Le 19 mai 1989, la loi martiale est proclamée en Chine et des unités militaires (plusieurs corps d’armée) sont massées à Pékin. Elles vont entrer en action le 4 juin, pas seulement sur la place Tien An Men mais dans tous les endroits de la ville où se manifeste une solidarité avec celles et ceux qui sont sur la place. Ces dernierEs sont essentiellement des étudiantEs alors que celles et ceux qui essaient de s’opposer dans divers quartiers de Pékin à la progression des militaires appartiennent à toutes les catégories de la population, avec notamment des ouvriers. La répression fera de nombreux morts, sans doute des milliers.

Depuis la fin des années 1970, la Chine est de fait dirigée par Deng Xiaoping, qui a placé ses fidèles à la tête du PCC et de l’État. Deng a notamment convaincu le PCC de moderniser le pays en lançant les « Quatre modernisations » (industrie, agriculture, sciences et technologies et défense nationale) et en ouvrant le pays aux investissements étrangers. En 1978, Wei Jingsheng avait écrit sur une affiche murale (dazibao) apposée à Pékin une « Cinquième modernisation » : plus de liberté et de démocratie. Cela lui avait valu une condamnation à 15 ans de prison. À la fin des années 1980, parmi les intellectuels, grandit à nouveau la revendication pour la « Cinquième modernisation » tandis que les ouvrierEs s’inquiètent de l’inflation et de la montée du chômage.

Des manifestations étudiantes ont lieu en 1986-1987. La direction du PCC est divisée. Deng, en difficulté du fait de l’offensive des conservateurs qui lui reprochent d’avoir ouvert la voie à l’agitation, fait limoger le secrétaire général du parti, Hu Yaobang. D’autant plus facilement qu’il ne tient pas à ce que les réformes économiques débouchent sur le terrain politique. Le 15 avril 1987, Hu Yaobang décède d’une crise cardiaque. Dans la nuit du 21 au 22 avril, veille des funérailles officielles, des dizaines de milliers d’étudiantEs se dirigent pour lui rendre hommage vers la place Tien An Men, où ils et elles s’installent avant qu’elle ne soit bouclée par la police. C’est le début de l’occupation de la place. Des manifestations vont avoir lieu dans de nombreuses villes de province. Les étudiantEs vont donner le ton au mouvement, en tout cas sur Tien An Men, mais ils et elles bénéficient du soutien tant d’enseignantEs que d’employéEs ou d’ouvrierEs. 
Après la répression, les « Quatre modernisations » vont pouvoir aller résolument de l’avant tandis que la Cinquième sera, avec les droits sociaux, jetée au rancart. Le « miracle économique » n’a mené ni à la liberté politique ni à l’avènement d’une société ouverte ; au contraire, il a prodigieusement renforcé le contrôle et le pouvoir de répression du PCC. L’écrasement des résistances sociales et démocratiques a dégagé la voie à la transition capitaliste.

Pour un récit plus complet et plus exact de ces évènements, lire « L’occupation de la place Tiananmen à Pékin et la répression du « Mouvement du 4 juin » 1989 en Chine » par Pierre Rousset.