ont également commis d’importantes violations de droits humains contre les -populations locales.
Inquiétude des ONG
Malgré ces conditions, des actions de résistance civile se sont régulièrement poursuivies contre l’autoritarisme de HTS, dans lequel les femmes ont joué un rôle important, et en opposition au régime Assad.
Les forces armées turques ont établi une présence significative dans la province d’Idlib, avec 12 postes d’observation militaire. Erdogan a demandé à plusieurs reprises à son homologue russe d’empêcher une intervention militaire de l’armée syrienne à Idlib. Cela semble néanmoins resté vain, à mesure que le régime Assad multiple les menaces sur cette région et amasse ses troupes en sa direction. Damas a d’ailleurs déjà repris des villages à la périphérie sud-est d’Idlib, à la faveur d’une opération menée fin 2017. En même temps, la Russie a consolidé sa présence militaire au large de la Syrie, disposant désormais du plus gros contingent naval depuis le début du conflit. Moscou a également déclaré que le gouvernement syrien avait parfaitement le droit de chasser les « terroristes » d’Idlib et que des pourparlers sur la création de couloirs humanitaires étaient en cours.
Les organisations humanitaires et les ONG s’inquiètent d’une offensive militaire du régime Assad contre Idlib, qui pourrait faire jusqu’à 800 000 déplacéEs parmi les civilEs, qui vivent déjà dans des conditions précaires. Deux millions d’habitantEs dépendent de l’aide vitale livrée depuis la Turquie, et les combats pourraient provoquer un exode massif.
Continuer à s’opposer à Assad et ses crimes
Tout en affirmant leur opposition à la coalition jihadiste du HTS et d’autres groupes armés réactionnaires à Idlib, les progressistes doivent s’opposer aux bombardements et aux menaces d’offensive militaire du régime et de ses alliés étrangers contre Idlib, où des millions de civils résident ou ont trouvé refuge.
Un chèque en blanc donné au régime Assad et à ses crimes serait un nouvel abandon des classes populaires syriennes et de leur résistance héroïque, ce qui augmenterait inévitablement le sentiment d’impunité de tous les États autoritaires et despotiques de la région, et les encouragerait à écraser leurs populations si elles devaient se révolter.
Publié sur le site du NPA.