Les 10 et 11 mai derniers, en Argentine, se sont déroulées les sixièmes Rencontres écosocialistes internationales. Elles avaient lieu pour la première fois ailleurs qu’en Europe, une décennie après la première édition en Suisse, à Genève, en 2014. Les 7e Rencontres écosocialistes internationales auront lieu en Belgique en 2026, à l’initiative de la Gauche anticapitaliste.

Le projet de la dernière édition a commencé il y a plus d’un an, lorsque ATTAC et Poder Popular ont été contactés afin de savoir s’il était possible de les organiser. Après des mois de débats traversés par la dure réalité argentine, avec la campagne électorale, nous avons dû suspendre l’évènement prévu initialement en 2023, mais nous avons continué le travail et nous nous sommes fixé des objectifs politiques.

Les réunions suivantes du groupe de travail, où étaient présent·es des camarades du Brésil, du Chili, du Pays basque et du Portugal, ont été renforcées par une série de réunions internationales, où nous avons été rejoint·es par l’organisation locale Marabunta (Argentine). Après la période électorale et la victoire de Javier Milei, nous avons décidé de continuer la préparation des rencontres pour le mois de mai. Elle fut validée immédiatement après la victoire du candidat libertarien, au vu de son programme d’ajustement structurel du capitalisme contre la classe travailleuse, car la solidarité internationale est vitale pour déjouer ses plans.

Quelques objectifs des Rencontres

Le mouvement pour le climat dans notre pays est ample et divers. Les luttes contre l’extractivisme, contre les OGM et l’utilisation de pesticides en font l’un des secteurs les plus dynamiques, et qui touche énormément les plus jeunes générations. Cependant, la perspective écosocialiste n’est pas encore suffisamment entendue. Nous voyons donc les Rencontres comme une plateforme visant à réunir l’ensemble des militant·es qui s’inscrivent dans cette perspective.

L’objectif était de donner une continuité politique et militante, de consolider les débats, homogénéiser et tracer de véritables perspectives programmatiques et stratégiques, à la hauteur du défi que représente la crise climatique, résultat direct du système productiviste capitaliste.

Finalement, l’organisation de la COP30 à Belem [au Brésil] en 2025 imposait un nouveau débat sur les rapports avec cet évènement, ainsi qu’au contre-sommet en préparation.

Le déroulement des Rencontres

Après près d’un an de travail, les 10 et 11 mai, plus de 200 personnes se sont réunies dans l’Auditorium central de l’Association des travailleur⸱euses de l’État et les deux auditoriums de l’hôtel Quagliaro, qui lui appartient également. Le 9 mai, des activités étaient prévues, mais elles ont été suspendues en raison de la nécessaire grève générale convoquée ce jour-là par tou·tes les travailleur⸱euses argentin·es, dans le contexte des attaques de grande ampleur mises en œuvre par le gouvernement de Javier Milei.

Au cours des deux journées suivantes, différents thèmes de l’agenda écosocialiste ont été abordés, en commençant par l’histoire des Rencontres elles-mêmes, sachant que chaque lutte doit avoir une mémoire pour ne pas avoir à repartir de zéro. Les problèmes de l’écomarxisme, la spoliation des territoires, la dette et le commerce, avec un point de vue écosocialiste, la montée du militarisme et de l’extrême droite et la répression ont été quelques-uns des thèmes de la première journée, qui s’est clôturée par un panel représentant les grandes luttes environnementales qui ont eu lieu en Argentine au cours des dernières décennies.

Le samedi 11 a commencé par une intervention de Michael Löwy sur le débat entre le centre et la périphérie, suivie d’un débat approfondi sur ce qu’il faut faire face à la COP30. La souveraineté alimentaire, l’écoféminisme, l’énergie et les classes sociales ont animé l’après-midi.

Le dernier panel a traité de l’état actuel du mouvement écosocialiste et de ses perspectives d’avenir, avec une intervention vidéo de l’une des figures du mouvement écosocialiste, Daniel Tanuro.

La Rencontre a été couronnée par la promesse d’une triple continuité : la participation au contre-sommet de Belem, en y organisant la Deuxième rencontre écosocialiste d’Amérique latine et des Caraïbes ; l’organisation des 7e Rencontres écosocialistes internationales en Belgique, autour de la Gauche anticapitaliste. Et la poursuite du débat programmatique et stratégique au sein d’un réseau international qui tiendra sa première réunion dans les prochaines semaines.

Quelques conclusions

Les 6e Rencontres ont été un succès. Avec la participation de plus de 40 organisations et de plus de 15 pays, ainsi que d’une grande partie des provinces argentines, le mouvement écosocialiste dispose d’une base solide pour mieux intervenir dans le mouvement environnemental. Le défi consiste maintenant à donner une continuité à ses propres instances permanentes de réflexion et de construction, ainsi qu’à intervenir de manière unie dans la lutte contre les négationnistes d’extrême droite de la crise climatique et à être toujours vigilants pour ne pas tomber dans les fausses solutions du capitalisme vert. Aujourd’hui, nous sommes plus proches d’une alternative écosocialiste systémique qui permettra à la classe ouvrière de jouir d’un environnement sain, d’un temps de travail réduit et de plus de temps pour la jouissance collective. Il est temps de passer à l’offensive et d’articuler un programme systémique contre la barbarie climatique et sociale du capitalisme.

Le 20 mai 2024

Germán Bernasconi est membre de Poder Popular en Argentine. Traduit par Félix B pour le site Fourth.international

Photo : sixièmes Rencontres écosocialistes internationales, 2024.

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