Nous reproduisons ci-dessous l’éditorial de La Gauche (n°5) publié le 28 janvier 1961.

Pendant trente-deux jours, les travailleurs de ce pays se sont battus avec un élan, une ardeur et une persévérance sans pareils dans l’histoire sociale de la Belgique (…). Cette bataille n’a pas été vaine (…). Sous la pression de la grève, déconcession en concession, M. Eyskens a dû vider la « loi unique » d’une partie de sa substance anti-ouvrière. Seul le chapitre fiscal – détestable, puisqu’il augmente les impôts indirects – sera sans doute appliqué. Puis surviendra la dissolution des Chambres et M. Eyskens ne succèdera plus à M. Eyskens. A quelques semaines d’intervalles, les dizaines de milliers de manifestants qui ont crié « Eyskens démission » ou « Eyskens buiten » auront obtenu satisfaction. 

Mais dans un combat d’une telle envergure, les travailleurs de chez nous ne se sont pas seulement battus CONTRE « une loi de malheur » mais encore POUR une solution de rechange. En Wallonie surtout, ils ont pris conscience, dans les couches les plus larges, de la nécessité d’assainir l’économie au moyen de solutions socialistes. Celles-ci s’appellent REFORMES DE STRUCTURE. Elles signifient:

  • planification de l’économie, avec large création d’entreprises nouvelles publiques pour assurer le plein emploi et l’avenir de tout le pays, pour sauver la Wallonie de la désindustrialisation et la Flandre de la sous-industrialisation ;
  • nationalisation de l’énergie ;
  • contrôle des holdings, pour libérer la nation des contraintes de la haute finance ;
  • gratuité des soins médicaux et des produits pharmaceutiques ;
  • réforme fiscale qui détaxe les petits, met au pas les fraudeurs du fisc, et accroît l’imposition des gros revenus, de la fortune acquise et des grands héritages.

Les grandes grèves de 60-61 constituent la première phase de la lutte pour des solutions socialistes, pour les réformes de structure. Cette lutte se poursuivra sous toutes ses formes, politiques et syndicales, électorales et directes, parlementaires et extra-parlementaires.

Pour rester digne des grévistes de 60-61, pour que leurs sacrifices n’aient pas été vains, le PSB(1)Parti socialiste belge et l’Action commune doivent faire le serment de poursuivre la lutte sans relâche jusqu’à ce que les réformes de structure, toutes les réformes de structure, soient arrachées!

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