Ci-dessous, le texte du tract qui sera distribué par la Gauche anticapitaliste à l’occasion de la grève du 29 mars.
Ce lundi 29 mars, le front commun syndical FGTB-CSC appelle à une journée d’actions et de grèves dans tout le pays. La Gauche anticapitaliste soutient cet appel et appelle toutes les personnes qui le peuvent à se mettre en grève et à participer aux actions. Cette grève est un pas vers l’indispensable rapport de force face aux dirigeants et aux crises du capitalisme.
La gifle de trop : la voracité patronale dans la négociation de l’AIP
Cette journée de lutte s’inscrit dans la suite des actions de février après l’impasse totale des négociations de l’accord interprofessionnel (AIP), qui détermine notamment la marge de négociation des salaires pour 2021-2022 (secteur privé et entreprises publiques autonomes comme la SNCB), mais aussi les conditions d’accès aux régimes de travail de fin de carrière (qui concerne aussi le secteur non-marchand). La bataille autour de l’AIP, après des mois de passivité, a un impact sur l’ensemble des rapports entre les classes. Jamais rassasiées, les principales fédérations patronales veulent limiter les hausses de salaire sur les deux prochaines années à une marge maximale de 0,4%. Soit 6,6€ brut par mois pour un salaire minimum. Des miettes !
Le prétexte invoqué est tout trouvé : « c’est la crise, braves gens ! » Pourtant, de l’argent il y en a : 17 des 20 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Bruxelles ont distribué des dividendes en 2020 pour un total de … 5 milliards d’€ ! Le salaire annuel des patrons du BEL 20 a augmenté de 50% entre 2014 et 2019. Du côté de notre classe sociale, la classe travailleuse, le salaire minimum n’a plus été augmenté depuis 2008 (hors index) et le salaire minimum réel (en prenant en compte la hausse des prix) a baissé depuis 1996 ! La part des salaires dans la richesse produite chaque année en Belgique, a diminué quant à elle de 7% ! Des centaines de milliards d’euros qui nous ont été volés pour aller enrichir les détenteurs du capital.
Vivaldi complice
Le patronat, cynique, bloque les 700 millions d’euros de l’enveloppe « bien-être », qui sert à augmenter les allocations sociales (chômage, pensions, maladie, etc.) tant que les syndicats ne capitulent pas sur les salaires. Le gouvernement Vivaldi, avec le PS et Ecolo, reste au balcon et refuse de changer la fameuse « loi de 1996 sur la compétitivité », durcie par le gouvernement Michel, qui installe les patrons dans un fauteuil, corsète les salaires et empêche les syndicats de négocier librement. Ce sont les experts de l’Etat, du Conseil central de l’économie, qui sont venus avec ce chiffre misérable de 0,4%. Le PS prépare d’autres mauvais coups avec de nouveaux reculs sur le droit à la pension. Une nouvelle preuve que le mouvement syndical doit tracer sa propre voie indépendamment des partis néolibéraux, si nous voulons obtenir des victoires significatives.
Vie démocratique étouffée, patrons chouchoutés
La crise provoquée par la pandémie fait la démonstration magistrale que ce sont les travailleu.r.se.s qui font tourner cette société, en particulier les femmes, les personnes précaires et les boulots dévalorisés. Ce sont les mêmes qui ont les plus bas salaires et s’exposent au virus, les mêmes qui ont un besoin vital d’une hausse drastique du salaire minimum. La grève, c’est notre moyen de décider quand la machine ou le service s’arrête et de reprendre le pouvoir face à l’arbitraire patronal. Celle-ci se produit en pleine troisième vague de l’épidémie. La lutte sociale est essentielle face aux attaques contre nos libertés démocratiques. C’est notre responsabilité en tant que classe d’exprimer notre colère et notre force collective et de ne pas laisser le désarroi individualiste l’emporter.
Pendant qu’on nous empêche de manifester à l’extérieur, les chiffres du SPF Economie montrent que 35% des patrons sont en infraction par rapport aux mesures de prévention Covid et à peine une entreprise sur 20 est sanctionnée ! Près d’une sur cinq est en infraction sur le télétravail, avec une chance sur 100 d’être sanctionné ! 40% des foyers de contamination sont constatés sur les lieux de travail. Pendant que l’Etat tire gentiment les oreilles de patrons qui jouent avec la vie des travailleu.r.se.s, il sort par contre l’artillerie lourde contre ces derniers avec des dizaines de milliers de PV et d’amendes. Et après plus d’un an, il n’y a toujours pas de maintien de salaire en cas de quarantaine ni d’accès gratuit au matériel de protection … Mais la FEB réclame un énième « plan de soutien global ». On sait ce que ça a donné en 2020 : Combien d’employeurs ont usé et parfois même abusé du chômage temporaire alors qu’ils étaient parfaitement en mesure de maintenir le paiement des salaires ? Et puis 1500 € d’impôts supplémentaires payés par les chômeu.r.se.s corona en 2021 !
Des victoires sont possibles : les travailleu.r.se.s d’Allemagne viennent d’arracher une hausse de 12% du salaire minimum. Pour gagner, nous avons besoin de multiplier les assemblées démocratiques de travailleu.r.se.s, en respectant les mesures de protection de base. Pour gagner et changer de cap, nous aurons besoin de lutter ensemble, avec d’autres journées de grève, plus fortes, plus larges, avec la participation des travailleu.r.se.s du public et du privé, du Nord et du Sud, femmes et hommes, avec ou sans-emploi, avec ou sans-papiers, solidaires des secteurs sacrifiés. La précaution, la prévention, le « prendre soin », contraires aux lois du capital et à la politique des libéraux, doivent accompagner notre contestation. Nous voulons une nouvelle normalité, dans laquelle la vie devient le cœur de la politique, dans laquelle la santé et la protection sociale sont garanties et forment la base d’une société juste, solidaire et humaine.
Face au mépris du patronat et à la complicité du gouvernement, exigeons, nous, travailleuses et travailleurs, organisé.e.s en front commun :
- La hausse du salaire minimum à 14€ de l’heure.
- La suppression de la loi de 1996 et le retour à une réelle liberté de négociation collective des augmentations de salaire.
- Le maintien du salaire à 100% en cas de quarantaine ou de garde d’enfants.
- La hausse de toutes les allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté et l’abolition du tax shift.
- L’abolition de toutes les mesures régressives sur les pensions et prépensions, et une pension minimum à 1500€ nets par mois.
- Le refinancement des services publics, garanti par un impôt de crise de 10% sur les grandes fortunes.
- La régularisation de toutes les personnes sans-papiers contre les patrons exploiteurs et pour les protéger contre le virus.
- Pour sauver/partager les emplois : la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, financée par un impôt sur les bénéfices des grandes entreprises.
- Le droit de quitter le travail, avec maintien du salaire en cas de danger grave et imminent pour la santé : pas de travail sans protection gratuite.
- Les vaccins doivent devenir un bien public, librement accessible à tou.te.s : tests, traçage et vaccin maintenant !
- Des indemnités compensatoires et le droit à la déconnexion en cas de télétravail.
La Gauche anticapitaliste est une organisation qui lutte pour une alternative écosocialiste, féministe, antiraciste et radicalement démocratique. Si tu souhaites participer à la construction de ce projet, rejoins-nous !