La dérive autoritaire du madurisme ne date pas des dernières élections présidentielles du 28 juillet 2024. Quand Maduro a perdu les élections législatives de 2015, il a suspendu l’Assemblée nationale et, par cette décision, il a montré qu’il refusait de perdre le pouvoir, quelle que soit la volonté populaire.

Dès cette date, tous les moyens ont été bons : de l’invalidation de candidatEs au remplacement par décision de « justice » de directions élues de partis d’opposition. AucunE candidatE de gauche n’a été autorisé à se présenter lors des élections du 28 juillet 2024. Et quand l’opposition de droite a pu présenter in extremis un candidat, Maduro a compris qu’il risquait de perdre. D’où le refus de publier les procès-verbaux des bureaux de vote, bien que cela soit prévu par la loi. Depuis le 28 juillet au soir, des manifestations ont eu lieu, en particulier dans les quartiers populaires. La répression a été féroce avec des milliers d’arrestations, mais aussi des licenciements de travailleurEs qui ont exprimé leur soutien à l’opposition, comme dans l’emblématique compagnie pétrolière, PDVSA.

La crise comme résultat de l’évolution du régime

Entre 2015 et maintenant, le gouvernement a effectué un double mouvement. D’abord en accentuant la répression avec l’adoption de deux lois : celle sur la « lutte contre la haine » de 2017 suffisamment floue pour que les accuséEs risquent 20 ans de prison, puis celle « contre le fascisme » votée en 2024, dont la vice-présidente a dit qu’elle visait les mobilisations des dernières années. Ensuite, sur le plan économique, la libéralisation des investissements est d’une telle ampleur qu’elle touche tous les secteurs, y compris nationalisés. Une nouveauté a été introduite avec la loi anti-blocus de 2020 : le secret complet sur les conditions de vente du secteur public. Cette politique économique combinée au blocus impérialiste étatsunien a mené à la misère : salaires les plus bas du continent (avec Haïti), exil de plus 7 millions de personnes, missions sociales exsangues, droits sociaux ­violés, etc.

Ni Maduro ni l’extrême droite pro-impérialiste

Condamner Maduro, ce n’est pas absoudre l’opposition de droite et d’extrême droite. Corrompue, celle-ci a organisé un coup d’État en 2002 pour conserver ses privilèges, dont le contrôle de la rente pétrolière. Puis ce fut la tentative pitoyable des mercenaires putschistes emmenés par Guaido, le soi-disant « président » reconnu par les USA et l’Union européenne. Cette droite réactionnaire et ultralibérale est soutenue par Washington, qui impose des sanctions criminelles au pays et a des liens avec Javier Milei, le président argentin. Mais contrairement à ce que la presse occidentale et les pro-Maduro font croire, l’opposition ne se limite pas à ces secteurs. La quasi-totalité de la gauche non chaviste est en résistance, notamment les communistes (PCV). Afin de construire un pôle de gauche indépendant, le Fredepo (Front démocratique populaire) s’est constitué comme regroupement d’organisations sociales et politiques afin de défendre des revendications démocratiques et sociales immédiates, tout en refusant les manœuvres des grandes puissances.

Plus que jamais, nous appelons à construire une solidarité internationaliste avec le peuple ­vénézuélien(1)https://npa-lanticapitaliste.org/communique/venezuela-contre-lautoritarisme-les-imperialismes-et-lextreme-droite-solidarite.

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Article initialement publié sur l’Anticapitaliste, le 7 setpembre 2024.

Image : Maduro, 2017 (wikimedia commons)

Notes[+]